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La couronne de feu

La couronne de feu

Titel: La couronne de feu
Autoren: Michel Peyramaure
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par les articles L 335-2 et suivants du Code de la Propriété Intellectuelle. L’éditeur se réserve le droit de poursuivre toute atteinte à ses droits de propriété intellectuelle devant les juridictions civiles ou pénales. »
    © Éditions Robert Laffont, S.A., Paris, 1999
    EAN 978-2-221-12096-5
    Ce livre a été numérisé avec le soutien du Centre national du livre Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo

1
    Marcher sur Paris

Reims, juillet 1429
    Bref, chargé d’une violence feutrée, l’entretien que Jeanne avait eu avec Madame Yolande dans le jardin de la Maison de Ville de Reims lui avait laissé un goût d’amertume : elle s’était sentie non seulement manipulée mais flouée, trahie, pour ainsi dire mise en disponibilité. Après avoir fait à sa protectrice un brin de conduite sur la route de Saint-Léonard, à la sortie de la ville, elle en venait presque à regretter de n’avoir pas suivi son père et repris sa place dans sa famille. Sa mission n’était-elle pas achevée ? Après avoir rejeté les Anglais au-delà de la Loire, fait sacrer le gentil dauphin, elle aurait pu mettre bas les armes pour reprendre l’aiguillon et le fuseau, d’autant que pas une seule fois depuis la cérémonie du sacre, malgré ses attentes fiévreuses, ses prières, ses admonestations, ses voix ne s’étaient manifestées. Elle aurait dû prendre le parti de renoncer, de traiter par l’indifférence les honneurs qu’on lui témoignait de toutes parts, les lettres qu’on lui adressait, les récits de son épopée que le maître ès arts Alain Chartier adressait aux souverains d’Occident, les poèmes que Christine de Pisan tressait pour elle depuis sa retraite mystique...
    Elle aurait dû, mais le voulait-elle et le pouvait-elle ?
    En tournant bride après un dernier regard vers la petite caravane qui, sous la Montagne de Reims, piquait droit vers l’orage, Jeanne se disait qu’elle ne pouvait persister à savourer par petites gorgées délectables des hommages qui ne la laissaient pas indifférente mais ne lui tournaient pas la tête.
    Son intendant Jean d’Aulon l’attendait à l’ombre d’un sorbier ; elle rangea sa monture près de la sienne.
    – Jean, dit-elle, vous qui, étant de la maison d’Anjou, connaissez Madame Yolande mieux que personne, éclairez-moi. Notre dernier entretien m’a laissé un sentiment de déception que je ne parviens pas à surmonter. Depuis mon départ de Vaucouleurs pour Chinon elle n’a cessé de veiller sur moi, organisant ma mission et me donnant les moyens de la réaliser. Et aujourd’hui, alors que notre but commun est atteint, elle me congédie comme une chambrière qui aurait cessé de plaire ou d’être utile. Qu’en dites-vous ?
    Jean d’Aulon se gratta la joue et grimaça un sourire gêné. Jeanne, une chambrière ! Cette comparaison eût donné à rire s’il n’y avait du vrai dans cette analyse.
    – Jeanne, dit-il, vous me mettez dans l’embarras. D’une autre que vous j’aurais cru à de la niaiserie, mais je sais que vous n’avez rien d’un gobe-mouches. J’ai appris à apprécier votre bon jugement et...
    – On peut avoir bon jugement et être pris en défaut. Si je m’en tenais aux propos de Madame Yolande il ne me resterait, à la fin de cette campagne, qu’à mettre mon harnois à la potence, à accrocher ma bannière et mes armes au ratelier et à retourner à Domrémy. N’y a-t-il pas là de la part de cette dame quelque manoeuvre secrète ?
    – Ne cherchez pas la vérité où vous savez ne jamais la trouver. La vérité est toute simple : Madame Yolande est parvenue à ses fins. Donc vous avez cessé de l’intéresser ! Elle n’a été loyale avec vous que le temps nécessaire à assumer ses propres ambitions : éloigner les Godons de la Loire pour leur couper la route du sud, établir un couloir entre ses domaines d’Anjou et ceux de Lorraine et du Barrois dont son fils René héritera à la mort du duc Charles. Je regrette de vous le confirmer, Jeanne : vous avez été, depuis le début de votre mission, un instrument docile. Vous avez été manipulée.
    Il répéta en détachant les syllabes :
    – Ma-ni-pu-lée...
    Jeanne sentit une bouffée de colère lui empourprer le visage.
    – En nom Dieu, Jean, pourquoi ne m’en avoir rien dit. Je vous considérais non seulement comme un bon serviteur mais comme un ami fidèle. Me serais-je trompée ? Allez-vous me renier vous aussi ?
    Il sursauta, rougit,
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