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La couronne de feu

La couronne de feu

Titel: La couronne de feu
Autoren: Michel Peyramaure
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soldes demeuraient impayées et les exécutions capitales pour l’exemple accroissaient le malaise.
    Un matin qu’ils chevauchaient de conserve entre Jouarre et Coulommiers, au début d’août, Dunois révéla à Jeanne que Bedford, avec la complicité du cardinal de Winchester, régent d’Angleterre, venait de réussir un coup de maître.
    – Les Hussites, dit-il, est-ce que ce nom évoque quelque chose pour toi ?
    Jeanne avoua son ignorance ; Dunois l’éclaira.
    Un théologien réformateur originaire de Bohême, Jan Hus, avait été brûlé vif pour ses idées hérétiques une quinzaine d’années auparavant. Recteur de l’Université de Prague, il prônait le retour à l’Église primitive, le renoncement aux pratiques simoniaques, luttait contre les excès d’autorité et les moeurs dissolues des prélats. Sa mort n’avait pas mis un terme au mouvement qu’il avait suscité dans le peuple, comme avant lui, en Angleterre, le réformateur Wycliffe. Les Hussites avaient levé une armée et menaient une guerre acharnée contre leurs oppresseurs.
    – Pour lutter contre ces rebelles, ajouta le bâtard, Winchester a organisé une croisade. Quatre mille hommes ont débarqué à Calais à la mi-juillet. Ils n’ont pas été dirigés vers la Bohême mais vers Paris. Ils y sont encore et c’est contre nous qu’ils seront menés. Cela suffit à expliquer, sinon à excuser l’irrésolution de Charles et à comprendre qu’il ait préféré signer une trêve plutôt que d’affronter les forces ennemies dotées d’un tel renfort.
    Jeanne sursauta.
    – Une trêve, dis-tu ? Elle est donc signée ?
    – Pour une quinzaine seulement, avec possibilité de la reconduire d’un commun accord. Bien joué, Philippe ! Cela lui permet de gagner du temps, de tenir son adversaire à distance. Le plus étrange c’est que Paris, dont Philippe a été nommé gouverneur par ses amis anglais, est exclu de cette trêve ! Nous avons donc toute latitude de l’attaquer... et de nous y briser les dents ! C’est la raison pour laquelle nous tournons en rond. C’est que Paris, ce n’est pas Jargeau, ni même Orléans. Pour y mettre le siège il faudrait beaucoup plus de forces que nous n’en avons.
    – Il faudra bien pourtant nous y résoudre ! Prendre Paris, ce serait montrer aux Anglais le chemin de l’Angleterre. Bedford s’accroche à la Normandie où il compte se constituer une principauté, à ce qu’on dit, mais, Paris entre nos mains, il ne résistera pas longtemps, d’autant que la population est presque tout entière contre lui.
    – Dieu t’entende... soupira Dunois.
    – Mais il m’entend ! protesta Jeanne.
     
    Alors que l’armée du sacre pénétrait dans Château-Thierry, Charles avait mandé Jeanne en son Conseil, ce qui n’était pas dans ses habitudes. Elle attendait une semonce ; elle fut accueillie par des sourires.
    Charles s’était levé pour lui dire d’un ton solennel :
    – Ma fille, nous avons désiré répondre favorablement à la requête que vous nous avez adressée. Nous savons ce que nous vous devons, à vous mais aussi aux habitants de la province qui vous a vue naître. Nous avons donc décidé, pour la durée de notre règne et la suite des temps, si nos successeurs y consentent, d’exempter d’impôts Domrémy et Greux...
     
    Charles avait reçu de Compiègne une réponse qui le comblait d’aise : la ville attendait sa venue. Il en éprouva presque autant de joie que si Paris lui avait ouvert ses portes.
    Si, dans cette ville, on s’apprêtait à tresser des guirlandes et à chanter des alléluias, il n’en allait pas de même à Reims où le départ de l’armée du Sacre et la menace anglaise entretenaient une inquiétude tenace. Au risque d’une nouvelle réprimande de Regnault, Jeanne adressa une lettre aux bourgeois, les assurant qu’elle ne les abandonnerait pas, qu’elle était prête à voler à leur secours, qu’elle déplorait la trêve intervenue entre Charles et Philippe. Pasquerel prit mot à mot ce galimatias, sans la moindre observation quant à la confusion des idées et aux maladresses du style. Pourquoi cette inquiétude de la part des Rémois et cette réaction de la part de Jeanne ? Aucune menace des Bourguignons et des Anglais ne pesait sur la ville du sacre. Bedford et Philippe étaient trop occupés à renforcer les défenses de la capitale, et les contrées de l’est étaient calmes, parcourues seulement par les inévitables bandes
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