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La Fin de Pardaillan

Titel: La Fin de Pardaillan
Autoren: Michel Zévaco
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coquin coupable de tous les crimes. Par l’odieux traitement qu’on lui infligeait, il apparut comme une victime. Il fut sympathique sans qu’on sût qui il était. Pourtant la foule ne se révolta pas. Ce fut d’abord, chez elle, un sentiment d’indicible stupeur qui la paralysa. Un silence de mort plana sur cette chaussée si bruyante l’instant d’avant. Le mouvement ne s’arrêta pas, mais la foule afflua de ce côté. Et elle était si compacte que Roquetaille et Longval tentèrent vainement de tourner à droite – sans doute pour aller à la croix du Trahoir, où se dressaient deux potences toutes neuves. Ils ne se faisaient cependant pas faute de glapir :
    – Place à ce coquin qui va être pendu selon ses mérites.
    La foule demeurait toujours silencieuse. Mais elle ne livrait pas passage. Non pas que l’idée de révolte fût déjà en elle. Simplement parce qu’une stupeur immense la paralysait.
    Brin de Muguet, qui était demeurée au milieu de la chaussée, à l’entrée de la rue du Coq, se trouva tout naturellement placée au premier rang. Ce fut elle qui, la première, retrouva l’usage de la parole.
    – Pauvre homme ! s’écria-t-elle.
    Dans le silence angoissant qui pesait sur cette scène, cette parole de commisération éclata comme un coup de tonnerre. Tout le monde l’entendit. Landry Coquenard comme les autres.
    C’était assurément un brave, ce Landry Coquenard. Malgré la situation effroyable dans laquelle il se trouvait, il n’avait pas perdu la tête. Il fixa sur celle qui venait de parler deux yeux que bouleversait une poignante émotion et il murmura :
    – C’est elle, la fille de Concini, elle qui me plaint !… Ah ! la brave petite !…
    Concini aussi avait entendu…
    Rospignac, son capitaine des ordinaires, avait entendu…
    Et Concini et Rospignac, en même temps, fixèrent un regard chargé d’une passion sauvage sur Brin de Muguet. Et Concini, serrant nerveusement le bras de Rospignac, lui glissa à l’oreille d’une voix ardente :
    – C’est elle, Rospignac !
Per la madonna,
il faut que je la suive… que je lui parle… Et si elle me repousse encore… Tu seras avec moi, Rospignac, tu m’aideras !…
    Cette fois, ce fut sur son maître que Rospignac coula un regard à la dérobée. Et ce regard était chargé d’une expression de haine effrayante. Et Rospignac gronda en lui-même :
    « Oui, compte sur moi, misérable ruffian d’Italie !… Plutôt que de te la livrer, je t’arracherai le cœur avec les ongles !… Je l’aime aussi, moi !… Je la veux !… Et, sang diable, nul que moi ne l’aura !… »
    Cependant, tout haut, avec une indifférence affectée :
    – Je veux bien, moi, monseigneur. Mais votre prisonnier ?… Je croyais que vous aviez des raisons particulières de vous assurer de vos propres yeux qu’une bonne cravate de chanvre l’avait rendu muet à tout jamais.
    Concini grinça des dents en regardant tour à tour Landry Coquenard et Brin de Muguet. Il débattait en lui-même lequel des deux il devait suivre. Brusquement, il se déclara :
    – Bah ! tes hommes feront bien la besogne sans nous. Je veux lui parler.
    Rospignac ne répondit rien. Avec un sourire aigu, il songeait :
    – Si la foule nous laisse passer… Ce qui ne me paraît pas bien sûr. Odet de Valvert avait entendu. Il se trouvait assez loin. Il se mit à jouer des coudes avec une force impétueuse pour se rapprocher de la jeune fille.
    Enfin, la foule aussi avait entendu. Et la foule, loin de s’écarter, comme ne cessaient de le demander Roquetaille et Longval, la foule serra les rangs et se mit à murmurer. Oh ! un murmure très bas, indistinct encore. Mais qui peut jamais dire d’avance jusqu’où ira une foule qui commence à s’exciter elle-même par de légers murmures ?
    Ce Landry Coquenard, qui ne perdait pas la tête, devait être brave, avons-nous dit. C’était de plus un homme d’esprit et de résolution. Concini et ses estafiers, dans leur infatuation, ne se rendaient pas compte des dispositions de la foule. Il s’en rendit très bien compte, lui. Il se mit aussitôt à beugler :
    – A moi !… A l’aide !… Braves gens, laisserez-vous donc assassiner misérablement un bon chrétien qui n’a aucun crime à se reprocher ?…
    Le rusé matois avait eu soin de dire qu’on le voulait assassiner. Il savait fort bien ce qu’il faisait, et il faisait preuve là d’une présence d’esprit vraiment admirable.
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