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La Cour des miracles

Titel: La Cour des miracles
Autoren: Michel Zévaco
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Chapitre 1 TRUANDS ET RIBAUDES
    A l’époque dont nous essayons de donner une idée par le caractère des personnages et les aventures
possibles,
les choses publiques s’entouraient de moins de mystère qu’aujourd’hui.
    De nos jours une opération de police, une rafle, par exemple, demeure un secret tant qu’elle n’a pas été opérée.
    Les truands de la Cour des Miracles étaient tous au courant de l’expédition qui se préparait contre eux, sorte de rafle énorme imaginée par Monclar sous l’inspiration d’Ignace de Loyola.
    La seule chose qu’on ignorât parmi les truands, c’était le jour où l’attaque aurait lieu.
    En attendant, la Cour des Miracles s’était préparée à soutenir un véritable siège.
    Le roi d’Argot – le mendiant Tricot – avait fort habilement répandu le bruit que l’expédition n’aurait pas lieu, mais grâce aux conseils de Manfred et de Lanthenay, on avait agi comme si les gens du roi eussent été sur le point d’arriver.
    C’est-à-dire qu’on avait entassé des provisions, et qu’on avait fortement barricadé les ruelles qui aboutissaient à la Cour des Miracles.
    Tricot, d’abord opposé à toute résistance, avait feint de prendre au sérieux son rôle de général d’armée.
    Ce soir-là, comme d’habitude, il avait placé des sentinelles avancées dans les rues qui avoisinaient le vaste quadrilatère. Seulement, ces sentinelles étaient des créatures à lui, et à chacune il avait donné pour mot d’ordre :
    – Ne rien dire, et laisser passer !
    Ces quelques explications données, revenons à Ragastens.
    Le chevalier et Spadacape s’étaient rapidement éloignés de la rue Saint Denis, se dirigeant par le plus court vers la Cour des Miracles. Ragastens était soucieux.
    Il fallait coûte que coûte arriver jusqu’à Manfred.
    Or, il s’était heurté à de si étranges difficultés toutes les fois qu’il avait voulu entrer sur le territoire de l’Argot qu’il désespérait presque d’y pouvoir pénétrer.
    – Monseigneur, dit Spadacape en souriant dans sa terrible moustache, savez-vous à quoi je pensais quand nous étions enfermés dans le caveau de l’enclos des Tuileries ?
    – Non, mais je serais content que tu me le dises.
    – Je pensais que si, par hasard, un des soldats avait eu soif, et qu’il eût voulu boire du vin de notre futaille…
    – Je devine le reste : nous étions obligés d’en découdre. Mais pourquoi cette réminiscence ?
    – Pour rien ; parce que je pensais que des gens qui ont soif sont capables de tout, même d’oublier une consigne.
    – Je vois ce que tu veux dire. Mauvais moyen ! J’en ai essayé… Non, j’ai une autre idée qui réussira peut-être. Allons…
    Bientôt, ils se trouvèrent dans le dédale d’infectes et sombres ruelles qui formait un inextricable réseau autour du domaine des truands.
    L’idée de Ragastens était de raconter au premier truand qui voudrait l’empêcher de passer, ce qu’il venait d’apprendre de la bouche du roi lui-même, c’est-à-dire qu’à minuit, l’empire d’Argot allait être attaqué par toutes les forces de Monclar.
    A son grand étonnement, il avançait sans encombre.
    Tout à coup, il se trouva dans une ruelle au milieu de laquelle se dressait une barricade.
    – Ah ! ah ! pensa-t-il paraît que nos gens étaient sur leurs gardes ! C’est ici que nous allons être arrêtés.
    Un homme se dressa près de lui.
    – Mon ami, dit Ragastens, il faut que je passe, il y va de notre vie à tous.
    – Vous êtes de la cour ? fit l’homme, Passez.
    C’était une des sentinelles de Tricot.
    – De quelle cour veut-t-il parler ? se dit Ragastens.
    Et il enjamba rapidement les obstacles accumulés dans cet endroit.
    Sans plus se demander ce que signifiait cette extraordinaire facilité qui lui était donnée, surtout en un moment où plus que jamais les défiances des truands devaient être éveillées, Ragastens poursuivit son chemin.
    Et ce lui fût une violente émotion que d’apercevoir au bout de la ruelle une vaste place éclairée par des feux.
    Quelques secondes plus tard, il était dans la Cour des Miracles. Il s’arrêta d’abord pour s’orienter, s’il pouvait, et jeter un coup d’œil sur l’étrange spectacle qui se déroulait autour de lui.
    Cinq ou six brasiers allumés de distance en distance brûlaient avec des flammes lourdes enveloppées de fumées ; par moments un coup de vent chassait la fumée, et
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