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La couronne de feu

La couronne de feu

Titel: La couronne de feu
Autoren: Michel Peyramaure
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Soudain, en présence de ces rapaces, elle sent sourdre en elle un sursaut d’énergie.
    On en vient à la sentence.
    L’évêque en a fait préparer deux versions : l’une au cas où la prévenue se soumettrait, ce qui lui éviterait l’excommunication ; l’autre en prévision d’un nouveau refus de reconnaître ses erreurs, qui la livrerait au bourreau.
    Descendu de son perchoir, Pierre Cauchon s’approche de Jeanne pour lui donner lecture de la deuxième sentence. Autour d’eux des voix pressent la Pucelle d’adjurer et notamment de renoncer à son habit d’homme. Érard insiste pour qu’elle songe à son salut.
    L’évêque s’apprête à lire la seconde sentence quand des rumeurs montent de la foule, tandis que des officiers et des soldats anglais vocifèrent :
    – Assez perdu de temps en parlottes, l’évêque !
    – Qu’en envoie cette putain au bûcher sans plus tarder !
    – À mort la Pucelle !
    Un groupe de garnements vient de franchir le cordon d’archers en passant entre leurs jambes, se précipite vers la croix de pierre, escalade le socle, s’accroche au fût et lance les injures qu’on leur a apprises. Projetée par l’un d’eux une pierre atterrit sur la grande tribune, d’autres sur la cuirasse des archers qui montent la garde devant elle. Jean Lemaître se lève et, très pâle, s’apprête à se retirer ; il vient de prendre de nouveau le tribunal en flagrant délit d’irrégularité : Jeanne a bel et bien le droit de faire appel à Rome ! Il s’arrête, regagne sa place. Il vient d’entendre Jeanne, à genoux, mains jointes, crier :
    – Je m’en rapporte à mes juges ! J’accepte d’abjurer !
    La confusion qui suit ces propos devient dangereuse. La populace vient de forcer la palissade, d’écarter les archers ; elle se rue à travers la place en poussant des cris de mort. Un négociant anglais s’avance jusqu’au pied de la tribune des juges en hurlant dans un mauvais français :
    – Qu’attend-on pour brûler cette fille ? Chez nous, en Angleterre, on envoie les sorcières au bûcher sans jugement. Vous êtes les complices de cette garce !
    Hors de lui, Jean Lemaître lui jette au visage :
    – Nous ne sommes pas en Angleterre ! Gardes, éloignez ce perturbateur !
    D’autres surviennent, qui menacent les juges de les jeter à la Seine.
    – Capitaine ! lance l’évêque, rouge comme une crête de coq, faites cesser cette chienlit, sinon j’interromps ce procès !
    Le calme rétabli, il achève la lecture de la seconde sentence, prudemment écourtée. Jeanne l’écoute avec attention et, soit qu’elle n’en ait pas saisi la teneur, soit que la rumeur de la populace ait couvert la voix du prélat, elle déclare n’avoir pas compris et demande qu’on lui laisse le temps de prendre conseil de ses voix.
    – Je doute, objecte Érard, qu’elles puissent se faire entendre dans ce tumulte ! Demandez plutôt conseil à Jean Massieu.
    L’huissier résume les deux sentences et lui demande de faire son choix. Elle bredouille :
    – Si l’avis de ce tribunal est que je signe pour assurer mon salut, eh bien, je signerai.
    Tandis que Massieu rapporte aux juges l’avis de Jeanne, elle change brusquement d’avis, s’écrie qu’elle préfère être brûlée que de signer une telle abjuration. Aurait-elle reçu in extremis l’avis d’une de ses voix ? Érard, furibond, entreprend de lui lire à son tour les deux sentences, mélange les feuillets que lui a laissés l’évêque, bafouille, peste contre un tel désordre...
    Un des tabellions du roi d’Angleterre, Laurent Calot, s’est avancé vers l’ambon occupé par la Pucelle. Il tire de sa ceinture un feuillet, écarte Érard et demande à Jeanne de le signer. Elle prend d’une main tremblante la plume que lui tend le tabellion, forme laborieusement les lettres qui composent le nom de Jehanne , y ajoute un rond : une astuce qu’elle utilisait jadis pour faire comprendre que ce courrier n’avait aucune valeur et qu’il ne fallait pas en tenir compte. En tendant le feuillet à Calot elle éclate de rire.
    Son attention est attirée par une violente querelle qui vient d’éclater sur la tribune des juges. Un chapelain du cardinal de Winchester s’écrie :
    – Une telle abjuration est une dérision, monseigneur ! Vous aurez à vous en expliquer ! Par votre faute cette fille risque de nous échapper !
    – Je suis juge en matière religieuse ! réplique Pierre Cauchon. C’est le salut de l’accusée qui
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