Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

La Fin de Pardaillan

Titel: La Fin de Pardaillan
Autoren: Michel Zévaco
Vom Netzwerk:
qui fait un effort de mémoire pour se souvenir d’une chose ancienne, depuis longtemps oubliée. Et il n’y parvenait pas sans doute, car il continuait à avancer : silencieux et rêveur à côté de son père.
    Les Pardaillan s’éloignèrent. La Gorelle, renonçant à satisfaire sa curiosité, tourna résolument le dos à la rue Saint-Honoré, se coula vivement dans la rue des Deux-Ecus et disparut avec cette rapidité particulière à ceux à qui la peur semble attacher des ailes aux talons. Les Pardaillan revinrent dans la rue Saint-Honoré. Ils tombèrent en plein sur cette troupe dont nous avons signalé la présence rue du Coq et qui conduisait un condamné, lequel, s’il faut en croire La Gorelle, n’était autre que ce Landry Coquenard dont elle venait de parler à la duchesse de Sorrientès, laquelle, pour des raisons à elle – que nous ne tarderons pas à connaître sans doute – ne voulait pas qu’il fût pendu.
    L’encombrement était énorme à cet endroit, car la foule s’était immobilisée pour voir passer le cortège. Nous devons même ajouter que, parmi cette foule, il régnait une certaine effervescence. A grand renfort de coups de coude, les Pardaillan se frayèrent un passage et s’éloignèrent de ce gros rassemblement. Quand ils se trouvèrent hors de la cohue, Jehan s’arrêta tout à coup et, sortant de sa rêverie :
    – C’est curieux, dit-il, cette femme… comment donc la jolie Muguette l’a-t-elle appelée déjà ?…
    – La Gorelle, rappela Pardaillan, qui avait toujours son extraordinaire mémoire.
    – La Gorelle ! c’est cela !… Eh bien, il me semble que je l’ai déjà vue je ne sais où et quand. J’ai beau chercher, je n’arrive pas à me souvenir.
    q

Chapitre 4 LA MARCHE A LA POTENCE
    I l est temps de nous occuper de cette troupe dont la présence dans la rue Saint-Honoré causait une si forte émotion parmi le populaire.
    Cette troupe, elle était entièrement composée de gens appartenant à Concino Concini, maréchal et marquis d’Ancre. Concino Concini, qui conduisait ses gens en personne, les couvrait de son autorité, les excitait…
    Cet homme était la représentation vivante de la puissance sans limite, de l’orgueil sans frein, de la cupidité insatiable, du luxe infernal. Suivant l’expression de La Gorelle qui, à n’en pas douter, n’avait été qu’un écho, « il était, autant dire, le roi de ce pays ». Ce pays, c’était le royaume de France, le plus beau de la chrétienté. Et il était tout cela de par la volonté d’une femme qu’une passion insensée courbait sous son despotique empire. Il était tout cela parce qu’il était l’amant de Marie de Médicis : la reine régente. Et parce qu’il était « autant dire roi », Concini avait cru pouvoir permettre à ses gens de s’amuser. Ses gens, ici, c’était ceux que l’on appelait les « ordinaires » de M. le marquis d’Ancre, et qu’il appelait, lui, dédaigneusement, ses
coglioni di mille franchi.
    Voici en quoi consistait ce jeu :
    Deux ordinaires, chefs dizainiers [2] , de Roquetaille et de Longval, avaient passé deux nœuds coulants autour du cou d’un pauvre hère. Les deux extrémités des longues cordes passées sur leurs épaules, avec de bruyants éclats de rire, ils le tiraient brutalement comme un veau qu’on traîne à l’abattoir. Ils avaient soin de s’écarter le plus possible, de façon à ce que leur victime demeurât bien visible au milieu de la chaussée, exposée aux railleries de la populace. Car ils ne doutaient pas que la populace se divertirait de ce jeu atroce qui leur paraissait des plus plaisants. Et, imitant la voix glapissante des crieurs jurés, ils criaient :
    – Place !… Place à ce mauvais garçon que nous menons à la potence !…
    Derrière le pauvre hère marchaient une douzaine d’ordinaires parmi lesquels (parce que nous aurons l’occasion de les retrouver) nous citerons : d’Eynaus, de Loucignac, autres chefs dizainiers, de Bazorges, de Pontrailles, de Montreval et de Chalabre, simples ordinaires. Ces messieurs menaient grand tapage, accablaient leur victime de plaisanteries énormes, d’injures aussi truculentes que variées, tout en la surveillant de très près. Et quand elle faisait mine de s’arrêter, avec de grands éclats de rire, ils l’obligeaient à marcher en la piquant impitoyablement dans le dos avec leurs immenses rapières. Derrière ces messieurs, Concini venait s’appuyer
Vom Netzwerk:

Weitere Kostenlose Bücher