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La couronne de feu

La couronne de feu

Titel: La couronne de feu
Autoren: Michel Peyramaure
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Vous m’en rendrez raison ! Je comprends la rancoeur qui vous anime : vous craignez d’être renvoyée à vos foyers alors que vous ne rêvez que plaies et bosses ! Vous refusez de concevoir qu’il puisse y avoir un temps pour la guerre et un temps pour la paix. Au terme de votre mission il vous faut encore d’autres faits d’armes pour peaufiner votre légende de dieu des Armées ! Que souhaitez-vous encore, Jeanne ?
    Elle se leva lentement.
    – Marcher sur Paris, dit-elle.

Champagne, juillet 1429
    Ce n’est pas sur Paris que le roi Charles avait décidé de marcher : le fruit ne lui semblait pas mûr.
    Quelques bonnes villes se proposaient de l’accueillir : Soissons d’abord, à une journée de cheval de la ville du sacre. Il s’y rendit, y trouva un accueil délirant : tout ce que cette ville comptait de Bourguignons avait fui chez les Anglais ou en Bourgogne ; l’évêque de Beauvais, Pierre Cauchon, créature vouée aux Godons, avait, quelques jours avant, donné le signal de la fuite ; des bourgeoises avaient cousu des sacs de toile pour y enfermer les derniers partisans du duc Philippe et les jeter dans l’Aisne...
    Les habitants, redoutant l’intrusion de l’armée du Sacre dans la cité, lui avaient assigné un campement dans la plaine d’Amblémy. Jeanne refusa de la quitter.
    Entré dans Soissons le 23 juillet, Charles prenait quelques jours plus tard la direction de Château-Thierry. Il dut négocier une demi-journée avant que cette ville lui ouvrît ses portes.
    La promenade militaire se poursuivit sous un soleil ardent par Coulommiers, Provins, La Ferté-Millon, Crépy-en-Valois, selon l’humeur du souverain et les réponses qu’il recevait des villes sollicitées.
    Lorsqu’il se présenta devant Crépy, à six lieues au sud de Compiègne, il trouva non seulement les portes ouvertes mais une foule criant des Noëls, brandissant des bouquets et faisant voler des bonnets et des écharpes à l’intention de Jeanne qui chevauchait entre Dunois et l’archevêque Regnault. Le bâtard se pencha à l’oreille de sa compagne et lui dit :
    – Ces gens sont fort aimables mais maladroits. L’essentiel de leurs ovations t’est destiné. Sa Majesté fait figure de prince consort. Je crains que, ce soir, il y ait de la bouderie dans l’air...
    La soumission de Crépy n’était pour Charles qu’un détail sans grande importance : l’objectif principal demeurait Compiègne. Au banquet du soir, la Pucelle dit à son voisin, le chancelier :
    – Le bon peuple que voilà, monseigneur ! Il aime son roi et lui témoigne à la fois son amour et sa fidélité. Autant qu’il m’en souvienne, jamais Sa Majesté n’a reçu un tel accueil. Il est vrai que sa famille est originaire de cette province. Quant à moi c’est ici que j’aimerais finir mes jours.
    Stupéfaction de Regnault !
    – Et Domrémy, Jeanne ? Et Orléans ? Qu’est-ce qui vous incite à songer déjà à votre mort ?
    – Je sais qu’elle ne tardera guère mais je ne connais ni la date ni le lieu. Mes frères du Paradis m’en aviseront.
    Elle brisa son émotion d’un rire, ajoutant :
    – Il me reste pourtant bien des tâches à accomplir, avec l’aide de Dieu. L’heure n’est pas aux parlotes, aux finasseries de cabinet mais à l’action. J’ai toujours en tête cette idée : il faut marcher sur Paris !
    Jeanne n’était pas la seule à juger le moment et les conditions favorables pour accentuer la pression militaire contre l’ennemi anglais, terrorisé au seul nom de la Pucelle. Un écrivain qui leur était dévoué, Thomas Basin, avait écrit : Une telle frayeur emplissait l’âme des soldats au seul nom de Jeanne que beaucoup affirmaient qu’ils ne trouvaient ni le courage ni la force de se battre. Le régent Bedford écrivait au jeune roi Henri que si son armée avait subi de tels déboires depuis Orléans c’était par la faute d’un disciple et limier de l’ennemi appelé la Pucelle, qui a usé de faux enchantements et de sorcellerie.
    Marcher sur Paris ? Cette perspective n’avait pas seulement pris racine dans l’esprit de Jeanne ; beaucoup parmi ses proches y avaient adhéré ; le roi, lui, demeurait perplexe.
    – Nous avons les moyens de poursuivre la lutte, ma chère enfant, soupira Regnault, mais si nous pouvons obtenir la paix sans verser de sang nous aurons obtenu une grande victoire.
     
    Dans l’armée du Régent la situation était devenue alarmante : les désertions se multipliaient, les
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