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La couronne de feu

La couronne de feu

Titel: La couronne de feu
Autoren: Michel Peyramaure
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Claude.
    Elle se présenta aux frères de la Pucelle ; ils tombèrent à genoux. C’était bien leur soeur ; elle portait derrière l’oreille une tache rouge qu’ils reconnurent sans peine.
    Devenue l’épouse d’un modeste châtelain, Robert des Armoises, elle se dit que le moment était venu de reprendre sa carrière interrompue. Elle se rendit à Vaucouleurs où le sire de Baudricourt refusa de la reconnaître. Loin de se laisser décourager, elle chevaucha jusqu’à Orléans, embobelina les bourgeois, leur soutira des subsides mais poussa si loin ses exigences qu’ils finirent par douter d’elle.
    Après diverses tribulations, accompagnée des frères de Jeanne qui voyaient en elle un moyen de redorer leur blason, elle fut reconnue comme simulatrice et condamnée au pilori.
    Claude des Armoises avait au moins démontré une nouvelle fois que le peuple a et aura toujours besoin de merveilleux.

Rouen, novembre 1449
    Jean Massieu pénétra le premier dans la salle de garde du donjon et fit signe à Guillaume Manchon, notaire à l’Officialité de Rouen, qu’on pouvait avancer. Il dit en s’inclinant devant le roi :
    – Pardonnez à votre humble serviteur, sire, mais je ne ferai que suivre. Je me fais vieux et mes jambes peinent à monter les étages. Et puis, l’émotion, vous comprenez...
    Tout était en place après dix-huit ans, comme si la Pucelle venait tout juste de quitter sa cellule pour être conduite sur la place du Vieux-Marché. La gorge serrée, Charles contempla comme des reliques les chaînes, la grosse poutre, les anneaux de fer, le grabat où Jeanne avait souffert le martyre. Il murmura :
    – Ce n’est Dieu possible ! Comment a-t-elle pu supporter un tel traitement ?
    Il eut un sursaut devant la cage de fer où les nouveaux gardiens avaient jeté leurs frusques. Manchon le rassura : Jeanne n’y avait jamais été enfermée.
    – Elle ne l’aurait pas supporté. Elle en serait morte, et les Anglais voulaient la garder bien vivante pour la confier au bourreau.
    Charles jeta un regard, par une archère, sur la colline de Bouvreuil ruisselante de pluie sous d’épaisses frondaisons rousses. Il se pencha à la petite fenêtre donnant sur les douves et la cour où s’opérait la relève des patrouilles sous l’averse qui avivait l’éclat des casques et des cuirasses. On venait de faire remonter des caves les derniers archers anglais qui s’y étaient réfugiés lorsque les troupes de Dunois, du comte du Maine et de René d’Anjou, traversant la ville conquise, étaient venues mettre le siège devant la forteresse défendue par le comte de Somerset. Liés de cordes, les Godons attendaient sous la pluie qu’on veuille bien délibérer sur leur sort.
    – Comment, ajouta le roi, notre Jeanne a-t-elle pu supporter sans feu, en plein hiver, sous ce climat rude, sa captivité ? Beaucoup d’hommes à sa place seraient morts de froid. Qu’en dites-vous, maître Manchon ?
    – Je ne puis rien en dire, sire. Je n’avais, en tant que greffier, qu’un rôle des plus modestes dans le tribunal. Un jour que j’avais mal transcrit une de ses réponses, Jeanne a menacé de me tirer les oreilles !
    – Et vous, Massieu ?
    – Jeanne était d’une autre nature que le commun des mortels. Une nature, j’oserais dire... divine. Les souffrances physiques semblaient n’avoir pas prise sur elle. Alors que je grelottais elle trouvait le moyen de plaisanter. Elle disait en touchant ma bosse que ça lui porterait chance. Mon Dieu, quand j’y pense, il me semble que mon vieux coeur va éclater...
    Il montra du doigt l’archère donnant sur la colline de Bouvreuil, où un pigeon s’était posé.
    – Elle aimait ces oiseaux, ajouta Massieu. Ils lui tenaient compagnie. Elle leur distribuait des miettes, leur parlait. Elle...
    Il se détourna pour cacher ses larmes.
    – Maître Manchon, dit le roi, je suppose que le tribunal a conservé les minutes du procès. J’aimerais les consulter afin de me faire une idée précise du déroulement de la procédure. Faites-les déposer dès ce soir à ma résidence, je vous prie.
    – C’est que, sire...
    – Eh bien, quoi ? Les auriez-vous égarées ?
    – Non, sire, mais il faudrait un chariot pour les transporter.
    – Alors trouvez-en un !
    Le roi se tourna vers le vieil huissier qui essuyait ses larmes du revers de son poignet.
    – Asseyons-nous sur ce grabat. Vous allez me raconter les derniers moments de la Pucelle. Vous avez été, m’a-t-on dit,
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