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La Fin de Pardaillan

Titel: La Fin de Pardaillan
Autoren: Michel Zévaco
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moindre réprobation.
    – Volé ! s’indigna la vieille, si on peut dire !… Voilà un bien gros mot pour un malheureux bijou qui ne valait pas cent ducats !… Quoi qu’il en soit, madame, non seulement j’étais chassée, mais encore il me fallait quitter la Toscane si je ne voulais tâter des geôles italiennes. C’est à ce moment que Landry Coquenard, avec lequel j’étais liée, vu que nous étions français tous les deux, me remit la petite que j’emportai avec moi. Allez donc faire des recherches dans ces conditions… surtout quand on n’est pas riche.
    Et avec un soupir de regret intraduisible, elle ajouta :
    – Non, madame, je ne sais malheureusement pas le nom de la mère !… Et c’est bien dommage… car il y avait peut-être une fortune à gagner avec ce secret-là !…
    Elle était sincère, c’était évident. C’est ce que dut se dire la dame invisible, car aussitôt ses yeux cessèrent de la fouiller pour se reporter sur Brin de Muguet qui continuait son gracieux manège, sans se douter qu’on s’occupait ainsi d’elle. Et revenant à la vieille, attentive, elle insista :
    – Tu es bien sûre que c’est elle ?… Tu es bien sûre de ne pas te tromper ?
    – Voyons, madame, je l’ai élevée jusqu’à quatorze ans, moi, cette petite. Il n’y a guère plus de trois ans qu’elle m’a plantée là en me jouant un tour abominable qui… Mais suffit, ceci, ce sont mes petites affaires… Elle n’est pas changée, allez. Elle a un peu grandi, un peu renforci, mais c’est toujours elle, et je l’ai reconnue du premier coup d’œil.
    Et se tournant vers la jeune fille, une lueur mauvaise dans les yeux, les lèvres pincées, la voix sèche, menaçante :
    – Tenez, regardez-la faire… C’est pourtant moi qui lui ai appris son métier, moi qui me suis sacrifiée pour elle… En ramasse-t-elle, de l’argent, en ramasse-t-elle !… En bonne justice, c’est à moi qu’il devrait revenir tout cet argent… et il y en a !… La gueuse ! elle me pille, elle me vole, elle m’assassine ! Je ne sais ce qui me retient d’aller lui mettre la main au collet et de la ramener au logis à grand renfort de bourrades… après lui avoir subtilisé tout cet argent qu’elle entasse dans son sac de crainte d’accident.
    – Eh bien, fit la dame invisible, va. C’est en effet le meilleur moyen de m’assurer qu’il n’y a pas de confusion possible.
    La vieille, avec une grimace de satisfaction hideuse, allait s’élancer.
    – Un instant, commanda la dame, il ne s’agit pas d’aller injurier, maltraiter et dépouiller cette enfant. Sur ta vie, je te défends de t’occuper d’elle qui m’appartient désormais.
    Ceci avait été prononcé sans élever la voix qui avait conservé son inaltérable douceur pénétrante. Mais il y avait un tel accent d’indicible autorité dans cette voix, ces beaux yeux sombres, d’une si angoissante douceur, eurent soudain une telle fulguration, que la vieille sentit le frisson de la petite mort lui secouer l’échine. Et se courbant presque jusqu’à l’agenouillement, elle grelotta :
    – J’obéirai, madame, j’obéirai.
    – Au reste, reprit la dame, tu ne perdras rien. Je t’achète les prétendus droits sur cette enfant. Et je te payerai au centuple ce qu’elle aurait jamais pu te rapporter. Va, maintenant, va, et sois douce… si tu peux.
    La vieille se courba de nouveau, avec, cette fois, une grimace de jubilation intense au lieu de sa précédente grimace de terreur. Et tandis qu’elle se coulait vers la rue Saint-Honoré, rasant les maisons en une démarche oblique qui la faisait ressembler à quelque larve monstrueuse, une flamme de cupidité dans ses yeux fuyants, elle songeait à part elle :
    « Ma fortune est faite !… C’est une vraie bénédiction pour moi d’avoir rencontré cette illustre dame si riche et si généreuse !… »
    Cependant, il faut croire que la cupidité était insatiable chez elle ; car, aussitôt après s’être réjouie ; elle se lamentait avec un regret amer :
    « Si seulement je pouvais faire dire à cette petite peste de Muguette – puisque c’est ainsi qu’on l’appelle maintenant – si je pouvais lui faire dire ce qu’elle a fait de la petite Loïse qu’elle m’a volée quand elle s’est sauvée de chez moi, c’est cela qui ferait tomber dans ma bourse une appréciable quantité d’écus de plus. Et ce n’est pas à dédaigner. Elle ne sait pas, elle, mais
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