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La Fin de Pardaillan

Titel: La Fin de Pardaillan
Autoren: Michel Zévaco
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au bras du baron de Rospignac [3] , son homme de confiance, et capitaine de ses quarante ordinaires. Concini, toujours jeune, toujours somptueusement vêtu et d’une élégance suprême, était le seul qui ne riait pas. C’était avec une sombre inquiétude qu’il surveillait son prisonnier, lui. Il ne disait rien, lui, mais quand il ouvrait la bouche, c’était pour ordonner d’une voix brève, impatiente, de hâter la marche. Peut-être regrettait-il déjà d’avoir permis cet abominable jeu.
    Or, Roquetaille et Longval, en tirant par secousses violentes sur les nœuds coulants, menaçaient à chaque instant d’étrangler net l’infortuné Landry Coquenard. Heureusement pour lui, soit oubli, soit raffinement, on lui avait laissé les mains libres. Ses mains se crispaient désespérément sur les cordes, et, avec une force décuplée par l’imminence du péril, s’efforçaient de réduire la tension de ces cordes, d’atténuer la violence de la secousse. Il n’y réussissait pas toujours. Alors, il trébuchait, un râle douloureux fusait de ses lèvres contractées. Et l’hilarité de ses bourreaux redoublait. C’était si drôle les contorsions qu’il faisait quand la pointe acérée des rapières pénétrait dans sa chair ! Si drôles les grimaces de ce pauvre visage contracté par l’angoisse et la douleur, congestionné par la suffocation ! Les misérables brutes s’amusaient comme elles ne s’étaient jamais amusées. Et pour prolonger cet amusement, prolongeaient sans pitié le supplice du malheureux.
    Pourtant, malgré tout, il trouvait moyen de se retourner de temps en temps. Alors il se redressait. Ses yeux sanglants allaient chercher Concini derrière ses coupe-jarrets, et il dardait sur lui un regard, où flamboyait une suprême menace. Et alors Concini pâlissait, frissonnait, se cramponnait au bras de Rospignac et, d’une voix qui grelottait, commandait :
    – Plus vite !… Plus vite !…
    Et la bande obéissait, pressait le pas, riant plus fort, discutant très haut à quelle potence il convenait de se rendre pour y accrocher le coquin. Car leur intention était bel et bien de pendre haut et court l’infortuné Landry Coquenard. Et le malheureux ne se faisait pas la moindre illusion. Il se savait condamné, irrémissiblement perdu. Concini avait donné l’ordre de mort, Concini présidait lui-même à cette affolante marche à la potence. Concini paraissait trop redouter celui qu’il avait condamné pour lui faire grâce.
    Or c’était un jeu terrible qu’ils jouaient là, dans cette voie, une des plus animées du Paris d’alors, où, à cette heure de marché, grouillait tout un monde d’acheteurs et de marchands. C’était une imprudence folle, une imprudence qui pouvait avoir des suites mortelles pour les insensés qui la commettaient. C’était à se demander par suite de quelle inconcevable aberration Concini l’avait permise, cette imprudence. Il connaissait pourtant bien l’état d’esprit des Parisiens exaspérés par sa morgue insolente, ses exactions sans frein, son luxe scandaleux. Il le connaissait même si bien que, pour mater la révolte qui grondait sourdement, il avait multiplié les potences à tous les carrefours, presque à tous les coins de rues. Et ces potences n’étaient pas plantées en si grand nombre uniquement pour intimider le populaire. Elles, servaient, hélas ! Elles servaient même si bien que, malgré leur effrayante multiplication, leur nombre devenait sans cesse insuffisant.
    Ce fut ainsi que le sinistre cortège déboucha rue Saint-Honoré, en pleine foule. Cette foule l’avait vu venir de loin. Mais comme elle ne s’était pas rendu compte de la réalité, elle n’y avait prêté qu’une médiocre attention. Quand il fut là, elle comprit. Nul ne connaissait le condamné. Ce qu’il avait fait, où, quand, comment il s’était laissé prendre, pourquoi on allait le pendre, nul n’en savait rien. Nous devons même dire que nul ne songeait à se le demander. Si Landry Coquenard avait été, suivant les formes ordinaires, encadré par les archers de la prévôté, même suivi par Concini et ses sicaires, la foule blasée par la fréquence journellement renouvelée de ces spectacles, la foule se fut ouverte avec indifférence pour laisser passer.
    Mais, en l’occurrence, il était manifeste qu’on se trouvait en présence d’une insolente bravade, d’une inqualifiable violence. Landry Coquenard pouvait être un affreux
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