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La couronne de feu

La couronne de feu

Titel: La couronne de feu
Autoren: Michel Peyramaure
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inadvertance sa voix de fille. Maître Guillaume eut un mouvement de surprise si ostensible que Jean d’Aulon lui révéla qu’il s’agissait d’une de ces ribaudes qui accompagnaient l’armée.
    – Perrine ! cria le bonhomme, apporte-nous de quoi restaurer nos visiteurs !
    Il fallut s’attabler à l’ombre d’un chêne, près des chevaux et de la mule, dans une odeur de crottin frais, goûter le vin de Pierrefitte, tailler de larges chanteaux dans la miche, savourer le jambon et le fromage, des mets qui, pour Jeanne, avaient le goût d’un bonheur retrouvé : celui des fenaisons, des moissons, des vendanges dans les parages de Domrémy, du temps où on l’appelait Jeannette et où le ciel nocturne commençait à se peupler de présences mystérieuses.
    – Lorsque vous aurez chassé les Godons de Paris, dit joyeusement maître Guillaume, venez me faire une visite de temps à autre. À part la clientèle nous voyons peu de monde. Il est vrai que ce raidillon décourage les visiteurs.
    La dame Perrine sortit d’entre ses mamelles une médaille d’étain.
    – Le curé de Dammartin, dit-elle, m’en a fait cadeau après l’avoir bénite. Elle représente une sainte fille qu’on appelle Jeanne la Pucelle. J’aimerais la rencontrer, l’embrasser, lui dire que nous l’aimons, mais ce serait trop demander au Seigneur.
    – Vous êtes une brave femme, dit Jeanne en la serrant contre sa poitrine. Lorsque je rencontrerai la Pucelle, je lui parlerai de vous.
     
    Charles apprit par l’un de ses agents à Paris, fils d’un tenancier de l’auberge de l’Ouest, que les Anglais venaient de faire sortir de la ville, par la porte de La Chapelle, une troupe importante en direction de Senlis. Il s’agissait des soldats de la fausse croisade à laquelle le duc Philippe avait joint quelques compagnies picardes.
    Le premier réflexe de Charles fut de tirer au large afin d’éviter une rencontre en rase campagne, et d’aller s’enfermer dans Compiègne où il était attendu. Fureur de Jeanne ! On avait une occasion inespérée d’engager l’armée du Sacre dans une bataille et l’on n’avait souci que de l’éviter !
    – Patience ! lui dit Jean d’Alençon. Te souviens-tu de cette journée torride, au coeur de la Beauce, la veille de la bataille de Patay, il y a deux mois ? Tu faisais rire tout le monde en disant que ça sentait l’Anglais. Eh bien, je puis en dire autant aujourd’hui ! J’ai le sentiment que nous n’allons pas tarder à les rencontrer.
    – Dieu t’entende ! dit Jeanne.
    – Une chose est certaine : les Anglais se dirigent vers Senlis et cette ville est sur notre route. Je ne serais pas surpris qu’une rencontre ait lieu dans les parages...
     
    Bedford devait avoir en tête la même idée. On ne déplace pas une armée de plusieurs milliers d’hommes commandés par les capitaines les plus émérites, comme Suffolk et le bâtard de Saint-Pol pour une simple visite d’amitié aux fidèles sujets de Senlis. Sur certaines de leurs bannières figurait une inscription qui constituait un défi à la Pucelle : Ores, vienne la Belle...
    En dépit des réticences de Charles, le Conseil royal décida de ne rien changer à l’itinéraire de l’armée royale. Envoyé en reconnaissance vers Pont-l’Évêque, à une lieue environ de Senlis, Jean de Xaintrailles, frère de Poton, avait signalé des avant-gardes anglaises en train de franchir une rivière, la Nonette, sous les murs de l’abbaye de la Victoire. Comme l’heure était trop tardive pour se mettre en mouvement, Charles décida de faire camper son armée aux abords du village de Montepilloy. De toute manière on se fût interdit d’entamer une action, cette journée étant un dimanche. On attendrait le lendemain.
    Lorsque Dunois lui rapporta cette nouvelle, Jeanne eut un sursaut d’indignation :
    – En nom Dieu ! s’écria-t-elle, nous n’en ferons rien.
    – Et pourquoi cela ? Aurais-tu changé d’avis ?
    – Demain sera le 15 août, jour de l’Assomption. Nous battre serait offenser la mémoire de la Vierge. Je vais dire deux mots au roi !
    Elle trouva Charles alors qu’il se rendait à son Conseil, entouré du Gros Georges et de l’archevêque, et lui exposa ses réticences avec une telle ardeur qu’il finit par convenir que Jeanne avait raison.
    De retour sous sa tente elle se mit en prière mais sollicita en vain la visite de ses frères du Paradis. Elle chercha dans le sommeil un refuge à ses angoisses. La nuit
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