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La chevauchée vers l'empire

La chevauchée vers l'empire

Titel: La chevauchée vers l'empire
Autoren: Conn Iggulden
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guerriers
avaient seulement honoré son père mais il la fit taire, refusant de douter. Il
avait gagné le droit de commander et sentait sa confiance en lui s’affermir.
    — Alignement des arcs ! ordonna-t-il.
    Il serra la bride de son cheval pour dissimuler sa tension
tandis que ses hommes formaient une longue ligne afin que chaque archer puisse
tirer. Il regarda par-dessus son épaule, mais Süböteï était vraiment parti, le
laissant seul. Les hommes continuaient à l’observer et il se força à garder un
visage impassible, sachant qu’ils se souviendraient de son calme. Ils levèrent
leurs arcs et il tendit le bras, le poing fermé, le cœur lui martelant la
poitrine.
    Lorsque l’ennemi fut à quatre cents pas, Djötchi abaissa le
bras et la première volée de flèches fendit l’air. Les Russes étaient trop loin
et les traits qui atteignirent les chevaliers ricochèrent sur les boucliers
tenus haut et inclinés pour protéger presque tout le corps. Ces boucliers
montrèrent leur utilité quand une seconde volée de flèches s’abattit sur les
Russes sans en désarçonner un seul.
    Les chevaux russes n’étaient pas rapides mais l’écart se
réduisait. Quand elle fut de deux cents pas, Djötchi brandit de nouveau le
poing et cent autres flèches s’appuyèrent sur des cordes tendues. Il ignorait
si, à cette distance, l’armure des chevaliers serait toujours efficace.
    — Tirez comme si vous n’aviez jamais manié un arc !
cria-t-il.
    Les hommes sourirent, décochèrent des flèches qui passèrent
pour la plupart largement au-dessus des têtes ennemies, comme si les Mongols n’étaient
que des imbéciles pris de panique. Seuls quelques traits touchèrent une cible, un
plus petit nombre encore abattant un homme ou un cheval. Les Mongols
entendaient maintenant le grondement de la charge et voyaient les premiers
rangs russes commencer à abaisser leurs lances.
    Leur faisant face, Djötchi transforma sa peur en une rage
soudaine. Il n’avait qu’une envie : dégainer son sabre et talonner sa
monture pour dévaler la pente et se ruer vers l’ennemi. Tremblant de
frustration, il ordonna au contraire :
    — En arrière !
    Il fit tourner son cheval et le lança vers l’autre versant. Avec
des cris incohérents, le jagun suivit son chef dans le plus grand désordre. Derrière
lui, Djötchi entendit s’élever des voix gutturales triomphantes et une bile
amère lui monta dans la gorge sans qu’il pût dire si c’était de frayeur ou de
colère.
     
     
    Ilya Majaev battit des cils pour chasser la sueur de ses
yeux quand il vit les Mongols détaler comme les sales couards qu’ils étaient. Comme
il l’avait fait un millier de fois auparavant, il tint sa bride d’une main et
de l’autre se frappa la poitrine en priant sainte Sophie pour qu’elle fasse
rouler les ennemis de la foi sous ses sabots. Sous sa cotte de mailles et sa
tunique rembourrée, il portait un fragment d’une phalange de la sainte dans un
médaillon d’or. C’était son bien le plus précieux. Les moines de Novgorod
avaient assuré que la relique le protégerait et il se sentait fort tandis que
ses chevaliers galopaient vers la crête. Ils avaient quitté la ville et sa
cathédrale deux ans plus tôt et chevauché vers l’est, porteurs de messages pour
le prince, avant de prendre la direction du sud et d’entamer le long voyage qui
les mènerait à Jérusalem. Comme ses compagnons, Ilya avait voué sa vie à
défendre ce lieu saint des mécréants qui voulaient raser ses monuments.
    Ils auraient dû se consacrer en chemin à la prière et au
jeûne avant d’utiliser leur science des armes contre les impies. Au lieu de
quoi, ils avaient été harcelés sans relâche par les Mongols ravageant la région.
Impatient d’être assez près d’eux pour les exterminer, Ilya se penchait en
avant sur sa selle tandis que sa monture galopait vers les fuyards.
    — Livre-les-moi, ô Seigneur, et je briserai leurs os, je
foulerai aux pieds leurs faux dieux, murmura-t-il.
    Les Mongols s’égaillaient sur l’autre versant mais les
chevaux russes étaient lancés et l’écart diminuait peu à peu. Ilya devinait l’humeur
des hommes qui l’entouraient à leurs cris rageurs. Ils avaient perdu des
compagnons transpercés par des flèches tirées dans l’obscurité, des éclaireurs
s’étaient volatilisés sans laisser de traces ou, pire, on les avait retrouvés
avec des mutilations à donner la nausée. En un an, Ilya avait
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