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La Fin de Pardaillan

Titel: La Fin de Pardaillan
Autoren: Michel Zévaco
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épouvantée, se le tint pour dit et promit sincèrement :
    – Je ne l’oublierai pas, madame, je vous le jure sur mon salut éternel. Et se hâtant de changer un sujet de conversation qui devenait trop dangereux pour elle, elle ajouta de son air obséquieux :
    – J’espère, madame, que vous êtes convaincue, maintenant, qu’il ne peut y avoir d’erreur. Brin de Muguet est bien la fille de Concini.
    – Oui, je crois maintenant qu’il n’y a pas d’erreur possible, reconnut la dame invisible.
    – C’est bien elle, allez madame. C’est elle qui me fut remise autrefois, alors qu’elle avait quelques jours à peine, par Landry Coquenard, l’ancien homme de confiance du signor Concini.
    La dame ne répondit pas. Elle était convaincue et elle réfléchissait.
    La Gorelle tenait toujours les yeux fixés sur Brin de Muguet demeurée à la même place, au centre du carrefour, et regardant d’un air rêveur du côté où les deux Pardaillan avaient disparu. La vieille s’efforçait de montrer un visage indifférent. Il est certain cependant qu’elle n’avait pas renoncé à son idée de découvrir la retraite de la petite Loïse. La petite Loïse qu’elle disait être la même enfant que Jehan de Pardaillan, son père, cherchait vainement, et que Brin de Muguet avait affirmé être sa propre fille avec une assurance telle, qu’elle avait réussi à convaincre le chevalier de Pardaillan, lequel, pourtant, n’était pas un homme facile à tromper.
    Etait-ce la vieille qui se trompait ?…
    Etait-ce la jeune fille qui avait menti ?
    – Anges du paradis ! s’écria soudain La Gorelle, je ne me trompe pas ! C’est lui !… C’est bien lui !…
    Et agitant le mantelet que la dame avait laissé retomber, avec une émotion joyeuse :
    – Madame, c’est lui !… C’est lui !… De nouveau, le mantelet s’écarta à peine.
    De nouveau, les yeux noirs se montrèrent. Et, avec le même calme souverain, la douce et harmonieuse voix de l’inconnue s’informa :
    – Qui, lui ?
    – Landry Coquenard, madame ! Landry Coquenard en personne ! jubila La Gorelle.
    Et avec une joie frénétique qu’elle ne se donnait pas la peine de dissimuler, elle expliqua avec volubilité :
    – Voyez, madame, ce hère dépenaillé, traîné la corde au tour du cou… C’est lui !… C’est Landry Coquenard !…
    – Mais ce malheureux est conduit au supplice !
    – Cela m’en a tout l’air, exulta l’horrible mégère. Sans doute le mène-t-on à la potence, ici, près, devant Saint-Honoré… Ah ! pauvre Landry Coquenard, devais-tu finir si misérablement !… Et qui m’aurait dit que j’aurais la j… la… la douleur de te voir brancher !… Car, si nous avançons un peu, nous le verr… Eh mais, je ne me trompe pas !… C’est le seigneur Concini lui-même qui le mène… Jésus, de quel regard de sollicitude inquiète il le couve !… Ha ! je devine ce qu’il en est : Landry Coquenard aura eu la fâcheuse idée de se rappeler au souvenir de son ancien maître qui est, autant dire, le roi de ce pays. Oui, bien fâcheuse idée que tu as eue là, pauvre Landry Coquenard, et je t’aurais cru d’esprit plus délié !…
    La dame n’écoutait plus depuis longtemps. La Gorelle s’aperçut que ses yeux noirs ne regardaient plus, que le mantelet était retombé, et elle entendit sa voix qui, au mantelet opposé, appelait doucement :
    – D’Albaran.
    Cet appel s’adressait à la formidable statue équestre dont nous avons signalé la présence de ce côté. Ce cavalier avait le teint bronzé, des yeux noirs superbes, une magnifique barbe noire, admirablement soignée, et des cheveux d’un beau noir de jais : tous les signes visibles de l’Espagnol pur sang qu’il était, en effet. Seulement, à l’encontre de ses compatriotes qui, en général, sont de taille plutôt petite, don Cristobal de Albaran était un véritable géant. A l’appel de son nom, il se courba sur l’encolure de son cheval en murmurant :
    – Señora ?
    – Vois-tu ce condamné, là-bas, au milieu de ces gardes ? demanda la dame inconnue.
    D’Albaran redressa la tête, jeta un coup d’œil sur la rue Saint-Honoré, et, en français, avec une pointe d’accent :
    – Je le vois, madame.
    – Il ne faut pas qu’il soit exécuté, reprit la dame. Il faut le délivrer, le laisser aller, savoir où il gîte, pouvoir le retrouver. Va.
    – Bien, madame, répondit d’Albaran sans s’étonner,
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