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Hannibal, Sous les remparts de Rome

Hannibal, Sous les remparts de Rome

Titel: Hannibal, Sous les remparts de Rome
Autoren: Patrick Girard
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célébrèrent
la cérémonie en psalmodiant, sur un ton monocorde, les litanies
traditionnelles, puis le corps du défunt fut transporté jusqu’à la nécropole
édifiée en dehors de l’enceinte de la cité. À l’issue des funérailles
d’Hasdrubal, Maharbal fit rassembler les troupes sur l’esplanade de la
citadelle de Carthagène. Là, entouré de ses officiers et de la famille du
défunt, il harangua les hommes dont beaucoup avaient jadis combattu en Sicile,
en Sardaigne ou contre les mercenaires :
    — Combattants
et vétérans, notre commandant en chef est mort, victime d’une honteuse traîtrise
ourdie par un rebelle à notre autorité. Nous devons aujourd’hui lui désigner un
successeur sans plus tarder. Certes, les usages voudraient que nous envoyions
un émissaire à Carthage pour que nos concitoyens, réunis sur le maqom, la
grande place de la ville, désignent par acclamations leur candidat. Loin de moi
l’idée de vouloir violer nos lois mais le temps presse et, face aux dangers qui
nous menacent, ce serait folie que d’attendre le retour de notre messager. Nous
choisirons donc nous-mêmes notre chef et nous soumettrons ultérieurement pour
ratification cette décision au Conseil des Cent Quatre. Ce sera une pure
formalité car rares, très rares sont les officiers de haut rang qui
accepteraient d’abandonner la douceur de leur foyer pour partager avec nous nos
épreuves et nos souffrances. À vous de parler. Qui souhaitez-vous élire ?
    — Toi,
Maharbal, fît une voix dans la foule.
    — Je
te remercie de ta confiance et de ton amitié mais sachez tous que je ne suis
pas candidat à ce poste. Hasdrubal m’honorait de son amitié et, pour avoir
souvent longuement discuté avec lui, je me sens autorisé à dire qu’il
souhaitait avoir pour successeur Hannibal ici présent. Au début, je l’avoue,
j’en ai éprouvé une certaine irritation. Voilà plusieurs décennies que nous avons
aboli chez nous la monarchie et je crois plus à la valeur individuelle des
hommes qu’aux vertus de leur ascendance, fut-elle la plus illustre. Ce
gringalet, dit-il en montrant le fils d’Hamilcar, m’a obligé à réviser mon
jugement. Dès qu’il s’est mis à l’œuvre, j’ai cru avoir sous mes yeux son
défunt père. Cela n’est pas dû uniquement au fait qu’il lui ressemble
étrangement. Les deux hommes ont la même lueur de malice dans le regard, les
mêmes traits et la même farouche détermination à combattre pour la gloire de
leur ville. Mais Hannibal a su aussi me conquérir par sa simplicité, sa
bravoure et son endurance.
    — Tu
as raison, fit Bostar, le commandant carthaginois des mercenaires ligures. J’ai
combattu à ses côtés quand Hasdrubal l’envoya, après son mariage, mater la
révolte d’une tribu montagnarde. Ce fut une campagne rude et éprouvante menée
en plein hiver alors que cette maudite neige recouvrait notre camp et que nous
grelottions sous nos tentes. Hannibal se tenait au milieu de nous, insensible
au froid comme à la fatigue. Il n’avait qu’un seul souci : mettre un
terme, le plus rapidement possible, à nos souffrances en guettant l’occasion
propice pour porter le coup fatal à notre ennemi. Je l’ai vu veiller des nuits
et des nuits entières puis, frais et dispos, nous mener au combat. Ses efforts
n’ont pas été vains puisqu’il nous a permis de remporter la victoire et de nous
emparer d’un énorme butin dont il offrit sa propre part à ses compagnons de
lutte. Soldats, je vous le jure sur ce que j’ai de plus sacré, ce jeune homme a
en lui l’étoffe d’un grand général et je ne vois personne d’autre plus qualifié
pour succéder à Hasdrubal. Si un tel homme existe, qu’il se lève et se présente
devant nous ! Sinon, qu’on remette sur-le-champ son bâton de commandement
au fils d’Hamilcar !
    Une
interminable ovation monta de la foule rassemblée sur la place. Frappant de
leurs glaives leurs boucliers, les vétérans aux traits burinés par le vent
scandaient le nom d’Hannibal. Ce dernier eut bien du mal à calmer leur enthousiasme
et à leur imposer le silence :
    — Combattants
de la cité d’Elissa, je cède à vos chefs et à vous-mêmes et je vous remercie de
votre confiance. Ensemble, j’en suis sûr, nous ferons de grandes choses pour
redonner à notre ville la gloire qui fut jadis la sienne et les territoires que
la couardise de certains lui ont fait perdre. Autant vous parler
franchement ; je suis un
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