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Le livre du cercle

Le livre du cercle

Titel: Le livre du cercle
Autoren: Robyn Young
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    Chapitre 1
    Ayn Djalut (le Puits
de Goliath),
    Royaume de Jérusalem
     
    3 septembre 1260
après J.-C.
     
    Le
soleil approchait du zénith, dominant le ciel et chauffant à blanc l’ocre
profond du désert. Au-dessus des collines qui entouraient la plaine d’Ayn
Djalut tournoyaient des busards dont les cris abrasifs restaient suspendus en
l’air, comme solidifiés par la chaleur. Du côté ouest, là où les pentes nues
des collines s’étiraient vers le sable, se tenaient deux mille hommes sur des
chevaux cuirassés. Glaives et boucliers étincelaient, si bouillants qu’on
pouvait à peine les toucher, et les tuniques et les turbans n’atténuaient en
rien la férocité du soleil. Cependant, personne ne se plaignait. '
    Monté
sur un cheval noir à l’avant-garde du régiment bahrite, le commandant Baybars
Bundukdari attrapa la gourde attachée à sa selle entre deux sabres aux lames
émoussées. Après avoir bu une gorgée, il fit rouler ses épaules pour en
détendre les articulations raidies. La bande de son turban était trempée de
sueur et la cotte de mailles qu’il portait sous sa cape bleue lui paraissait
inhabituellement lourde. La matinée s’achevait, la chaleur augmentait, et si
l’eau avait calmé sa gorge desséchée, elle ne pouvait étancher la soif plus
profonde de son organisme.
    — Émir
Baybars, murmura l’un des jeunes officiers à ses côtés. Le temps passe. Le
groupe d’éclaireurs aurait déjà dû revenir.
    — Ils
seront bientôt de retour, Ismail. Sois patient.
    Tout
en rattachant la gourde à sa selle, Baybars étudia
    les
rangs silencieux du régiment bahrite, alignés derrière lui. Le visage de tous
les hommes affichait l’expression menaçante et résolue qu’il avait déjà vue sur
tant de troupes en ordre de bataille attendant la confrontation. Bientôt, cette
expression changerait. Baybars avait vu les guerriers les plus courageux
blêmir, une fois confrontés à des lignes de combattants ennemis semblables aux
leurs. Mais le moment venu ils se battraient sans hésitation, car ils étaient
des soldats de l’armée mamelouke : les guerriers esclaves de l’Égypte.
    — Émir
?
    — Qu’y
a-t-il, Ismail ?
    — Nous
n’avons pas de nouvelles des éclaireurs depuis l’aube. Et s’ils s’étaient fait
prendre ?
    Baybars
le regarda en fronçant les sourcils, et Ismail se rendit compte qu’il aurait
mieux fait de se taire.
    Dans
l’ensemble, il n’y avait rien de particulièrement frappant chez Baybars ; comme
la plupart de ses hommes, il était grand et musclé, avec des cheveux brun foncé
et la peau mate. Seul son regard le distinguait. Un défaut, une sorte de point
blanc au centre de sa pupille gauche, donnait à ses yeux une intensité
singulière; c’était l’un des attributs qui lui avaient valu Son sobriquet
    -
l’Arbalète. Mis au supplice par les yeux bleus qu’il braquait sur lui, le
sous-officier Ismail se sentit comme une mouche prise dans une toile
d’araignée.
    — Je
te l’ai déjà dit, sois patient.
    — Oui,
émir.
    Le
regard de Baybars s’adoucit légèrement tandis qu’Ismail, penaud, baissait la
tête. Il n’y avait pas si longtemps, quelques années tout au plus, lui aussi
avait attendu dans la troupe sa première bataille. Les Mamelouks affrontaient
les Francs sur une plaine poussiéreuse, près du village de la Forbie. Il avait
dirigé l’attaque de la cavalerie, écrasé l’ennemi pendant des heures, et le
sang des chrétiens avait souillé le sable. Aujourd’hui, si Dieu le voulait, il
en irait de même.
    Au
loin, presque indiscernable, une colonne de poussière tourbillonnante s’éleva
sur la plaine. Lentement se dessinèrent les formes de sept cavaliers,
distordues par la réverbération du soleil. Baybars enfonça ses talons dans les
flancs de son cheval et sortit des rangs, suivi par ses officiers.
    Alors
que le groupe d’éclaireurs approchait à toute allure, leur chef dirigea son
cheval vers Baybars. Tirant vivement sur les rênes, il s’arrêta devant le
commandant. La robe brune de l’animal était maculée de sueur, son museau taché
d’écume.
    — Émir
Baybars, salua le cavalier en haletant. Les Mongols arrivent.
    — De
quelles forces disposent-ils ?
    — Un
tumen, émir.
    — Dix
mille hommes. Et leur chef?
    — Ils
sont dirigés par le général Kitbouga, comme nous le pensions.
    — Ils
vous ont vus ?
    — Nous
nous sommes arrangés pour qu’ils nous repèrent, comme convenu.
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