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La couronne de feu

La couronne de feu

Titel: La couronne de feu
Autoren: Michel Peyramaure
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armées.
    Surprise pour Charles au début d’août : Bedford lançait un défi à Charles de Valois qui se nommait dauphin et maintenant, sans raison, se disait roi, lui proposant de régler leurs différends par un combat singulier contre lui et cette femme diffamée et apostate qui l’accompagnait. Charles déclina cette partie de bras de fer, estimant que la provocation du Régent trahissait la crainte de voir l’armée de Charles camper devant Paris. Il était temps, d’ailleurs, d’en finir avec cette fastidieuse déambulation d’une ville à l’autre. Il estimait que le temps était venu de se replier sur la Loire et d’aller prendre un repos mérité à Meung ou à Chinon. L’armée du Sacre n’avait plus sa raison d’être et, en outre, il devenait difficile d’assumer son entretien et de refréner les élans guerriers de Jeanne et des capitaines, ses compagnons, ces têtes folles.
    D’ailleurs, se battre contre qui ?
    La réponse n’allait pas tarder...

Montepilloy, août 1429
    À la mi-août, alors que l’armée avait pris ses quartiers entre Paris et la petite cité de Crépy, dans les parages de Dammartin, Jeanne invita Jean d’Aulon à l’accompagner avec une petite escorte de cavaliers jusqu’au sommet d’une butte coiffée d’un joli moulin qui battait des ailes dans le vent chaud. L’intendant estima que l’on pouvait bien se permettre cette promenade sans danger : la contrée était paisible, les paysans travaillaient aux champs et aux vignes et le gros de l’armée campait à proximité.
    Ils laissèrent leurs montures souffler à l’ombre d’un bouquet de noisetiers et s’abreuver dans le cuveau de pierre, près de la mule du meunier, maître Guillaume, qui venait de surgir de la bâtisse, le dos chargé d’un sac qu’il jeta sur le cul d’un chariot. Il s’approcha, son bonnet à la main, un large sourire sur sa face rubiconde en constatant qu’il avait affaire à des Français.
    Il lança avec un fort accent briard :
    – Tudieu ! Vous êtes les premiers Français que je vois si près de Paris depuis des mois. Que me vaut l’honneur de votre visite, mes amis ?
    Jeanne prit une voix d’homme pour lui répondre qu’il s’agissait d’une simple promenade : elle voulait savoir si, du haut de cette colline, on pouvait apercevoir Paris. Le meunier se gratta la tête : le temps, un peu brumeux, ne favorisait guère cette curiosité ; le moment le plus favorable était tôt le matin ou le soir, par feu rasant.
    – Pourtant, en regardant bien... fit-il.
    Jeanne mit une main en visière et cligna des paupières. Au-delà de la plaine, des nappes sombres de forêts et des buttes émergeant des prairies, des éteules et des vignes, se dessinait un moutonnement de vagues dont la brume de chaleur diluait les contours.
    – De la dernière colline, tout au fond : celle de Montmartre, vous auriez une bien meilleure vue, dit le bonhomme, mais je ne vous conseille pas de vous y rendre. Elle est occupée par des postes anglais. La ville se situe au-delà, dans un creux. Le matin on voit distinctement les murs de l’abbaye des dames, qui ont leurs domaines près de Saint-Denis. C’est moi qui mouds leur grain.
    La voix rocailleuse du meunier parvenait à Jeanne dans un bourdonnement qui lui rappelait l’apparition de ses frères du Paradis. De deviner, à la fois si proche et si lointaine, cette métropole dont elle avait rêvé durant les jours et les semaines qui avaient suivi le sacre, elle sentait se ranimer en elle des humeurs guerrières. Il eût suffi d’une volonté supérieure, voire d’un signe, pour que l’armée s’ébranlât et, en moins d’une journée, se trouvât rassemblée dans sa totalité aux portes de la ville. Cette volonté, elle était pour ainsi dire la seule à l’éprouver avec une telle intensité ; l’ordre, personne ne daignerait le lancer, et le signe elle risquait de l’attendre longtemps. Elle retrouvait en cet instant, venus des profondeurs de son être, les impatiences et les élans qui l’avaient poussée vers Chinon, Orléans et Reims.
    Elle tendit les bras, la main à plat, dans un geste d’enfant, vers la lointaine perspective, écarta les doigts comme pour saisir quelques bribes de cette image confuse, les resserra, gémit :
    – Oh ! Jean... Paris... Paris... Il faut convaincre le roi de s’y porter sans tarder. Je ne dormirai pas d’un sommeil tranquille tant que cette ville ne sera pas à nous.
    Elle avait repris par
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