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Hannibal, Sous les remparts de Rome

Hannibal, Sous les remparts de Rome

Titel: Hannibal, Sous les remparts de Rome
Autoren: Patrick Girard
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prouvant ainsi
l’estime dans laquelle elle les tenait. Les plus importants d’entre eux furent
conviés à la célébration du mariage par un prêtre de Baal Hammon entouré de
multiples desservants aux tuniques de lin immaculé. Pendant plusieurs journées,
on fit ripaille et les spectacles de danse alternèrent avec les combats
d’animaux et les duels entre guerriers rivalisant afin de démontrer leur
bravoure. Mais une règle fut établie : au premier sang versé, les joutes
s’arrêtaient pour ne pas endeuiller la fête.
    Celle-ci
le fut pourtant. Obéissant aux coutumes de son peuple, le père d’Imilcé était
venu en compagnie de tous ses vassaux dont le prétendant éconduit de sa fille.
Un soir, ce dernier fut surpris, un glaive à la main, dissimulé derrière une
tenture de la chambre d’Hasdrubal. Point ne fut besoin de le soumettre à la
torture pour qu’il reconnaisse avoir voulu tuer celui qu’il rendait responsable
de son chagrin amoureux. Le général carthaginois l’aurait volontiers épargné
mais le père d’Imilcé exigea que le coupable lui fut livré. Il le fît périr en
l’emmurant dans une grotte où le malheureux mourut de faim.
    Trois
longues années s’écoulèrent après l’exécution de cette sentence. L’affaire
était oubliée de tous, à commencer par les Carthaginois. Ceux-ci n’avaient pas
voulu cette mort et avaient, mais en vain, sollicité la grâce du coupable. Dans
leurs villages juchés sur des pitons escarpés, les membres de la famille du
supplicié ruminaient, eux, leur vengeance. Curieusement, ils n’en voulaient pas
au père d’Imilcé alors qu’il était le bourreau de leur parent. À leurs yeux, il
avait agi comme n’importe quel roitelet et s’était comporté comme eux-mêmes
l’auraient fait si l’occasion leur en avait été donnée. Pour ces êtres frustes,
le véritable coupable était Hasdrubal dont l’autorité s’étendait sur tous les
vassaux des Carthaginois. Il lui aurait suffi d’arracher par la force sa
victime à son juge et de menacer celui-ci de sanglantes représailles s’il
s’obstinait dans son dessein criminel. Hasdrubal avait fait semblant de
pardonner mais sa clémence était restée sans effet. Il devait donc expier cet
acte de faiblesse.
    Pour ce
faire, un serviteur du chef emmuré fut désigné par ses pairs. Arrivé à
Carthagène, ce jeune homme gagna rapidement les faveurs du chef punique qui le
prit à son service et qui, devant le dévouement dont il faisait preuve, lui
accorda l’insigne honneur de servir dans sa garde personnelle. Sous prétexte de
fêter avec ses nouveaux compagnons cette distinction, l’homme organisa un banquet
où ne manquèrent ni les courtisanes ni le vin. Lui, stoïque, affirma qu’il
remplacerait pour la nuit les convives désignés pour veiller à la porte des
appartements de leur chef. Qu’ils boivent et mangent à satiété à sa
santé ! Lui ne fermerait pas l’œil jusqu’aux premières lueurs de l’aube et
ferait office de sentinelle. Le stratagème avait été minutieusement préparé.
Les agapes eurent lieu dans une salle éloignée de la chambre du général
punique. Pendant que les soldats savouraient mets et boissons, servis par de
fort belles jeunes filles, le traître pénétra dans les appartements d’Hasdrubal
et, profitant d’un moment d’inattention du beau-frère d’Hannibal, il plongea
dans la gorge de celui-ci un poignard avant de le bâillonner solidement pour
étouffer ses cris. Puis, à la manière dont les Numides agissaient avec leurs
ennemis sur le champ de bataille, il lui trancha les jarrets et le regarda,
avec une joie non dissimulée, se vider peu à peu de son sang. Au petit matin,
le criminel s’esquiva pendant que la garde dormait du sommeil de l’ivrogne.
Quand les officiers de l’état-major, inquiets de ne pas voir paraître leur
général, forcèrent la porte de ses appartements, ils le trouvèrent mort,
baignant dans son sang. Hasdrubal n’avait survécu que cinq ans à son beau-père,
victime lui aussi de cette terre rude et hostile que les Barcides voulaient
offrir à leur patrie pour la consoler de ses défaites.

Chapitre 1
    Les
obsèques du gendre d’Hamilcar furent grandioses. Tous les comptoirs puniques
des environs avaient envoyé d’importantes délégations y assister et les
roitelets ibères, soucieux de faire allégeance à son successeur, vinrent
accompagnés de leurs guerriers. Les prêtres du sanctuaire de Gadès
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