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La couronne de feu

La couronne de feu

Titel: La couronne de feu
Autoren: Michel Peyramaure
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des femmes. Peut-être à Paris. Elle aurait bien aimé que ce fût Paris où il serait plus facile à ses compagnons de venir la délivrer. Ensuite, elle se rendrait auprès du roi, puis, à moins qu’il ne sollicite de nouveau son aide, elle reprendrait la route de Domrémy ou d’Orléans, où sa maison l’attendait.
    Le lendemain, John Berwoit avait disparu. William Talbot apprit à Jeanne qu’il avait été envoyé en mission sur la côte et qu’il était parti avant l’aube pour ne pas la réveiller. Le jeune capitaine ignorait tout des motifs de cette mutation ; l’huissier de même.
    Comme le lui intimait la sentence d’abjuration, elle revêtit l’habit de femme que la duchesse de Bedford avait fait de nouveau déposer sur le grabat. Elle ne tarda pas à regretter ce mouvement d’obéissance. Au cours de la nuit elle vit des ombres pénétrer dans sa geôle à la clarté louche d’une lanterne de corne et s’agiter autour de son grabat. Des mains couraient sur son corps comme de grosses araignées, fouillaient sous sa robe, glissaient le long de ses cuisses. Elle se débattit, fit un tel vacarme qu’en un instant sa geôle fut désertée.
    Le matin, elle reprit ses habits d’homme, noua ses chausses plus serré, toute frémissante encore du danger qu’elle avait encouru.
    Scandale pour les membres du tribunal ! Prévenus par William Talbot de ce nouveau changement de tenue, ils surgirent dans sa cellule alors qu’elle distribuait des miettes à son pigeon.
    – Que signifie, Jeanne ? s’écria Nicolas Loiseleur. Encore un de tes tours ? Tu es incorrigible ! Sais-tu ce que tu risques en revenant sur ton abjuration et en reprenant les habits d’homme ?
    Elle répondit qu’elle l’ignorait ou ne s’en souvenait plus.
    – Dans la dernière cédule d’abjuration que tu as signée, il était stipulé que tu renonçais aux habits d’homme. C’était une des conditions de ton pardon. Tu viens de trahir ta parole. Tu es donc considérée comme relapse ! Pourquoi cette nouvelle provocation ?
    Elle nia toute provocation de sa part. Elle n’avait accompli ce geste que pour sa sécurité. Elle raconta ce qui lui était arrivé la nuit passée. William Talbot démentit : ç’avait été une nuit ordinaire ; cette fille était folle.
    – Encore une machination de l’évêque ! s’écria-t-elle. Pourquoi n’est-il pas là ? Aurait-il honte de ses actes ?
    Les religieux échangèrent un regard perplexe.
    – Je crois ce que je vois ! dit Beaupère. Tu as fait le serment de renoncer à cette tenue. Tu t’es parjurée. Tu es donc jugée relapse !
    – Fallait-il que je laisse ces houspilleurs abuser de moi pour mériter ma grâce ? J’ai peut-être failli à ma parole mais vous, mes juges, vous l’avez fait cent fois !
    Pierre Maurice s’avança vers elle, un sourire aux lèvres, et lui dit de sa voix la plus suave :
    – Et tes voix, Jeanne, que pensent-elles de ton attitude ?
    – Elles m’ont jugée sévèrement, me reprochant d’avoir trahi ma foi pour sauver ma vie. Elles m’ont prévenue que je risquais la damnation éternelle. Tout ce que j’ai dit était par peur du bûcher, mais je préfère mourir plutôt que d’être violée ou de rester en prison le restant de mes jours sous la garde de soldats.
    Nicolas Loiseleur se pencha à l’oreille de Pierre Maurice.
    – Cette réponse de Jeanne, dit-il, va lui coûter la vie.
    Ils se retirèrent tête basse, sans ajouter un mot.
     
    Dans les heures qui suivirent, prévenu du nouveau comportement de la rebelle, l’évêque réunit son tribunal une dernière fois pour lui demander son avis. Pour tous l’affaire était jugée : Jeanne devait être brûlée.
    Certains proposèrent, avant de la livrer au bras séculier, de lui relire la dernière cédule d’abjuration que, de toute évidence, elle avait signée sans en comprendre un traître mot, et de lui demander les raisons qui lui avaient fait reprendre sa tenue masculine. Un prêtre anglais s’écria qu’il se faisait fort d’envoyer au bûcher, pour tenir compagnie à la sorcière, ceux qui s’acharnaient à vouloir la sauver. Tous baissèrent l’échine devant cette menace, sauf deux clercs qui souhaitèrent qu’on agît avec elle avec douceur. Un autre réclama au contraire la plus grande fermeté.
    L’évêque remercia ses assesseurs de leur concours qui, dit-il, lui avait permis de juger comme de droit et de raison .
    – Dès demain, je ferai tenir à la condamnée
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