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La Cour des miracles

Titel: La Cour des miracles
Autoren: Michel Zévaco
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Haletants et hagards, tous les trois rentrèrent dans le parc.
    Spadacape était resté sur le siège de la voiture.
    Ivre de joie, Margentine ranimait Gillette de ses caresses.
    Madeleine Ferron, ayant dit adieu à Ragastens, s’était glissée vers le château. Elle avait vu, elle, que Triboulet s’était arrêté et elle avait deviné son projet.
    Qu’allait-elle faire elle-même ? Elle ne savait pas au juste.
    Elle voulait surtout, avant tout, voir la figure du roi à qui on venait d’arracher Gillette…
    Elle se glissa d’arbre en arbre et arriva ainsi, guidée par le tumulte, devant l’escalier qu’elle venait de descendre avec Manfred et ses compagnons. Elle y arriva au moment où se levait la main sanglante de Triboulet pour retomber sur le visage de François I er .
    Dans une vision d’horreur, elle eut ce spectacle inouï du bouffon souffletant le roi de son mot énorme, le souffletant de sa main, et tombant ensuite sous les coups, de poignard…
    Alors, elle entendit la voix de François I er hurler :
    – Dans le parc ! Ils sont dans le parc ! Cherchez !
    Madeleine alors se jeta en courant du côté de la porte dérobée. Elle eut l’intuition que Ragastens et ses amis voudraient attendre Fleurial, et elle voulait les prévenir.
    A quelques pas de la porte, elle les rencontra qui entraient dans le parc.
    – 
C’est inutile,
dit-elle froidement :
Il est mort !
    – 
Fleurial… firent les trois hommes dans une même exclamation douloureuse.
    – Il est mort, vous dis-je ! Je l’ai vu tomber sous dix poignards… Fuyez !
    Des cris retentissaient dans le parc.
    Les sentinelles se répondaient l’une à l’autre.
    Des lumières couraient…
    – Mort ! sanglota Manfred. Mort pour elle ! Mort pour nous ! Pauvre Triboulet… Habit de bouffon, cœur de héros…
    – Alerte ! dit Lanthenay.
    – Fuyez ! fuyez ! répétait Madeleine.
    Ragastens et Lanthenay entraînèrent Manfred.
    Une minute plus tard, ils étaient à cheval, autour de la voiture qui partait à fond de train et bientôt roulait sur la route de Paris.
    Quant à Madeleine Ferron, elle était restée dans le parc.
    Comment échappa-t-elle à la battue qui fut organisée ?
    Tous les pavillons qui s’élevaient dans le parc furent soigneusement fouillés de fond en comble, y compris le pavillon des gardes.
    Mais enfin, on finit par s’apercevoir au bout de deux heures que la petite porte dérobée était ouverte.
    Les sentinelles voisines, interrogées, ne surent que répondre. Ces deux malheureux furent jetés en prison.
    On retrouva alors le cadavre de la sentinelle que Madeleine Ferron avait poignardée.
    La conclusion générale fut que les truands – car nul ne songeait à la Belle Ferronnière – avaient fui par la porte trouvée ouverte. Ils étaient sans doute déjà bien loin.
    Le roi, d’ailleurs, ne donna aucun ordre à ce sujet.
    Lorsqu’il avait vu tomber Triboulet, il était lentement remonté à son appartement.
    Les personnes qui virent François I er à ce moment-là certifièrent plus tard que le roi, en ces quelques minutes, avait vieilli de dix ans.
    La foudroyante excitation produite par le philtre d’amour était en effet tombée tout d’un coup. Les forces qu’avait avivées le breuvage, le roi les avait pour ainsi dire gaspillées dans ces quelques minutes de rage poussée à son paroxysme.
    Il apparut à tous que le soufflet de Triboulet avait tué le roi aussi sûrement que les poignards avaient tué le bouffon.
    Lorsqu’on vint annoncer à François I er que toute recherche avait été vaine et que les truands avaient probablement fui par la petite porte dérobée, il ne dit rien ; mais un profond soupir gonfla sa poitrine, il rentra dans son appartement.
    Au moment où il franchissait l’antichambre, deux femmes le regardèrent passer ; l’une avec une sombre joie, l’autre avec un désespoir intense.
    La première était Diane de Poitiers ; l’autre la duchesse d’Etampes. Le roi disparu, elles échangèrent un long regard. Puis la duchesse d’Etampes fit un mouvement pour se retirer.
    – Où allez-vous, ma chère Anne ? demanda Diane de Poitiers avec un sourire de triomphe.
    – Je vais, ma chère Diane, donner l’ordre à mes gens de préparer mon départ pour ma terre…
    – J’allais vous donner ce conseil, fit Diane…
    Une larme de désespoir monta aux yeux de la duchesse d’Etampes.
    Quant au roi, il fit venir le premier officier de sa maison et lui
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