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La couronne de feu

La couronne de feu

Titel: La couronne de feu
Autoren: Michel Peyramaure
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appréciait les services de ce chevalier-brigand au point qu’il le nomma capitaine de Bourges et maréchal de France. Ce chef d’écorcheurs traqua les Anglais en Normandie, devint leur bête noire, les battit à Gerberoy et s’en fut mourir à Bordeaux, comblé d’honneur.
    Jean d’Aulon, intendant de la maison de Jeanne, resta inconsolable de la captivité et de la mort de sa maîtresse. Il avait été son ami, son confident, son soutien durant les derniers mois de son existence, avant qu’elle ne fût transférée à Rouen. Il se reprocha, comme bien d’autres, de n’avoir pas tout tenté pour la délivrer. Il avait suggéré au roi un plan de campagne qui avait été rejeté. Jean d’Aulon n’en tint pas trop rigueur au souverain : lorsque Charles entra dans Paris c’est lui qui tenait la bride de sa monture.
    Devenu adulte, le petit roi Henri sentit se confirmer en lui une lourde hérédité. Agité de troubles mentaux il laissa sa femme, Marguerite d’Anjou, petite-fille de Madame Yolande, régner à sa place et s’efforcer de ramener la paix entre York et Lancastre engagés dans la Guerre des Deux-Roses. Chassé d’Angleterre par Édouard IV il n’y revint que pour mourir misérablement dans la Tour de Londres en se souvenant peut-être de cette pauvre prisonnière qui, au château de Bouvreuil, passait sous ses fenêtres et lui souriait.
    Le duc de Bedford, Régent de France, ne survécut que quatre ans à Jeanne. Il avait obtenu les seigneuries d’Anjou et du Maine mais ne put jamais y résider. La Normandie était devenue son domaine, mais il avait soumis la population à une telle pression qu’il dut faire face à des rébellions qui lui rendaient la vie impossible.
     
    Certains prétendaient avoir vu des larmes sur le visage de Pierre Cauchon au moment du supplice de la Pucelle. Difficile à croire... Il ambitionnait de coiffer la mitre d’archevêque de Rouen et la pourpre cardinalice sur ses vieux jours ; il n’obtint que l’évêché de Lisieux. C’était mal payer ses services ! Il en eut des remords jusqu’à la fin de ses jours. Un matin de l’an 1442, un serviteur était en train de lui faire la barbe quand il s’aperçut qu’il rasait un mort... Une des consolations de ce zélé serviteur de l’Église aura été de savoir que son nom entrerait dans l’Histoire avec celui de sa victime. À distance respectueuse, cela va de soi...
    Madame Yolande disparut cette même année, en novembre, à Saumur. On l’inhuma à Saint-Maurice d’Angers, auprès de son mari, Louis II d’Anjou, qu’elle aima d’un amour d’autant plus vif qu’il était presque toujours en train de courir après ses chimères italiennes. On lui reprocha son comportement ingrat envers la Pucelle. Elle méritait pourtant que l’Histoire retînt son nom : elle avait contribué à fabriquer le mythe de Jeanne, à sauver le roi et la France.
    Un matin de l’an 1444, au retour de la chasse, le roi trouva près d’un grand feu l’épouse du roi René, Isabelle de Lorraine, accompagnée d’une jeune femme à la mise sobre et au regard timide. Elle se nommait Agnès. Son père, Jean Sorel, était seigneur de Saint-Géran, modeste apanage de Touraine. Isabelle avait une idée en tête en présentant au roi ce joli tendron. Il lui fit les yeux doux ; elle répondit par un sourire qui allait lui ouvrir une carrière de favorite et jeter aux oubliettes les petites maîtresses de Sa Majesté. Charles lui fit quelques années plus tard un présent royal : le château de Beauté-sur-Marne, proche de Paris. Elle devint la Dame de Beauté, un titre à double face, qui lui allait comme un gant.
    Charles voulut se donner à la fois à l’amour et à la guerre. Il fit la guerre. Quant à l’amour... c’était compter sans l’hostilité du dauphin Louis à qui la belle dame faisait ombrage : Agnès avait donné à son amant royal quatre bâtardes en six ans. Louis se dit qu’un bâtard eût risqué de compromettre son avenir. On trouva la Dame de Beauté morte en l’abbaye de Jumièges. Empoisonnée, dit-on, par le dauphin Louis. On ne prête qu’aux riches...
     
    La Lorraine et le Barrois étaient décidément la terre des prodiges.
    À peine Jeanne disparue surgit une nouvelle prophétesse prénommée Claude. Elle fit répandre autour d’elle une nouvelle stupéfiante : Jeanne n’avait pas été brûlée à Rouen ; on avait livré au bourreau une autre garce. Jeanne vivait et c’était elle,
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