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La Cour des miracles

Titel: La Cour des miracles
Autoren: Michel Zévaco
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a-t-elle pu s’introduire au château ? Par quel effort d’imagination, par quelle patiente étude a-t-elle pu deviner la pensée secrète de Diane de Poitiers ?
    Peu importe !… Ce qui importe, c’est qu’elle est apparue un soir à Diane, qu’elle lui a longuement parlé, et que de cette femme supérieure en intrigue politique, elle a fait sa comparse, – disons mieux : sa complice.
    La chambre de la tour mystérieuse, Madeleine l’a transformée comme elle avait transformé la chambre où elle avait attiré le roi dans la maison de Fontainebleau. Là aussi, on retrouve le même lit large et profond, la même glace immense, les mêmes tentures de soie, les mêmes fauteuils qui, pendant si longtemps, avaient été familiers au roi de France. Quiconque entre là se trouve transporté comme par magie dans la maison de l’enclos des Tuileries, dans la chambre d’amour qui fut le témoin des caresses prodiguées à François I er par la prestigieuse magicienne de passion.
    L’entretien entre Madeleine Ferron et Diane de Poitiers a duré plus d’une heure.
    Enfin, Madeleine remet à Diane une lettre ; puis les deux femmes, debout, échangent un dernier regard de curiosité et d’horreur. C’est qu’à ce moment elles se font peur ; c’est qu’elles frissonnent de s’être si bien et si complètement devinées ; c’est qu’elles incarnent deux fantômes aussi terribles et sinistres l’un que l’autre : Diane incarne l’Ambition, et Madeleine incarne la Mort… Et elles se touchent, et il semble tout naturel qu’elles aient fini par prendre contact… Est-ce que la Mort ne trouve pas dans l’Ambition sa plus fidèle servante ? Est-ce que l’Ambition peut faire un pas qui ne soit guidé par la Mort ?…
    Il y a entre elles une minute de silence effrayant… puis elles se séparèrent.
    Ce jour-là, donc, Diane de Poitiers, en quittant Madeleine Ferron, se rendit dans l’appartement du dauphin et lui dit :
    – C’est pour bientôt !…
    Henri, fils de François I er , tressaillit et devint blafard… il s’appuya au bras de Montgomery que Triboulet n’avait pas, paraît-il, tout à fait étranglé, puisque le capitaine des gardes était là, plus en faveur que jamais, auprès du dauphin, ne quittant plus ses appartements et cherchant à assurer sa fortune sous le futur roi, servant la mortelle intrigue qui donnait la couronne au dauphin, avant de servir lui-même d’instrument à la destinée justicière qui devait faire de lui le meurtrier d’Henri II.
    Diane de Poitiers ne s’arrêta pas chez le dauphin.
    Elle parvint jusqu’aux appartements du roi. Bassignac, – dernier fidèle de François I er , – montait la faction dans la vaste antichambre déserte et désolée. A ce moment, le chirurgien sortit de la chambre du roi.
    – Eh bien ? lui demanda Diane.
    – Madame, il y a encore de l’espoir… mais…
    – Mais ?… interrogea-t-elle, palpitante.
    – Une nuit d’amour, une seule… et le roi mourra !
    Le chirurgien se retira en hâte, blême d’avoir dit ce qu’il venait de dire.
    – Bassignac, dit Diane, je veux voir le roi.
    – Mais Sa Majesté dort, madame. Le chirurgien vient de me l’assurer.
    – Affaire d’Etat ! dit rudement Diane, qui doucement ouvrit la porte, tandis que le serviteur reculait épouvanté.
    Diane s’arrêta sur le seuil, le roi dormait d’un sommeil, agité. Lentement, comme une ombre, elle se glissa jusqu’à son lit… Sur le drap, elle plaça, la lettre que venait de lui remettre Madeleine Ferron… puis recula, silencieuse, comme doivent reculer les grands criminels devant leur victime, regagna la porte, s’effaça, disparut…
    Le roi dort…
    Un léger râle sort de ses lèvres tuméfiées, presque noires, crevées de fièvre. Son front et ses pommettes sont d’un rose vif, tandis que les replis au nez et au menton sont d’une pâleur de cire. Sa poitrine découverte est plaquée de taches livides, et aux deux coins de la bouche, il semble que des mouches vénéneuses aient laissé la trace purulente de leur passage ; des érosions humides autour des paupières achèvent de donner à ce masque on ne sait quelle apparence putride.
    Des songes funestes traversent le sommeil de François I er . Il murmure des lambeaux de phrases où reviennent les noms d’Etienne Dolet, de Triboulet et de Gillette. Et un long frisson le secoue tout entier lorsqu’il prononce ce dernier nom…
    Vers six heures, le roi
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