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La couronne de feu

La couronne de feu

Titel: La couronne de feu
Autoren: Michel Peyramaure
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m’importe, pas son supplice !
    – Si Jeanne ne reçoit pas le châtiment qu’elle mérite, menace Warwick, Sa Majesté sera furieuse !
    – Dites-lui de ne pas s’inquiéter, messire ! Il est vrai que, pour l’heure, cette fille nous cause quelque tracas, mais nous la rattraperons bien d’une manière ou d’une autre.
    Lorsque l’évêque, hué par la foule venue assister à un supplice et qui se voyait flouée, ordonna à Massieu de ramener Jeanne dans sa prison, elle protesta et se débattit :
    – Laissez-moi ! cria-t-elle. Je ne veux pas retourner dans ma geôle. Je me suis réconciliée avec l’Église. C’est à elle de me garder.
    Les archers répliquent par des sarcasmes :
    – Si tu crois nous échapper, sorcière...
    – Quoi que tu fasses on aura ta peau !
    – Tu as cessé de nuire. Va falloir payer !
    Avant de reprendre place sur le chariot dans un vacarme croissant de voix haineuses, elle a un dernier regard vers la tribune des juges. Ils ont disparu. Seul demeure, entre ombre et lumière, une sorte d’ange noir qui tient un crucifix contre sa poitrine et fixe Jeanne intensément : Pierre Maurice. Sa voix doucereuse est encore présente à sa mémoire.
    À l’arrière du chariot qui les ramène au château, escortés par une foule hurlante qui lance des injures et des pierres, Massieu dit à la Pucelle :
    – Ce procès est une infamie. Il a accumulé les irrégularités. La dernière suffirait à le rendre nul : après avoir obtenu ton abjuration l’évêque te remet aux Anglais !
    Il sent la pointe d’une lance contre sa bosse : un soldat lui ordonne de se taire.
     
    Le vicaire de l’inquisiteur, Jean Lemaître, l’a précédée dans sa geôle. Elle l’interpelle sévèrement :
    – Que faites-vous là ? Vous avez obtenu ce que vous souhaitiez ? Que voulez-vous encore ? Si c’est l’évêque qui vous envoie...
    – Je suis venu de mon plein gré pour t’éclairer. Les termes de l’abjuration que tu as signée m’ont échappé dans le tumulte, comme à la plupart des témoins. Un tumulte organisé, me semble-t-il, pour causer une grande confusion à seule fin de te troubler et de te faire signer n’importe quoi. Alors, écoute-moi, Jeanne : si tu veux échapper au bûcher il faudra dire amen à tout ce qu’on te demandera, y compris te laisser raser la tête et changer de tenue. Puis-je compter sur ta soumission ?
    Jeanne se contente de hocher la tête.
     
    Sans en avoir conscience, la Pucelle avait trouvé une alliée dans la duchesse de Bedford : cette grande dame l’avait prise en sympathie et avait menacé les houspilleurs de représailles s’ils maltraitaient la prisonnière. Certaine que l’obstination de Jeanne à garder ses habits d’homme constituait une charge sérieuse aux yeux de ses juges, elle lui avait fait confectionner une robe par son tailleur, Jeannotin. La Pucelle avait refusé de la mettre, prétextant que l’habit masculin était une sûre défense contre les houspilleurs qui parlaient souvent de la violer.
    Berwoit tint à lui raser lui-même le crâne. Elle en éprouva autant de déplaisir que lorsque l’épouse de Le Royer, le forgeron-charron de Vaucouleurs, avait tranché sa chevelure de fille pour lui faire une tête de soldat. Avait-elle conservé quelques boucles comme elle le lui avait promis ?
    Elle eut la surprise d’entendre Berwoit lui dire :
    – Avec ta permission, je vais envoyer quelques mèches à mon épouse qui m’attend en Angleterre. J’en choisirai qui soient exemptes de vermine.
    – Gare, John ! Vous risquez d’être accusé d’idolâtrie, si le gros évêque l’apprenait :
    Il lui souffla à l’oreille :
    – Ce gros goret ne me fait pas peur. Avant qu’il puisse m’attraper il aurait trois pouces de bon acier anglais dans la panse.
    Il ajouta :
    – Sais-tu que sir Richard, ses officiers, ses archers sont furieux de voir que tu risques de leur échapper ? Je suis peut-être le seul à m’en réjouir, mais je serais bien satisfait si tu te dérobais à leurs griffes. Je n’aurais qu’un regret : c’est que tu me quittes. Cela fait des mois que nous vivons sous le même toit, que nous partageons la même nourriture...
    Singulièrement, Jeanne n’éprouvait aucun remords de son abjuration : il est de pieux mensonges qui peuvent soulager. Elle se disait qu’elle ne resterait plus longtemps dans ce donjon ; on allait venir la chercher pour la transférer dans une prison d’Église où elle serait gardée par
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