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La chevauchée vers l'empire

La chevauchée vers l'empire

Titel: La chevauchée vers l'empire
Autoren: Conn Iggulden
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« Jérusalem »
qu’ils cherchent, ni de leur « Christ blanc ». Je l’aurai peut-être
un jour à la pointe de mon sabre, mais le monde est grand et je ne suis qu’un
homme.
    En parlant, Süböteï suivait du regard les chevaliers en
armure et leur sillage de chariots.
    — Ma question est la suivante, Djötchi. Ces chevaliers
ne sont rien pour moi. Ton père m’a rappelé, je pourrais rentrer maintenant, alors
que les chevaux sont gras d’herbe d’été. Alors pourquoi restons-nous ici, attendant
qu’ils nous voient ?
    Le regard froid, Djötchi répondit :
    — Mon père dirait que c’est ainsi que nous vivons, qu’il
n’y a pas de meilleur moyen pour un homme d’utiliser son temps sur terre que
faire la guerre à un ennemi. Il ajouterait que tu y prends plaisir et que tu n’as
pas besoin d’autre raison.
    Le regard du général ne vacilla pas.
    — Il dirait peut-être cela, mais tu te caches derrière
ses mots. Pourquoi sommes-nous ici, Djötchi ? Nous ne voulons pas de leurs
gros chevaux, même pour les manger. Pourquoi risquer la vie de mes guerriers
pour écraser la colonne que tu vois ?
    Djötchi eut un haussement d’épaules agacé.
    — Si ce n’est pas pour ton plaisir, je ne sais pas.
    — C’est pour toi, répondit Süböteï avec gravité. Lorsque
tu retourneras auprès de ton père, tu auras connu toutes les sortes de
batailles, en toute saison. Toi et moi avons pris et pillé des villes, traversé
des déserts immenses et des forêts si épaisses que nous parvenions à peine à
nous y frayer un chemin. Gengis ne trouvera aucune faiblesse en toi.
    Le général sourit devant l’expression impassible du jeune
homme.
    — Je serai fier quand les hommes diront que tu as
appris à te battre sous les ordres de Süböteï le Vaillant.
    Djötchi sourit lui aussi en entendant son chef prononcer le
surnom que ses guerriers lui donnaient. Il n’y avait pas de secrets dans le
camp.
    — Nous y voilà, marmonna Süböteï en pointant le doigt
vers un messager lointain qui galopait vers la tête de la colonne russe. Nous
avons un ennemi qui commande en première ligne, un homme courageux.
    Djötchi imagina la consternation des chevaliers quand, levant
la tête, ils avaient découvert les guerriers mongols. Un groupe se détacha de
la colonne et se mit à gravir la pente au petit trot. Süböteï eut un grognement
satisfait en regardant la distance diminuer entre lui et l’ennemi. Les Russes
chargeaient, à présent, la lance en l’air. Il lui tardait de leur apprendre
leur erreur.
    — Tu as ton paitze, Djötchi ? Montre-le-moi.
    Le jeune homme tendit le bras vers un sac accroché à sa
selle, souleva le rabat de cuir raide, prit une plaque d’or frappée d’une tête
de loup. Lourde de vingt onces, elle était cependant assez petite pour tenir
dans sa main.
    Sans se soucier des Russes qui grimpaient obstinément la
colline, Süböteï se tourna pour faire face au fils aîné de Gengis.
    — Cette plaque t’autorise à commander mille de mes
hommes, Djötchi. Ceux qui sont à la tête d’un jagun n’ont qu’une plaque en
argent comme celle-ci, dit-il en montrant un paitze plus large. La différence, c’est
qu’on la remet à un homme élu par les officiers de chaque arban.
    — Je le sais.
    Süböteï jeta un coup d’œil aux chevaliers qui se
rapprochaient.
    — Les officiers de ton jagun te veulent à leur tête. Je
n’y suis pour rien.
    Il tendit la plaque d’argent que Djötchi échangea
joyeusement contre la plaque d’or. Le ton de Süböteï était délibérément
solennel mais ses yeux pétillaient.
    — Quand tu retourneras auprès de ton père, tu auras
connu tous les grades et tous les postes.
    De la main, le général fendit plusieurs fois l’air.
    — À l’aile droite, à l’aile gauche, au centre.
    Il regarda par-dessus les têtes des chevaliers au petit
galop, vit un bref mouvement sur un rocher, abaissa le bras.
    — L’heure est venue. Tu sais ce que tu as à faire, Djötchi.
À toi de commander.
    Süböteï pressa l’épaule du jeune homme et passa de l’autre
côté de la crête, laissant le jagun sous les ordres d’un nouveau chef soudain
nerveux.
    Djötchi sentait les regards des cent guerriers sur son dos
et s’efforçait de cacher sa joie. Chaque arban de dix hommes élisait son
officier et les dix élus désignaient à leur tour celui qui les mènerait au
combat. Être choisi était un honneur. Une voix en lui murmura que les
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