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La couronne de feu

La couronne de feu

Titel: La couronne de feu
Autoren: Michel Peyramaure
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protesta :
    – Moi, vous renier ? Si je recevais l’ordre de renoncer à mon service et que je sois libre de décider de mon avenir, je reviendrais vers vous ! Jeanne, cette opinion que vous semblez avoir de moi me déçoit !
    Elle lui tendit la main ; il la prit et la porta à ses lèvres.
    – Pardonnez-moi, dit-elle en souriant. Il arrive fréquemment que les mots dépassent ou dénaturent ma pensée. Nous sommes amis, restons-le.
    – Il est temps de partir, dit-il, la gorge serrée.
    En cours de route, il ajouta après un long silence :
    – J’aurais sans doute dû vous informer des manigances dont vous avez été l’objet. Si je n’en ai rien fait c’est que votre complicité avec Madame Yolande fonctionnait à merveille. On ne détraque pas un mouvement d’horlogerie qui donne l’heure exacte. Vous eussé-je révélé le fond des choses, votre comportement en eût été changé, ce qui eût compromis votre mission. Pouviez-vous attendre de vos frères du Paradis les hommes, les armements, les subsides que la reine de Sicile ne vous a pas mesurés ? Pouviez-vous attendre ce secours du dauphin ? Sans la prodigieuse clairvoyance de Madame Yolande vous seriez restée une prophétesse de village et le dauphin aurait dû abandonner ses prétentions au trône de France ! Ne me dites pas que ce parti vous eût convenu !
    Jeanne chevaucha un moment en silence. Les révélations de son intentant avaient jeté dans son esprit une lumière brutale sans pour autant dissiper ses griefs : elle se sentait victime d’un double abandon : de la part de ses voix et de la reine de Sicile. Il s’y ajoutait une inquiétude tenace : Charles semblait lui aussi prendre ses distances avec elle ; quant à ses favoris, La Trémoille et Regnault notamment, ils ne lui manifestaient qu’une déférence glacée, au point qu’elle se demandait si, eux aussi, n’allaient pas lui signifier son congé. Jean d’Aulon la rassura :
    – Des favoris, je ne dirai rien, mais, pour ce qui est du roi, sachez qu’il a toujours pour vous de la reconnaissance et de l’affection. Il sait que la guerre n’est pas finie et qu’il aura besoin de vos services. Vous licencier, Jeanne... Y avez-vous vraiment songé ? Ce serait redonner aux Godons l’espoir qu’ils sont en train de perdre ! Savez-vous que le régent Bedford et le cardinal de Winchester ont le plus grand mal à recruter en Angleterre des yeomen et des hommes de troupe : tous sont épouvantés à l’idée de vous affronter, vous qu’ils appellent la sorcière ?
    Sorcière... Le mot n’était pas trop fort. Jeanne n’avait pas oublié l’épisode du soldat anglais qu’elle avait recueilli à Patay, à l’issue de la bataille, et qui était mort de saisissement en la reconnaissant.
    Jean d’Aulon ajouta :
    – Une autre vérité vous a peut-être échappé : dans l’entourage de Sa Majesté on juge que vous outrepassez vos fonctions et vos compétences. Ces lettres que vous adressez aux bourgeois et aux nobles comme si le destin du royaume était entre vos mains... Vous êtes une meneuse d’hommes exceptionnelle. Ne vous prenez pas pour une diplomate !
    Ils dirigèrent leurs montures vers la porte Dieulimire d’où montait une rumeur de fête. Dans la chaleur qui décroissait avec le soir des bouffées tièdes s’exhalaient des prairies calcinées. L’orage qui, depuis le matin, traînait ses guenilles au-dessus de la Montagne de Reims, ne tarderait pas à éclater.
    Jeanne fit prendre à Pollux une allure de promenade, laissant son intendant la distancer. Elle se dit que pas un instant, alors qu’elle dictait à Pasquerel les lettres auxquelles Jean d’Aulon avait fait allusion, elle n’avait eu le sentiment d’abuser de ses prérogatives. Les succès militaires qui avaient abouti au parvis de la cathédrale étaient son oeuvre. Qu’elle eût pris quelque liberté en exprimant dans ses courriers, avec son langage rude et direct, ses griefs, ses volontés, ses encouragements à résister aux Godons, personne à ce jour n’avait eu le front de le lui reprocher. Cette nouvelle vérité tombait sur elle comme la foudre. Elle se dit qu’elle en aurait le coeur net, et sans tarder : avant le banquet offert par la corporation des vinadiers, qui aurait lieu sous la grande halle.
     
    Ses compagnons l’attendaient devant le châtelet : Jean d’Alençon, le bâtard d’Orléans Dunois, Gilles de Rais, le vieux maréchal de Boussac et quelques autres. Des groupes de
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