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La chevauchée vers l'empire

La chevauchée vers l'empire

Titel: La chevauchée vers l'empire
Autoren: Conn Iggulden
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mais ses yeux demeuraient fixés sur l’horizon
et, un jour, il verrait Jérusalem. Au moment où il récitait à mi-voix une
prière à la Vierge Marie, la passe s’obscurcit : l’armée mongole fondait
sur lui.
    Les éclaireurs étaient donc morts, comme il l’avait craint. Anatoly
maudit le sort, ne put s’empêcher de se retourner une fois de plus pour
chercher Ilya des yeux.
    Il jura en découvrant une autre masse sombre de cavaliers
qui déferlaient vers lui. Comment avaient-ils pu le contourner sans se faire
repérer ? C’était incroyable que l’ennemi puisse parcourir ainsi les
collines comme un spectre.
    Il savait que ses hommes se débanderaient peut-être sous l’assaut
mongol. Déjà ils levaient leurs écus et le regardaient, attendant ses ordres. Fils
aîné d’un baron, Anatoly assurait à ce titre le commandement de la colonne. C’était
sa famille qui avait financé l’expédition en puisant dans son immense fortune
pour s’attirer la bienveillance des monastères devenus si puissants en Russie.
    Anatoly avait bien conscience qu’il lui était impossible de
charger avec son équipage et son arrière-garde exposés. Rien ne troublait
autant un combattant qu’être assailli à la fois par-devant et par-derrière. Il
ordonna à trois de ses officiers de faire faire demi-tour à leurs troupes pour
charger l’arrière. À cet instant un mouvement attira son attention sur les
collines et il sourit, soulagé. Au loin, une ligne de lourds chevaux russes
réapparaissait sur la crête, bannières au vent. Anatoly estima la distance, prit
une décision. Il appela un éclaireur.
    — Va dire à mon frère d’attaquer la troupe postée sur
nos arrières. Il doit l’empêcher de prendre part à la bataille.
    N’étant alourdi ni par une armure ni par des armes, le jeune
homme partit à bride abattue. Anatoly regarda de nouveau devant lui et reprit
confiance. Ses arrières assurés, il pourrait exploiter sa supériorité numérique
sur ceux qui galopaient vers lui. Ses ordres furent exécutés en quelques
instants : il réduirait les Mongols en bouillie comme un poing armé.
    Anatoly abaissa sa longue lance au-dessus des oreilles de sa
monture.
    — En formation pour la charge ! Pour le Christ, en
avant !
     
     
    L’éclaireur d’Anatoly filait sur le sol poussiéreux. La
vitesse était primordiale alors que deux armées convergeaient sur la colonne. Il
chevauchait couché sur l’encolure, la tête de sa jument montant et descendant
de son propre chef. Jeune, enthousiaste, il était presque parvenu à la troupe d’Ilya
Majaev lorsqu’il s’arrêta, médusé. Seuls quatre cents chevaliers avaient
repassé la crête et semblaient revenir de l’enfer. Un grand nombre d’entre eux
étaient couverts de plaques de sang brunes et il y avait quelque chose d’étrange
dans leur manière de se tenir à cheval.
    L’éclaireur comprit soudain et, pris de panique, tira sur
ses rênes. Trop tard. Une flèche le toucha sous le bras qu’il agitait et il
bascula par-dessus les oreilles de sa monture, qui détala.
    En passant au galop, Djötchi et les autres Mongols n’accordèrent
pas un regard au Russe allongé à plat ventre. Il leur avait fallu du temps pour
ôter les cottes de mailles des cadavres, mais la ruse fonctionnait. Aucune
troupe ne cherchait à leur barrer la route et les Russes, sans le savoir, étaient
en fait attaqués sur trois côtés. Lorsque la pente se fit moins forte, Djötchi
leva la longue lance de son godet de cuir. Elle était lourde et il dut bander
ses muscles pour la tenir tandis que ses hommes et lui se ruaient sur le flanc
russe dans un grondement de tonnerre.
     
     
    Anatoly attaquait au galop, plus d’une demi-tonne de chair
et de fer lancée derrière la pointe d’une lance. Il vit ses premiers rangs
trembler lorsque les archers mongols décochèrent leurs flèches mais la colonne
ne pouvait s’arrêter et pas davantage tourner à cette vitesse. Par-dessus le
fracas des armes, il entendit des cris derrière lui, se retourna. Ilya perçait
son flanc principal, enfonçait les lignes de ceux qui avaient prêté serment de
loyauté à la famille Majaev pour partir en croisade.
    Sidéré, Anatoly remarqua alors que les hommes de son frère
avaient rapetissé et portaient des armures couvertes de sang. Certains avaient
perdu leur casque dans le premier choc, révélant des visages mongols hurlants. Il
blêmit, comprenant tout à coup qu’Ilya était mort et
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