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La chevauchée vers l'empire

La chevauchée vers l'empire

Titel: La chevauchée vers l'empire
Autoren: Conn Iggulden
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des plats aux mille saveurs. Rien d’étonnant à ce que les
Koryons aient failli être conquis. Il faudrait qu’ils apprennent à ne manger
que deux ou trois plats différents, préparés rapidement et sans manières. Cela
leur laisserait plus de temps pour s’entraîner au maniement des armes et
endurcir leur corps…
    Les pensées de Djaghataï cessèrent de vagabonder lorsque
Jelme répondit enfin :
    — Il est heureux que les Khara-Khitaï aient décidé d’attaquer
mes éclaireurs. Ainsi, nous avions vous et nous intérêt à les anéantir. Je
parle au nom du Grand Khan dont les guerriers ont sauvé votre pays d’un ennemi
terrible. Où est le tribut promis par vos ministres ?
    Tandis que le truchement traduisait d’une voix monocorde, le
roi se raidit légèrement sur son trône. Djaghataï se demanda si cet imbécile se
sentait offensé. Il avait peut-être oublié l’armée campant aux portes de la
ville. Sur un seul geste de Jelme, les Mongols brûleraient les rayons dorés
entourant la tête du roi. Pourquoi ne l’avaient-ils pas déjà fait ? Cela
demeurait un mystère pour le jeune guerrier. Gengis ne les avait-il pas envoyés
dans l’Est pour parfaire leurs compétences ? Djaghataï saisissait
vaguement qu’il existait un art de négocier qu’il devait apprendre. Jelme s’était
efforcé de lui expliquer la nécessité de passer des accords avec des puissances
étrangères, mais Djaghataï ne la comprenait toujours pas. Un homme était un ami
ou un ennemi. Si c’était un ennemi, on pouvait lui prendre tout ce qu’il
possédait. Djaghataï sourit en allant au bout de sa réflexion : un khan n’a
pas besoin d’amis, il ne lui faut que des serviteurs.
    Il s’imagina de nouveau à la tête de son peuple. Les tribus
n’accepteraient jamais son frère Djötchi pour chef, à supposer qu’il fût le
fils du khan. Djaghataï avait contribué à faire courir le bruit que Djötchi
était le fruit d’un viol. Gengis avait laissé ces rumeurs s’enraciner en ayant
une attitude distante avec son fils aîné. Djaghataï porta machinalement la main
à la poignée de son sabre. C’était à lui, non à Djötchi, que Gengis avait remis
cette arme qui avait vu la naissance d’une nation. Au plus profond de son cœur,
Djaghataï savait qu’il ne prêterait jamais allégeance à Djötchi.
    L’un des ministres s’approcha et se pencha vers le trône
pour s’entretenir à voix basse avec le roi. L’échange dura assez longtemps pour
que les courtisans alignés deviennent visiblement nerveux dans leurs habits
somptueux, puis le ministre finit par regagner sa place. Le roi parla de
nouveau, aussitôt traduit :
    — Que nos honorables alliés veuillent bien accepter ces
cadeaux en signe d’amitié, comme nous en avons discuté. Cent mille feuilles de
papier huilé ont été préparées pour vous, ce qui représente le travail de
nombreuses lunes.
    Un murmure parcourut les rangs des nobles koryons tandis que
Djaghataï n’arrivait pas à comprendre pourquoi du papier pouvait leur paraître
si précieux.
    — Dix mille habits de soie ont été cousus, auxquels s’ajoute
un bon poids en jade et en argent. Deux cent mille kwans de fer et autant de
bronze ont été apportés des mines ou des fonderies. Soixante peaux de tigre de
mes propres réserves ont été enveloppées de soie pour que vous puissiez les
emporter. Enfin, huit cents chariots de chêne et de hêtre constituent le cadeau
de la dynastie Wang en remerciement de la victoire que vous avez donnée au
Koryo. Allez maintenant dans la paix et l’honneur et comptez-nous à jamais
parmi vos alliés.
    Jelme inclina sèchement la tête lorsque l’interprète eut
terminé.
    — J’accepte votre tribut, majesté.
    Djaghataï se demanda si le général allait ignorer la
tentative du roi pour sauver la face.
    — Je demande seulement que six cents jeunes garçons
âgés de douze à seize ans y soient ajoutés, poursuivit Jelme. Je leur
inculquerai les qualités de mon peuple, ils prendront part à de nombreuses
batailles et se couvriront d’honneur.
    Djaghataï dut faire un effort pour ne pas manifester son
approbation. Qu’ils avalent cette couleuvre en même temps que leurs histoires
de « cadeaux » et d’« honorables alliés » ! L’exigence
de Jelme avait révélé le véritable rapport de forces dans la salle et les
courtisans semblaient affligés. Djaghataï observa le ministre qui se penchait
de nouveau vers son
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