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La Cour des miracles

Titel: La Cour des miracles
Autoren: Michel Zévaco
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soulevèrent-ils, l’emportèrent-ils, catapulte tonnante qui, du premier coup, furieusement assénée, fracassa, émietta la lourde porte ?…
    Puis il y eut l’infernal bondissement des six qui, pêle-mêle, sanglants, n’ayant plus face humaine, firent irruption.
    Debout derrière des fauteuils entassés, Gillette, en arrêt, se défendait encore !
    Au même instant, Manfred fut sur elle…
    Elle eut un sourire d’extase, d’orgueil, de joie surhumaine, et ferma les yeux, évanouie de bonheur d’être si brusquement
rassurée.
    Il l’empoigna, la jeta sur son épaule, avec le grognement bref de l’homme qui remet à plus tard de s’émouvoir ; d’une main, il la contenait, de l’autre, il brandissait son poignard… Hébété, stupide d’un étonnement sans nom, le roi bégayait des appels qu’il croyait déchirants et qui franchissaient à peine le bord de ses lèvres.
    Manfred s’était élancé vers l’antichambre.
    Les cinq l’entouraient en courant…
    L’antichambre franchie, ils se jetèrent dans le couloir.
    Des cris éclataient maintenant.
    – C’est chez Sa Majesté ! criaient des voix.
    Cinq, dix, vingt gentilshommes apparurent, la plupart à peine vêtus.
    Les six foncèrent.
    Ragastens s’était mis en tête.
    Sa lourde épée jetait dans le clair-obscur du couloir ses flamboiements.
    Il frappait comme avec une cravache, et dans sa main, la rapière sifflait, fouettait, des cris féroces retentissaient.
    Et le couloir, sur l’espace d’une douzaine de pas, jusqu’au haut de l’escalier qui conduisait au parc, devint une piste sanglante.
    Les six étaient tous blessés.
    Mais des cadavres gisaient çà et là…
    Derrière eux, le hurlement de délire du roi revenu de sa stupeur éclata :
    – Arrête ! Arrête !… Tue !… Tue !…
    Livide et rugissant, François I er accourait, un poignard à la main.
    Et lorsqu’il arriva au haut de l’escalier, une vision d’enfer emplit son regard :
    Manfred, en bonds frénétiques, descendait l’escalier.
    Sur ses épaules, Gillette… Autour de lui, quatre hommes, quatre démons.
    Et la foule des courtisans qu’ils avaient franchie, trouée comme un boulet, maintenant, voltigeait, hurlante, autour d’un être fabuleux qui sur la première marche, à lui seul, avec un formidable moulinet d’où giclait un rire plus formidable, contenait la meute !…
    – Triboulet !… Triboulet !… Triboulet !…
    Le triple cri où il y avait de l’épouvante superstitieuse, de l’horreur, de la haine, de la joie féroce, le triple cri écuma sur les lèvres de François I er .
    – Triboulet ! répéta le délire hurlant des courtisans qui, à peine réveillés, crurent entendre, à ce nom, la trompette du jugement dernier…
    Quoi ! Triboulet n’était pas mort !
    Quoi ! Son cadavre sortait de la Bastille où l’on savait bien que le bouffon avait lentement crevé au fond d’une basse fosse !
    Etait-ce un vertige ? une hallucination’?…
    – Triboulet ! oui, Triboulet ! éclata le bouffon. Triboulet, sire !… Triboulet, messieurs les seigneurs ! Bonjour, Majesté ! Bonsoir, pourriture ! Bas les pattes, chiens ! Gare au fouet du bouffon !…
    q

Chapitre 39 DU BOUFFON AU ROI DE FRANCE
    L a cohue des assaillants riposta par un hurlement de rage, et dix épées pointèrent à la fois sur Triboulet. Une le toucha au front, une autre à l’épaule.
    Il descendit deux marches, se couvrant d’un large moulinet, flamboyante barrière infranchissable pour les assaillants qui, pressés, serrés, se gênaient, se portaient obstacle, tandis que, seul, il emplissait la largeur de l’escalier par l’éclair ininterrompu de sa lourde rapière sifflante…
    La manœuvre était audacieuse jusqu’à la folie.
    Triboulet le savait.
    Il mourrait ! Oui ! Il mourrait accablé, écrasé, percé de cent coups… mais ses compagnons auraient le temps de mettre Gillette en sûreté !…
    Lentement, il descendit les marches, une à une.
    Deux ou trois minutes étaient déjà gagnées.
    Il tenait toujours bon, et sa voix railleuse, âpre, cinglait, fouettait les assaillants :
    – A vous, Monsieur de Brissac… êtes-vous toujours le premier cocu de France ?… Tiens ! ce cher marquis de Fleury… comment va votre aimable sœur, depuis que Sa Majesté l’a engrossie ?… Patience, Monsieur de Ce !… le Dauphin, à qui vous offrez votre, femme depuis cinq ans, se laissera émouvoir à la longue !…
    Il ruisselait
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