Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La chevauchée vers l'empire

La chevauchée vers l'empire

Titel: La chevauchée vers l'empire
Autoren: Conn Iggulden
Vom Netzwerk:
qu’un peu d’eau
transformerait en une soupe nourrissante. La terre ne pardonnait pas à ceux qui
prenaient la survie à la légère, et les deux hommes avaient appris les leçons
de l’hiver.
    Se sentant observé, Djötchi tourna vers Süböteï ses yeux
sombres, toujours sur la défensive. Il avait passé plus de temps avec le jeune
général qu’avec son père, mais les vieilles habitudes se perdaient
difficilement. Djötchi accordait rarement sa confiance, malgré son immense
respect pour Süböteï. Le chef des Jeunes Loups avait le sens de la guerre, même
s’il le niait. Süböteï croyait avant tout aux éclaireurs, à l’entraînement, à
la tactique et à l’habileté à l’arc ; les hommes qui le suivaient, eux, voyaient
seulement qu’il gagnait toujours, quelles que soient les chances de vaincre. Comme
d’autres fabriquaient un sabre ou une selle, il façonnait des armées, et Djötchi
savait que c’était un privilège d’apprendre à ses côtés. Il se demanda si son
frère Djaghataï s’en tirait aussi bien dans l’Est. En cheminant entre les
collines, Djötchi se laissait aller à rêver et imaginait ses frères et son père
muets de stupeur en découvrant combien il avait grandi et forci.
    — Qu’y a-t-il de plus important, dans tes sacs ? demanda
Süböteï tout à trac.
    Djötchi leva un instant les yeux vers le ciel maussade. Süböteï
se plaisait à le mettre à l’épreuve.
    — La viande, général. Sans viande, je suis incapable de
combattre.
    — Pas ton arc ? suggéra Süböteï. Qu’es-tu sans ton
arc ?
    — Rien. Mais sans viande, je suis trop faible pour me
servir de mon arc.
    Süböteï eut un grognement satisfait en entendant répéter ses
propres recommandations.
    — Quand il n’y a plus de viande, combien de temps
peux-tu subsister, uniquement avec du sang et du lait ?
    — Seize jours tout au plus, avec trois montures pour
répartir les saignées, répondit Djötchi.
    Il n’avait pas à réfléchir, on lui avait inculqué ces
réponses depuis que Süböteï et lui avaient quitté avec dix mille hommes l’ombre
de la cité de l’empereur jin.
    — Combien de lieues peux-tu couvrir pendant ces seize
jours ?
    — Cinq cents avec des remontes fraîches. Deux cents de
plus si je mange et dors en selle.
    Remarquant que le jeune homme se concentrait à peine, Süböteï
changea de sujet :
    — Qu’est-ce qu’on peut reprocher à cette crête, là, devant ?
    Surpris, Djötchi bredouilla :
    — Euh, je…
    — Vite ! Des hommes attendent ta décision. Des
vies dépendent de ce que tu diras.
    Djötchi avala sa salive, mais avec Süböteï il avait été à l’école
d’un maître.
    — Le soleil est derrière nous, nous serons visibles à
des lieues à la ronde quand nous atteindrons la crête…
    Le général approuva de la tête.
    — Le sol est sec, poursuivit le jeune guerrier. Si nous
franchissons le sommet à vive allure, nous soulèverons un nuage de poussière.
    — C’est bien.
    Malgré ce commentaire, Süböteï talonna sa monture et galopa
vers la crête. Comme Djötchi l’avait prédit, un brouillard de poussière
rougeâtre s’éleva au-dessus des têtes des cent cavaliers. Il se trouverait
sûrement quelqu’un pour les repérer et signaler leur position.
    Parvenu à la crête, Süböteï ne s’arrêta pas et lança
aussitôt sa jument de l’autre côté. Les sabots de l’animal dérapèrent sur les
cailloux. Djötchi suivit son général, inspira une bouffée de poussière qui le
fit tousser. Süböteï fit halte cinquante pas plus loin, là où le sol accidenté
commençait à descendre vers la vallée. Sans attendre ses ordres, les guerriers
formèrent un large double rang derrière lui, comme un arc bandé sur le sol. Ils
connaissaient bien l’homme impétueux que le khan avait placé à leur tête.
    Le front plissé, Süböteï inspecta les environs. Les collines
entouraient une plaine que traversait une rivière gonflée par les pluies du
printemps. Le long de ses berges une colonne avançait lentement, hérissée de
drapeaux aux couleurs vives. En d’autres circonstances, Djötchi aurait trouvé
la vue magnifique et, malgré son ventre noué, il ne put réprimer un sentiment d’admiration.
Dix à onze mille chevaliers russes chevauchaient ensemble sous des bannières
rouge et or. Presque autant d’hommes les suivaient en un convoi de chariots, de
chevaux de rechange, de femmes, de jeunes garçons et de
Vom Netzwerk:

Weitere Kostenlose Bücher