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La Cour des miracles

Titel: La Cour des miracles
Autoren: Michel Zévaco
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s’éveilla.
    Sa main, à son premier mouvement, toucha la lettre… Il l’ouvrit précipitamment et lut :
    « François… ô François… ô mon bien-aimé François… « celle qui a vécu d’amour pour toi, celle qui se meurt « d’amour… celle qui veut mourir d’amour sous tes derniers « baisers t’attend dans la tour… Viens, ô mon bien-aimé, viens « m’aimer une fois encore… puis, tu me tueras si tu veux… »
    Le roi passa sa main sur ses yeux, puis relut.
    – Cette lettre ! gronda-t-il, d’où vient cette lettre ?… Est-ce la suite de mes abominables cauchemars ? Oh ! ces rêves affreux où des femmes nues s’offrent, impudiques, au délire de mes baisers !… Et quand je veux les étreindre, il n’y a plus rien !… Oui… je dois rêver… Et pourtant non… Cette lettre !… je la touche, je la vois, je la lis ! Enfer ! Je reconnais ton écriture, ribaude damnée ! Et tes paroles versent en moi des laves de passion !… Ah ! tu es venue ! Ah ! tu t’es glissée jusqu’ici !… Ah ! tu veux… Eh bien, oui, j’irai… je saisirai le monstre et je l’étranglerai… je déchirerai de mes dents sa gorge palpitante… oui… je veux… attends, Madeleine… attends… je viens te tuer.
    En même temps, le roi rejeta violemment ses couvertures et commença à s’habiller, – seul, pour la première fois de sa vie. Ses yeux maintenant flamboyaient ; un double délire s’emparait de lui, et, malgré son épuisement, lui permettait de se tenir debout… délire érotique, délire de haine, – amour et fureur fermentaient ensemble dans sa tête surchauffée. Il grognait des choses sans nom.
    – Gillette, attends-moi… enfin ! tu es à moi… Oh ! cette lettre !… C’est toi qui l’as apportée, Satan !… Ribaude, meurs donc, empoisonneuse !
    En quelques minutes, il fut prêt, et, à sa ceinture, il passa un poignard solide, la lame nue.
    Au bruit qu’il fit, Bassignac entra et leva les bras au ciel.
    – Sire ! Sire ! supplia-t-il…
    – Tais-toi ! je veux aller à la tour.
    Il voulut se mettre en marche, mais il tomba épuisé sur un fauteuil…
    Un juron de fureur fit trembler le vieux valet de chambre.
    – Que se passe-t-il ? demandèrent plusieurs voix… En tête des nouveaux arrivants, Diane de Poitiers, attentive, l’esprit tendu.
    – A la tour ! grondait le roi. Qu’on me porte à la tour !…
    – Il faut satisfaire Sa Majesté ! s’écria Diane.
    Sur un signe d’elle, quatre vigoureux laquais soulevèrent le fauteuil et emportèrent le roi soudain apaisé.
    Quand il fut devant la porte, il put se soulever, se mit debout et se tourna vers ceux qui l’avaient suivi :
    – Que personne n’entre !… sous peine de mort ! Ce qui va se passer là ne regarde que moi…
    Courtisans et laquais reculèrent…
    Le roi entra et ferma la porte à clef…
    Alors Diane de Poitiers, ayant vu entrer François I er dans la chambre de la tour, courut à l’appartement du dauphin Henri, noir de monde, et, par un coup d’audace extraordinaire, remplaçant la formule consacrée, elle s’écria d’une voix triomphale :
    – Messieurs,
le roi va mourir…
Vive le roi !
    Et la foule énorme des courtisans, courbés autour du dauphin blafard, cria frénétiquement :
    – Vive le roi !
    Là-bas, François I er avait tout de suite saisi son poignard. Il s’avança en grondant. Il
la
cherchait dans la demi-obscurité. Cela dura une minute… et déjà les parfums d’amour déchaînaient en lui une tempête de volupté… Puis, hagard, délirant, comme emporté par le vertige d’un songe d’agonie, il reconnut le grand lit, le large lit, l’autel d’amour… Et alors, il
la
vit !… Elle était nue… elle était splendide, elle vibrait, palpitait, les bras tendus vers lui…
    Et il jeta son poignard… Il arracha ses vêtements…
    Elle avait sauté près de lui, elle l’aidait… et ils roulèrent sur le lit, dans une étreinte furieuse, reconquis tout entiers l’un par l’autre, oubliant leur haine, oubliant qu’ils étaient empoisonnés, ne voyant pas les pustules qui s’ouvraient, hideuses fleurs du mal, sur leurs lèvres et leurs seins !…
    Leurs rauques soupirs emplirent la chambre d’un balbutiement de mort et de délices… leurs haleines fétides se confondirent…
    Les heures sonnèrent… les heures passèrent… La nuit était profonde… Ils n’avaient pas allumé de flambeau…
    François I er , dans un
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