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La couronne de feu

La couronne de feu

Titel: La couronne de feu
Autoren: Michel Peyramaure
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de reprendre en se proposant d’aller ensuite porter leurs armes devant Beauvais. Ils avaient à leur tête les plus grands capitaines d’Angleterre ; en face d’eux, des chefs qui, en perdant Jeanne, avaient perdu un peu de leur âme et de leur ardeur : le vieux Boussac, La Hire, Xaintrailles, avec comme palladium le berger du Gévaudan. Après une bataille âpre et sanglante, les Français se débandèrent, laissant aux mains de l’ennemi ce nigaud de Guillaume. Il eut beau leur montrer ses stigmates, se proclamer l’envoyé de Dieu, les Anglais, qui ne comprenaient rien à son charabia, le jetèrent en prison puis à la Seine.
     
    Au comble de sa puissance, La Trémoille, plus que jamais, jouait les maires du palais.
    Son coffre gagnait en opulence et lui en obésité : devenu monstrueux il ne se déplaçait qu’en litière. Après la mort de Jeanne, le roi ayant replongé dans son inertie, avec de temps à autre des vagues de remords qui lui arrachaient des larmes, les décisions importantes étaient du ressort du Gros Georges. Il avait été l’usurier du royaume ; il en devenait le vice-roi. Parvenu au sommet de sa puissance, il avait maîtrisé les acrimonies de Madame Yolande à l’encontre des Bourguignons. Il se dit que le moment était peut-être venu de se réconcilier avec son pire ennemi : le connétable Arthur de Richemont, qui se montrait toujours menaçant et dangereux. Il l’informa de son désir de le rencontrer afin de conclure une trêve qui serait le couronnement de sa diplomatie.
    Richemont accepta mais, prudent, délégua trois de ses proches pour établir les préliminaires de la rencontre. À la suite d’une violente querelle, La Trémoille fit trancher la tête à deux d’entre eux et mit le troisième à rançon, ce qui laissait mal augurer de la suite des entretiens.
    Pour Richemont, c’en était trop : il jura la mort de son cousin.
    Une nuit de juin de l’année 1433, tout dormait dans la forteresse de Chinon où demeuraient le roi et sa Cour, lorsque l’un des capitaines de la place et favori de Sa Majesté, Gaucourt, ouvrit discrètement une poterne et livra passage à un groupe d’une vingtaine de spadassins au service du connétable. Il leur fut facile d’accéder à la chambre que La Trémoille partageait avec son épouse. Ils se ruèrent sur le monstre et le lardèrent de coups de poignard sans qu’aucun d’eux, à travers l’épaisseur de graisse qui enveloppait le corps, pût atteindre un organe vital. Ils le ficelèrent, le traînèrent à grand-peine jusqu’au château de Montrésor, mal en point mais toujours vivant. Richemont se dit que, plutôt que de l’achever sans autre profit que la satisfaction de la vengeance, il était plus judicieux de le mettre à rançon en lui faisant promettre de renoncer à ses fonctions. Le Gros Georges repartit vers son château de Sully en méditant sur les distances qui séparent le Capitole de la Roche Tarpéienne...
     
    De tous les compagnons de Jeanne, un seul, Gilles de Rais, avait renoncé à se battre et s’était cloîtré dans ses forteresses de Champtocé et de Machecoul. On n’en avait plus de nouvelles.
    Jean d’Alençon, le beau duc cher au coeur de Jeanne, se ruinait en guérillas et s’enfonçait dans un tenace sentiment d’animosité puis de haine contre le roi Charles, au point de négocier avec les Anglais et de lui faire la guerre. La Cour des Pairs le condamna à mort ; Charles le gracia.
    Le bâtard Jean d’Orléans, comte de Dunois, ne posa pas les armes après la mort de la Pucelle. C’était l’un des plus fidèles sujets du roi et l’un de ses plus valeureux capitaines, impliqué dans la reconquête de la Normandie et de la Guyenne. Il n’eut pas affaire à un ingrat : Charles lui décerna le titre de grand chambellan à la place du Gros Georges.
    On avait de temps à autre des nouvelles de La Hire et de Xaintrailles : deux fidèles, eux aussi, à la mémoire de Jeanne, en dépit de leur carrière dans le brigandage. Nommé par Charles capitaine général en Île-de-France deux ans après la mort de la Pucelle, La Hire imposa à la capitale un blocus sévère en attendant de la libérer du joug des Anglo-Bourguignons. Il fallut attendre l’année 1436 pour que Charles fît son entrée au Louvre. Sept ans plus tard La Hire mourait à Montauban, dans son lit, d’une pneumonie.
    Jean Poton, seigneur de Xaintrailles, son vieux compagnon, allait lui survivre dix-huit ans. Charles
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