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La Cour des miracles

Titel: La Cour des miracles
Autoren: Michel Zévaco
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par dire : il n’y a que les morts qui ne disent plus rien !
    Froidement, il tira sa dague et en tâta la pointe sur son genou.
    On n’entendait aucun bruit. Sous la porte entr’ouverte, Sansac voyait le même rais de lumière paisible.
    Le gentilhomme entra. Du premier coup d’œil, il vit que Margentine n’était plus là.
    – Elle se sera traînée dans la pièce voisine, se dit-il.
    Il visita successivement les trois pièces et, ne trouvant personne, revint dans la première, et s’avança vers la porte en maugréant :
    – Au diable la donzelle ! Comment la trouver dans le parc ? Il y fait noir comme au four de messer Satanas… Oh ! oh ! serait-ce justement M. Satan ?
    En effet, au moment où il arrivait au seuil de la porte, une ombre s’était dressée devant lui, puis une autre… Sansac compta six hommes qui silencieusement entrèrent et refermèrent la porte.
    – Qui êtes-vous ? demanda Sansac d’une voix ferme.
    L’un des hommes fit un pas en avant des autres, en disant :
    – Cet homme m’appartient. Que nul ne bouge… Monsieur, ajouta-t-il en s’adressant à Sansac, n’êtes-vous pas un de ces lâches qui, certain soir de l’hiver dernier, se mirent à quatre pour enlever une jeune fille près de la Croix-du-Trahoir ?…
    – Enfer ! vociféra Sansac, c’est le truand !
    – Ah ! ah ! Tu me reconnais ! Moi je t’ai reconnu tout de suite au coup dont je t’ai cravaché le visage pour que tu portes à jamais la marque de mon mépris… Défends-toi !…
    Et Manfred, laissant glisser son manteau, tomba en garde, l’épée à la main.
    Sansac, livide de fureur, avait dégainé de son côté, en grondant :
    – Voilà assez longtemps que je te cherche, truand !…
    Les deux fers s’étaient choqués et les adversaires se portaient botte sur botte.
    – Que venais-tu chercher ici ? reprit Manfred ; encore quelque fille à larronner ? Car vous n’êtes braves qu’avec les femmes, messieurs de la cour, et encore vous vous y mettez à plusieurs !…
    – C’est comme vous autres, truands. Vous venez à six pour assassiner un homme. Mais l’homme ne se laissera pas faire sans vous écorcher un peu !…
    – Rangez-vous, messieurs ! cria Manfred à ses compagnons. Il ne faut pas que le larron s’imagine qu’on lui a fait l’honneur de venir à six pour lui. Un seul de nous suffit pour quatre des leurs !
    – Prends garde, mon enfant ! s’écria anxieusement le chevalier de Ragastens.
    En effet, non seulement Sansac se défendait habilement, mais encore il attaquait avec un terrible sang-froid.
    Une goutte de sang apparut tout à coup sur la main de Manfred ; il venait d’être touché.
    – C’est pour te mettre en goût ! ricana Sansac.
    D’un geste prompt comme la foudre, Manfred changea son épée de main, prit sa garde à gauche, et soudain, liant la lame de son adversaire, il le poussa violemment jusqu’au mur, puis se ramassa, puis se détendit, bondit, son épée fila, s’enfonçant dans la poitrine de son adversaire, et alla se briser contre le mur…
    Sansac demeura debout quelques secondes, les yeux exorbités, la bouche rouge d’une écume de sang.
    Puis, sans un cri, avec seulement un soupir d’une tristesse infinie, il glissa le long du mur et tomba lourdement sur le flanc : il était mort…
    – Causons maintenant, dit Manfred en se tournant vers ses compagnons sans plus s’inquiéter de Sansac.
    Il avait seulement échangé son épée brisée contre celle du mort.
    – Messieurs, dit Madeleine Ferron, je vous ai amenés ici afin que nous puissions tranquillement prendre nos mesures. Gillette et Margentine sa mère étaient dans ce pavillon, il y a deux heures à peine. Mon plan était de les conduire toutes deux jusqu’à la porte dérobée. Je suis sortie pour m’assurer que ce plan était réalisable. Lorsque je suis rentrée, Gillette avait disparu.
    Un rauque juron échappa à Manfred.
    – Patience, mon fils, dit le chevalier.
    – Messieurs, reprit Madeleine, je trouvai Margentine évanouie. Je la ranimai. Elle me dit qu’en mon absence le roi était venu et avait emporté sa fille. Quant à elle, un coup qu’on lui avait porté à la tête l’avait étendue sur le carreau. Voici donc la situation. Gillette est en ce moment au château. Mais où ?
    Une sorte de gémissement, plus terrible qu’une menace de mort, monta aux lèvres de Manfred.
    Avec le calme et le sang-froid d’un chirurgien qui
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