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La couronne de feu

La couronne de feu

Titel: La couronne de feu
Autoren: Michel Peyramaure
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tribune des juges et lança à Pierre Cauchon :
    – Quand vas-tu en finir, l’évêque, avec tes sermons ? Tu vas nous faire manquer notre dîner !
    On ne tarda pas à lui donner satisfaction.
    Le bailli de Rouen ordonna aux archers de conduire Jeanne au bûcher et de la confier au bourreau. Ils s’exécutèrent avec précipitation, si bien que Jeanne trébucha et qu’ils faillirent la traîner par les aisselles. Elle se tourna vers la foule en criant :
    – Rouen, mauvaise ville ! Tu ne tarderas pas regretter de m’avoir laissée mourir !
    Pudiquement, ainsi que le leur commandait la règle, les juges et les assesseurs se retirèrent tandis que le bourreau et ses aides aidaient Jeanne à escalader l’échelle menant à l’estaque. La plupart ne pouvaient retenir leurs larmes. Le cardinal de Winchester resta un moment seul à sa place, les mains sur son visage. On entendit un prélat dire d’une voix mouillée :
    – Je souhaite qu’à ma mort mon âme rejoigne celle de cette fille.
    Il fallut soutenir Pierre Maurice qui, venant de défaillir, s’accrochait à la rampe de la tribune. La plupart avaient rabattu leur capuchon pour cacher leurs larmes. Les frères Ladvenu et Isambard suivirent Massieu jusqu’au bas du bûcher où le bourreau était occupé à lier les mains de Jeanne dans son dos. Elle demandait qu’on lui apportât une croix. Un jeune officier anglais compatissant en confectionna une avec deux branchettes arrachées aux fagots. Elle la porta à ses lèvres et la glissa dans sa chemise. Isambard et Martin Ladvenu coururent à l’église Saint-Sauveur et y prirent une croix de procession qu’ils ramenèrent à la Pucelle.
    Lorsque les aides de Mauger Leparmentier mirent le feu aux quatre coins du bûcher, une chape de silence tomba sur la foule. Jeanne invoqua à haute voix ses frères du Paradis. Lorsque les premières flammes soufflèrent autour d’elle leur chaleur avec les premières fumées, on l’entendit crier :
    – Jésus !
    Elle répéta six fois cet appel, les yeux fixés sur le crucifix que les frères tenaient proche de son visage, puis sa voix s’étrangla dans sa gorge et sa tête s’inclina sur son épaule.
    On entendit Massieu s’écrier d’une voix brisée :
    – Cela dépasse en cruauté tout ce qu’on peut voir ! Le bourreau aurait dû étrangler cette pauvresse pour lui éviter des souffrances inutiles. C’est la coutume. Pourquoi n’en a-t-il rien fait ?
    – Il a reçu des ordres, dit Ladvenu, mais j’ignore de qui. On avait même demandé que le bourreau lui retirât sa robe pour l’exhiber nue à la populace. Il a pris sur lui de refuser. Ç’aurait été ajouter au martyre de cette pauvresse une cruelle humiliation.
    Environnée de flammes, Jeanne parut soudain reprendre conscience. Les yeux exorbités, elle lança à plusieurs reprises le nom de Jésus, puis elle se tut définitivement. Les langues de feu grignotant sa robe révélaient à travers la fumée des lambeaux de peau écarlate puis cendreuse. Les yeux de la Pucelle se fermèrent, ses lèvres esquissèrent une grimace de douleur sous la mitre qui venait de se consumer, puis elle rendit l’âme.
    – C’en est fini ! hoqueta Massieu en tombant dans les bras de Ladvenu. Notre Jeanne a cessé de vivre.
    Attisé par les fourches que maniaient les aides, le brasier poursuivait inexorablement son oeuvre. Des lamentations et des cris de femmes montaient de la foule soudain agitée de mouvements de terreur. Plus de cris hostiles, d’invectives, de rires. Un archer anglais ayant juré qu’il jetterait un fagot sur le bûcher pour hâter la mort de la Pucelle traversa la foule, ses mains plaquées sur son visage, en hurlant que les Anglais seraient maudits pour avoir brûlé une sainte ; on l’entraîna dans une auberge pour lui faire reprendre ses esprits devant une pinte de claret. Il n’arrêtait de boire et de gémir que pour raconter qu’au moment où Jeanne allait mourir il avait vu, de ses yeux vu, une colombe s’élever au-dessus des flammes.
    Le bailli de Rouen s’avança jusqu’au pied du bûcher incandescent et lança à l’adresse du bourreau :
    – Répands ce qui reste de soufre et de poix sur le cadavre, de manière qu’il n’en reste rien ! Après, tu écarteras les braises pour que l’on puisse constater que la combustion a été complète. Cette diablesse pourrait bien nous jouer un de ses tours...
    Le bourreau s’exécuta. Le corps de la suppliciée n’était plus
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