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La chevauchée vers l'empire

La chevauchée vers l'empire

Titel: La chevauchée vers l'empire
Autoren: Conn Iggulden
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serviteurs. Le soleil
choisit cet instant pour percer les nuages de rayons qui éclairèrent la vallée.
Les chevaliers étincelaient.
    Leurs montures massives au poil long devaient peser presque
deux fois plus que les petits chevaux mongols. Les hommes eux-mêmes
paraissaient étranges aux yeux de Djötchi. Ils se tenaient droit comme s’ils étaient
de pierre, raides et lourds, couverts de métal des joues aux genoux. Seuls
leurs yeux bleus et leurs mains n’étaient pas protégés. Les chevaliers en
armure semblaient prêts pour la bataille, chacun armé d’une longue lance à
pointe d’acier, pour l’heure dressée, le gros bout calé dans un godet de cuir, derrière
l’étrier. Djötchi vit des haches et des épées pendre aux ceintures et, accrochés
aux selles, des boucliers en forme de feuille. Les oriflammes claquaient
au-dessus des têtes, superbes avec leurs bandes d’or et d’ombre.
    — Ils ont dû nous repérer, murmura Djötchi en regardant
le nuage de poussière.
    Le général se retourna sur sa selle.
    — Ce ne sont pas des hommes des plaines. Ils sont à
moitié aveugles, sur une telle distance. As-tu peur ? Ils sont si grands, ces
chevaliers. Moi, j’aurais peur.
    Djötchi se rembrunit. Dans la bouche de son père, ces propos
auraient été une moquerie. Le regard de Süböteï demeurait léger, cependant. Il
n’avait qu’une vingtaine d’années, un âge précoce pour commander autant d’hommes.
Mais il n’avait pas peur, Djötchi le savait. Il n’était impressionné ni par les
puissants chevaux de bataille, ni par ceux qui les montaient. Il faisait
confiance aux flèches et à la rapidité de ses Jeunes Loups.
    Le jagun se composait de dix arbans ayant chacun à sa tête
un officier. Ainsi que l’avait ordonné Süböteï, seuls ces dix hommes portaient
une armure lourde, les autres n’avaient qu’une tunique en cuir sous leur deel
matelassé. Djötchi savait que Gengis préférait le premier type de protection, mais
les hommes de Süböteï ne pâtissaient apparemment pas du choix de leur général. Ils
galopaient et frappaient plus vite que les pesants guerriers russes et on ne
connaissait pas la peur dans leurs rangs. Comme Süböteï, ils regardaient
avidement la colonne ennemie et attendaient d’être repérés.
    — Tu sais que ton père a envoyé un messager me
demandant de rentrer ? dit Süböteï.
    — Tous les hommes le savent, répondit Djötchi.
    — J’espérais pousser plus au nord mais j’appartiens à
ton père. Il parle, j’obéis. Tu comprends ?
    Djötchi scruta le visage du jeune général et oublia un
instant les chevaliers russes progressant en bas dans la vallée.
    — Bien sûr, dit-il, son expression ne révélant rien de
ses sentiments.
    — Je l’espère, reprit Süböteï, amusé. Ton père est un
homme digne d’être suivi. Je me demande comment il réagira en voyant combien tu
as grandi.
    La colère crispa brièvement les traits de Djötchi avant qu’il
offre de nouveau un masque lisse et prenne une longue inspiration. Plus que
Gengis, Süböteï avait été un père pour lui à de nombreux égards, mais Djötchi
ne pouvait oublier que sa loyauté allait au khan. Si Gengis en donnait l’ordre,
Süböteï le tuerait. Peut-être à contrecœur, mais les regrets ne suffiraient pas
à arrêter son bras.
    — Il a sans doute besoin d’hommes loyaux près de lui, avança
Djötchi. Mon père ne nous rappelle pas pour que nous puissions bâtir ou nous
reposer. Il a dû trouver une nouvelle contrée à dévaster. Comme le loup, il a
toujours faim, au point même de faire éclater sa panse.
    Süböteï fronça les sourcils en entendant cette description
du khan. En trois ans, Djötchi n’avait jamais manifesté d’affection quand il
parlait de son père, même s’il montrait parfois une certaine mélancolie, moins
visible à mesure que les années passaient. Gengis avait envoyé au loin un jeune
garçon, il retrouverait un homme. Süböteï y avait veillé. Malgré son amertume, Djötchi
gardait la tête froide au combat et ses hommes le regardaient avec fierté. Il
donnerait satisfaction.
    — J’ai une autre question à te poser, dit Süböteï.
    — Comme toujours, commenta Djötchi avec un bref sourire.
    — Nous avons incité ces chevaliers de fer à nous suivre
sur des centaines de lieues pour épuiser leurs chevaux. Nous avons capturé et
soumis leurs éclaireurs à la torture. Je ne sais rien de cette
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