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La chevauchée vers l'empire

La chevauchée vers l'empire

Titel: La chevauchée vers l'empire
Autoren: Conn Iggulden
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sol, bras et
jambes écartés, avaient été touchés plus d’une fois. Seuls les casques avaient
été efficaces et Djötchi ne vit pas un seul homme abattu d’une flèche dans la
tête. Il ramassa un des casques, passa le doigt sur l’éraflure brillante
marquant l’endroit où une pointe avait ricoché. Bonne protection.
    L’embuscade s’est déroulée exactement comme Süböteï l’avait
prévu, pensa-t-il. Le général semble lire dans l’esprit de nos ennemis.
    Djötchi prit une inspiration et tâcha de maîtriser le
tremblement qui le saisissait après chaque combat. Il ne fallait pas que ses
guerriers le voient dans cet état. Il ignorait qu’en le regardant marcher à
grands pas, les poings serrés, ils ne voyaient qu’un chef encore affamé de
batailles, un homme jamais satisfait quoi qu’il ait accompli.
    Trois autres jaguns avaient participé à l’embuscade et les
officiers sortirent à cheval du bois où ils étaient restés à l’affût toute la
nuit. Après toutes ces années avec Süböteï, il connaissait chacun d’eux comme
un frère, ainsi que Gengis le lui avait un jour recommandé. Mekhali et Altan
étaient des hommes robustes, loyaux mais sans imagination. Djötchi les salua de
la tête lorsqu’ils s’approchèrent au trot du champ des morts. Le troisième, Qara,
petit, sec et musclé, avait le visage balafré par une vieille blessure. Bien qu’il
se montrât respectueux, Djötchi devinait en lui une antipathie à son égard qu’il
n’arrivait pas à comprendre. Cette hostilité tenait peut-être au fait qu’il
était le fils de Gengis. Beaucoup de guerriers trouvaient son avancement
anormal. Süböteï n’avait pas fait preuve de subtilité en incluant Djötchi dans
tous ses plans et stratagèmes, comme le khan l’avait fait autrefois avec le
jeune Uriangkhai, qui allait devenir son général. Süböteï songeait à l’avenir
alors que des hommes comme Qara pensaient n’avoir sous les yeux qu’un jeune
prince gâté, élevé au-dessus de ses compétences.
    Tandis que Qara le rejoignait et grognait en contemplant les
chevaliers morts, Djötchi prit subitement conscience qu’il n’était plus son
supérieur. Il avait accepté le paitze d’argent dans la perspective d’une
bataille imminente et appréciait toujours l’honneur d’être responsable de cent
vies. Mais cela signifiait que, pour un certain temps au moins, Qara ne serait
plus obligé de se contenir en présence du fils du khan. Un seul regard suffit à
Djötchi pour comprendre que le petit guerrier y avait déjà pensé, lui aussi.
    — Qu’est-ce qu’on attend ? lança soudain Qara. Süböteï
va attaquer pendant que nous restons plantés ici sans rien faire !
    Ces mots déplurent à Djötchi mais il n’en montra rien. Si
Qara avait été un vrai chef, il aurait déjà ordonné aux hommes de rejoindre Süböteï.
Djötchi comprit que Qara attendait toujours ses ordres malgré sa rétrogradation.
Tournant la tête vers Mekhali et Altan, il s’aperçut que eux aussi l’observaient.
Peut-être était-ce juste par habitude, mais il ne s’attarda pas à se demander
pourquoi : une autre idée prenait forme dans son esprit.
    — Tu vois leur armure, Qara ? La première partie
part du casque, qui recouvre tout le visage à l’exception des yeux. La seconde
descend jusqu’aux genoux.
    — Elles n’ont pas arrêté nos flèches, répondit Qara
avec un haussement d’épaules. Descendus de cheval, ils se déplacent si
lentement que c’est un jeu de les abattre. Nous n’avons nul besoin d’une aussi
piètre protection.
    — Je crois le contraire, dit Djötchi avec un sourire
qui rendit les trois hommes perplexes.
     
     
    Dans les collines dominant la vallée, Süböteï se tenait près
de son cheval qui reniflait les aiguilles de pin. Près de cinq mille hommes se
reposaient autour de lui et attendaient sa décision. Lui, il attendait le
retour des éclaireurs qu’il avait envoyés, deux cents cavaliers partis dans
toutes les directions et dont le rapport permettrait au général de se faire une
idée de la situation à plusieurs lieues à la ronde.
    Avant même que l’embuscade de Djötchi soit terminée, il
avait su qu’elle avait réussi. Avec mille chevaliers en moins, les Russes
étaient encore dix mille et c’était toujours trop. Leur colonne progressait
lentement dans la vallée en attendant le retour victorieux de son avant-garde. Les
Russes n’avaient pas emmené d’archers, une
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