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Hannibal, Sous les remparts de Rome

Hannibal, Sous les remparts de Rome

Titel: Hannibal, Sous les remparts de Rome
Autoren: Patrick Girard
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cités qui refusent toujours
d’accepter notre protection.
    — A
qui penses-tu ?
    — À
Sagonte, fit Maharbal, dont les dirigeants nous narguent en toute impunité
depuis que nos partisans au sein du Sénat local ont été soit tués soit contraints
à l’exil par leurs adversaires conseillés par les Grecs de Massalia et par les
marchands romains qui vivent là-bas et distribuent des pots-de-vin à leurs
partisans. Sagonte est une véritable épine plantée au cœur de nos possessions
et nous ne serons jamais en sécurité tant qu’elle s’obstinera à nous défier.
    — J’entends
bien mais nous avons signé un traité avec les Romains par lequel nous nous
engageons à ne pas intervenir au nord de l’Ebre.
    — Sagonte
se trouve au sud de ce fleuve, dans la zone d’influence qui nous a été
reconnue. Et ce traité que tu mentionnes, Hannibal, n’en est pas un. Il s’agit
d’un simple accord verbal passé entre Hasdrubal et des ambassadeurs romains
venus lui rendre visite à Carthagène il y a plusieurs lunes de cela alors que tu
te trouvais chez ton futur beau-père. À vrai dire, si faute il y a eu, elle
nous incombe car nous aurions dû exiger de nos interlocuteurs une garantie
écrite.
    — Quelle
pourrait être la réaction des Romains si nous attaquons Sagonte ?
    — Ils
nous laisseront faire même si les Sagontins se proclament officiellement alliés
de la cité de Romulus et envoient une ambassade auprès de son Sénat pour
solliciter une aide militaire. Ils seront abreuvés de belles promesses mais
repartiront bredouilles. Rome n’a pas, n’a plus les ambitions de sa politique
ni, ajouterais-je, la politique de ses ambitions.
    — D’où
tiens-tu cette science, Maharbal ? Je ne plaisante pas. Je suis séduit par
ton analyse mais j’aimerais connaître tes sources et les arguments qui
sous-tendent cette brillante démonstration.
    — La
source t’est plus proche que tu ne le supposes. Il s’agit de ton précepteur
Sosylos que j’ai fait convoquer à cette réunion et qui attend ton ordre pour se
présenter devant toi.
    — Qu’il
entre !
    Sur un
signe de Maharbal, un garde alla quérir le successeur d’Epicide. C’était un
homme encore jeune – il n’avait pas plus de trente-cinq
ans – aux cheveux noirs ceints d’un bandeau blanc, et au corps
svelte. Vêtu d’une courte tunique retenue à la taille par une ceinture d’argent
et chaussé de sandales de cuir, il avait fière allure. En apercevant son ancien
élève, il ne s’inclina pas respectueusement mais lui fît un geste amical de la
main, dénotant une complicité de longue date entre les deux hommes. Au milieu
des dignitaires rassemblés, lui, né esclave et affranchi par la famille
barcide, paraissait être dans son élément. Un nouveau venu l’aurait pris pour
l’un de ces graves conseillers, issus d’un noble lignage carthaginois, qui
pullulaient autour du fils d’Hamilcar. A ceci près qu’il portait à cet instant
comme à l’accoutumée un regard distant et ironique sur les hommes et les
choses, attitude bien peu compatible avec la dignité de ses fonctions
présumées.
    Hannibal
se porta à sa rencontre et l’étreignit chaleureusement avant de lui demander :
    — Je
suis heureux de te revoir, mon vieux maître, encore que tu n’aies guère de
cheveux blancs. On me dit que tu as délaissé l’enseignement pour des
occupations plus sérieuses.
    — J’y
ai été contraint par la faute de tes frères, Magon et Hasdrubal, qui préfèrent
guerroyer plutôt que de m’entendre discourir sur Homère ou Aristote. Je profite
donc de ces loisirs forcés pour observer, lire et rencontrer beaucoup de gens,
qu’ils soient grecs, romains, italiens, gaulois, carthaginois ou illyriens. Le
vin délie bien des langues et il me suffit de recouper tout ce que j’apprends
pour me faire une idée de la situation.
    — D’où
tiens-tu que Rome n’interviendra pas ?
    — Les
fils de la Louve ont d’autres sujets de préoccupation que les Sagontins. Ils
viennent à peine de réduire, non sans mal, la révolte des Boïens [7] , des Insubres [8] et des Gésates [9] , des tribus
gauloises du Nord, qui supportent mal la fondation de colonies romaines à
Ariminium [10] .
Lorsque les Boïens se sont avancés en direction du Tibre, la panique a été
telle à Rome que, pour solliciter l’aide des dieux, les sénateurs ont fait
enterrer vifs deux Grecs et deux Gaulois sur la place du marché aux
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