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La Cour des miracles

Titel: La Cour des miracles
Autoren: Michel Zévaco
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dit :
    – Monsieur, je m’ennuie à Fontainebleau. Prenez vos mesures pour que dès demain nous puissions partir pour Rambouillet.
    Nous ne suivrons pas le chevalier de Ragastens et ses compagnons dans leur voyage à Paris où ils ne séjournèrent que quelques heures pour repartir aussitôt dans la direction de l’Italie.
    Nous dirons seulement que la mort de Fleurial fut cachée à Gillette le plus longtemps possible.
    Le jour vint cependant où la princesse Béatrix dut lui avouer la vérité. Gillette faillit mourir de douleur.
    Mais elle était bien jeune…
    Mais elle voyait Manfred si désespéré de son désespoir, si triste de sa tristesse, que, peu à peu, elle essaya tout au moins de dissimuler sa désolation…
    Puis cette grande douleur s’effaça lentement – comme s’effacent toutes les grandes douleurs humaines – le temps et l’amour, ces deux grands consolateurs, apaisèrent l’âme endeuillée de Gillette.
    Dans Monteforte, jolie ville d’Italie où ils s’étaient réfugiés, le chevalier de Ragastens avait fait élever au milieu d’un jardin un monument de marbre blanc à la mémoire de Triboulet et d’Etienne Dolet.
    Deux familles nouvelles s’étaient fondées dans ce coin paisible et riant.
    Le 15 juin de l’année où se passèrent les derniers événements que nous avons racontés, un double mariage unit Manfred et Gillette, Lanthenay et Avette.
    Cette cérémonie de joie, dans la radieuse journée d’été où elle s’accomplit, fut comme voilée de mélancolie… Les deux jeunes femmes, chacune de son côté, murmurèrent :
    – Oh ! mon père, que n’es-tu là !…
    Quant au comte de Monclar, il ne recouvra jamais la raison. Les terribles événements qu’avait inspirés et dirigés Ignace de Loyola avaient pour toujours jeté sur ce cerveau la nuit de la folie. Mais cette folie était douce.
    Il s’était épris d’une singulière affection pour Avette, qui l’entourait de soins touchants.
    Et pour qui eût su quelle part l’ancien grand prévôt avait prise au supplice d’Etienne Dolet, c’eût été un spectacle d’une indicible émotion que de voir la fille du supplicié sourire avec une si belle tendresse au bourreau de son père…
    Il est vrai que ce bourreau était le père de son mari !
    q

Chapitre 41 RAMBOUILLET
    L es voyageurs que leur caprice, leurs affaires ou simplement le hasard amènent à Rambouillet vont presque tous visiter le vieux château classé parmi les monuments historiques de France.
    Là, comme dans tous les « monuments historiques », il y a un gardien, qui commence par promener ses
clients
de passage à travers les vastes salons qui évoquent des visions de fêtes où des marquises poudrées font vis-à-vis à des marquis galants en des pavanes à révérences ; il n’a garde de vous faire grâce d’un trumeau, d’un feston, d’une astragale. Puis enfin, il vous conduit à un couloir écarté qui aboutit à une cour isolée et on se croit tout à coup transporté bien loin du château.
    La pièce où nous venons d’entrer est de médiocre dimension. Elle donne sur le parc. Elle est nue.
    Elle est triste, d’une pesante tristesse qu’on cherche vainement à secouer.
    Et le gardien vous dit :
    – C’est là qu’est mort le roi François I er …
    Puis, quand son petit effet est produit, quand il voit ses auditeurs impressionnés à son gré, le brave gardien ajoute :
    – Chose étrange,
François
I er voulut être transporté
dans cette pièce écartée pour y mourir…
il ne voulut pas rester dans sa chambre, il ne voulut pas que son agonie fût entourée de soins et de sympathies :
on ne sait pourquoi,
mais il se fit transporter ici… et il voulut y être seul !
    Et dans l’imagination du visiteur s’éveille cette funèbre vision du vieux roi qui veut mourir seul, loin de son appartement, loin de son fils, loin de ses amis, loin de tout.
    Pourquoi !…
    C’est cette curieuse et mystérieuse particularité que nous allons éclairer et qui servira d’épilogue à notre récit.
    Ceci se passait environ vingt jours après la mort tragique de Triboulet.
    Dans la chambre de la tour mystérieuse et lointaine où personne ne pénètre, deux femmes causaient à voix basse.
    C’étaient Madeleine Ferron et Diane de Poitiers.
    Madeleine a suivi la cour à Rambouillet. Elle suit sans déviation la ligne qu’elle s’est tracée. Elle est comme l’ombre funèbre qui marche dans le sillon du roi… Comment
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