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La Fin de Pardaillan

Titel: La Fin de Pardaillan
Autoren: Michel Zévaco
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tous les deux. Même les habits de l’un d’eux étaient quelque peu râpés. Celui-là était un homme qui devait approcher de la soixantaine, qui paraissait solide comme un roc, qui se tenait droit comme un chêne altier. Il avait une façon de porter haut la tête, de regarder droit en face d’un œil clair, singulièrement perçant, que, malgré la modestie – nous dirons presque la pauvreté de son costume –, on devinait tout de suite en lui le grand seigneur habitué à commander. Et, malgré soi, on se sentait pris de respect pour lui. Son compagnon pouvait avoir vingt-cinq ans. C’était
,
rajeunie, la vivante reproduction du vieux. Il n’était pas besoin d’être un grand physionomiste pour comprendre qu’on voyait là le père et le fils.
    Ces deux gentilshommes s’avançaient vers Brin de Muguet qui n’avait garde de les voir, attendu qu’elle leur tournait le dos. En revanche, derrière son pilier, notre amoureux inconnu les vit fort bien. Et, dès qu’il les vit, il rougit comme un écolier pris en faute et masqua précipitamment son visage dans son manteau, en grommelant d’un air contrarié :
    – Mon cousin Jehan de Pardaillan et son père !… Ho ! diable !…
    Les deux Pardaillan – puisque c’étaient eux – passèrent sans le voir. Du moins, il le crut, et respira, soulagé. Seulement, deux pas plus loin, celui qu’il venait d’appeler mon cousin Jehan – et que nous avons présenté autrefois sous le nom de Jehan le Brave – se pencha sur son père et lui glissa en souriant :
    – Mon cousin Odet de Valvert !… Il veille… de loin… sur celle qu’il aime : la jolie Muguette, ici devant nous.
    Le chevalier de Pardaillan posa sur celle qu’on lui désignait ce regard perçant qui n’avait rien perdu de sa vivacité et de sa sûreté, que les ans, au contraire, semblaient avoir rendu plus sûr et plus acéré que jamais. Il sourit doucement. Mais il bougonna en levant les épaules :
    – Que ne l’épouse-t-il, s’il est si féru !
    – Comme vous y allez, monsieur ! se récria Jehan en riant. Tenez pour assuré que le pauvre Valvert n’a même pas encore osé se déclarer. Et puis, avant de se marier, encore faudrait-il qu’il ait trouvé cette fortune qu’il est venu chercher à Paris.
    – C’est vrai qu’il est gueux comme le Job des Saintes Ecritures, mais si c’est ainsi qu’il la cherche, la fortune, il verra la fin de ses quelques écus avant que de la trouver, bougonna Pardaillan.
    Et avec le même sourire, qui avait on ne sait quoi de railleur et d’attendri tout à la fois :
    – Vous verrez que je serai encore obligé de m’en mêler pour le tirer d’affaire, ajouta-t-il.
    A ce moment, les deux Pardaillan étaient presque arrivés à la hauteur des deux femmes. La Gorelle, qui ne les avait pas vus, s’approchait de Brin de Muguet, presque jusqu’à la toucher, et baissant la voix, disait :
    – Ecoute, quand tu m’as quittée, tu as emmené avec toi la petite Loïse…
    Les deux Pardaillan entendirent. Jehan, à ce nom de Loïse tombant à l’improviste, pâlit affreusement. Et serrant le bras de son père, dans un souffle :
    – Loïse !… Pour Dieu, monsieur, écoutons.
    Et tous s’immobilisèrent, tendant l’oreille.
    Brin de Muguet interrompit vivement la vieille :
    – Oui, je l’ai emmenée !… Je l’aimais, moi, cette petite Loïse. Je savais bien que si je vous la laissais, vous la feriez mourir lentement, à petit feu, comme vous me faisiez mourir moi-même. Vous la laisser !… Mais c’eût été un crime abominable !… Je l’ai emmenée, je l’ai sauvée de vos griffes… Qu’avez-vous à dire à cela ?
    – Rien, assurément, gémit La Gorelle, tu as bien fait… Je ne te reproche rien… Mais les temps sont changés… Je ne suis plus la même… C’est la misère, vois-tu, qui me rendait mauvaise… Tu vois bien comme je te parle doucement. Je me suis réjouie sincèrement de te voir en si florissante santé et faisant de si bonnes affaires que c’en est une bénédiction… C’est pour te dire que je me réjouis pareillement de savoir cette enfant heureuse et en bonne santé !
    – Si ce n’est que cela, réjouissez-vous : elle est heureuse et se porte bien.
    – Et où l’as-tu mise, cette chère petite créature du bon Dieu ?
    – Ceci, vous ne le saurez pas, La Gorelle.
    La réponse était péremptoire et le ton très résolu indiquait qu’il était inutile d’insister. La
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