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La chevauchée vers l'empire

La chevauchée vers l'empire

Titel: La chevauchée vers l'empire
Autoren: Conn Iggulden
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découvrit des dents dont sa peau sombre faisait
ressortir la blancheur. La lame s’abattit de nouveau, un autre Mongol bascula
sur le côté. Kurkhask avait la gorge tellement serrée qu’il étouffait presque. Ils
se trouvaient dans un pays de lacs et de torrents, à plus de trois mille
kilomètres à l’ouest de Yenking. Les villageois qu’ils avaient rencontrés
étaient intimidés par leurs traits étranges mais se montraient amicaux. La
veille au matin, ils avaient offert à Kurkhask leurs bénédictions et des
sucreries qui collaient aux dents. Il avait chevauché sous un ciel bleu sans
soupçonner que les tribus des montagnes répandaient de proche en proche la
nouvelle de sa présence. Il ne savait toujours pas pourquoi ces hommes les
avaient attaqués, à moins que ce ne soit simplement pour voler les présents et
les marchandises de troc qu’ils transportaient. Du regard, il fouilla les
hauteurs pour repérer son fils et s’assurer qu’il assisterait à sa mort. Il ne
pouvait pas mourir honteusement si le garçon l’observait. C’était le dernier
cadeau qu’il lui ferait.
    Le chef de la tribu dut s’y prendre à trois fois pour
trancher la troisième tête. Lorsqu’elle se détacha enfin, il la tint par les
cheveux pour la montrer à ses hommes, qui riaient et psalmodiaient dans leur
langue étrange. Kurkhask avait appris quelques mots de pachtou, mais il n’en
saisissait aucun dans le flot déversé derrière lui. Le massacre se poursuivit
jusqu’à ce qu’il soit le seul Mongol encore en vie.
    Kurkhask leva la tête vers les hauteurs, sans la moindre
trace de frayeur sur son visage. Le soulagement le submergea quand il décela un
mouvement, loin derrière le cercle de lumière du feu. Une tache blanche avait
bougé dans l’obscurité. Il sourit. Son fils était là-bas et lui faisait signe. Avant
que le garçon trahisse sa présence, Kurkhask baissa la tête. Le lointain
tremblement cessa, l’officier mongol sentit toute sa tension disparaître. Le
khan serait informé.
    Lorsque le chef ennemi ramena en arrière la lame d’acier
ensanglantée, Kurkhask lui lança :
    — Mon peuple te retrouvera !
    Ne comprenant pas, l’homme hésita puis rétorqua dans sa
langue :
    — Que ta bouche s’emplisse de poussière, infidèle !
    Une suite de sons dépourvus de sens pour Kurkhask, qui haussa
les épaules.
    — Tu ne sais pas ce que tu viens de commettre, dit-il.
    Le sabre s’abattit.

 
PREMIÈRE PARTIE

 
1
    Sur la crête, le vent était tombé. Des nuages noirs
passaient dans le ciel, faisant filer des bandes d’ombres sur le sol. La
matinée était calme, l’horizon désert devant les deux hommes qui chevauchaient
en tête d’une étroite colonne, un jagun de cent jeunes guerriers. Il n’y avait
peut-être personne d’autre que les Mongols à des centaines de kilomètres à la
ronde et seuls les craquements du cuir et les ébrouements des chevaux brisaient
le silence. Lorsqu’ils firent halte pour écouter, ce fut comme si le silence
revenait en vagues par-dessus le sol poussiéreux.
    Süböteï était l’un des généraux du Grand Khan et cela se
voyait dans son maintien. Son armure d’écaillés de fer cousues sur du cuir
était percée et rouillée à de nombreux endroits. Son casque cabossé lui avait
plus d’une fois sauvé la vie. Tout son équipement avait souffert dans les
batailles, mais l’homme demeurait aussi dur et impitoyable que la terre en
hiver. En trois ans d’expéditions dans le Nord, il n’avait été vaincu qu’une
fois, lors d’une escarmouche, et il était revenu le lendemain anéantir la tribu
ennemie avant que la nouvelle de sa défaite ne se propage. Süböteï avait acquis
la maîtrise du métier des armes dans un pays qui semblait devenir plus froid à
chaque kilomètre parcouru. Il ne disposait pas de cartes pour s’orienter et
devait s’en remettre aux rumeurs de cités lointaines bâties au bord de fleuves
si solidement gelés qu’on pouvait faire rôtir des bœufs sur la glace.
    À sa droite se tenait Djötchi, fils aîné du khan. Âgé de
dix-sept ans, c’était un guerrier qui hériterait peut-être un jour de la nation
mongole et commanderait Süböteï au combat. Il avait lui aussi une armure de
cuir graissé et de fer, ainsi que les sacs de selle et les armes que portaient
tous les guerriers. Süböteï n’avait pas besoin de poser la question pour savoir
que Djötchi avait emporté sa ration de sang et de lait caillé
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