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Hannibal, Sous les remparts de Rome

Hannibal, Sous les remparts de Rome

Titel: Hannibal, Sous les remparts de Rome
Autoren: Patrick Girard
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soldat, fils de soldat, et je ne répugne pas à la
guerre, tout au contraire, en dépit des malheurs qu’elle sème sur son passage.
Nous avons un ennemi, un seul ennemi, Rome, et les cités qui lui sont alliées.
Je n’ai rien contre les Romains en tant que tels et vous savez que nous avons
loyalement appliqué le traité signé avec leur consul Lutatius après notre
défaite en Sicile. C’est pour payer à nos vainqueurs l’énorme indemnité exigée
de Carthage que vous avez dû exploiter ici les richesses de la lointaine
Ibérie. Leurs ambassadeurs sont venus dans nos comptoirs à plusieurs reprises
pour le constater et ont dû rendre hommage à notre loyauté. Mes amis, il est
grand temps que votre sueur serve à autre chose qu’à enrichir leurs sénateurs
et leurs matrones cupides. L’heure est arrivée pour Carthage de penser au
bien-être de ses fils et, en premier lieu, à celui de ses soldats qui la
servent loin de la colline de Byrsa. Sous peu, je vous dirai quels sont mes
projets. Mais que cette journée faste soit réservée à la joie et à
l’allégresse. Ce soir, un banquet sera organisé en votre honneur à mes frais.
J’ai déjà donné des ordres pour qu’on fasse rôtir des bœufs et que le vin soit
sorti de nos réserves. Mangez et buvez tout votre saoul, vous le méritez bien
et je suis fier de commander des hommes aussi valeureux que vous.
    À la nuit
tombée, Hannibal se mêla aux soldats qui festoyaient joyeusement et s’attarda
longuement en leur compagnie. Le vin ayant délié les langues, certains vétérans
l’interpellaient familièrement et il les écoutait attentivement, ne manquant
pas d’avoir un mot aimable pour chacun d’entre eux et rappelant à quelques-uns
leurs exploits d’antan. Or c’étaient, pour la plupart, des faits d’armes
survenus alors qu’il n’était pas né ou qu’il tétait encore le sein de sa
nourrice. Cela signifiait qu’il avait pris soin d’étudier les campagnes de ses
hommes et cette marque insigne d’intérêt lui valut un surcroît de popularité.
Ce soir-là, quiconque aurait médit du fils d’Hamilcar aurait été assommé par
les participants à ce banquet, heureux de constater qu’aux yeux de leur chef
ils étaient autre chose que des brutes épaisses promises à une mort
inéluctable.
    Au petit
matin, après avoir pris quelques moments de repos, Hannibal convoqua dans son
palais ses principaux officiers. A le voir, nul n’aurait songé qu’il avait
passé la plus grande partie de la nuit à boire et à plaisanter avec ses hommes.
Ses premiers mots furent pour Maharbal :
    — Selon
toi, de quoi dois-je me préoccuper de façon urgente ?
    — Du
cauchemar de chaque général carthaginois : le versement des soldes et de
leurs arriérés. Nous devons aux soldats et aux mercenaires deux annuités et nos
caisses sont vides.
    — Ce
n’est pas possible. Nous extrayons des mines de Bétique de l’or et de l’argent
en de telles quantités que nos coffres devraient être pleins.
    — Oui,
rétorqua Maharbal, mais tu ignores l’âpreté des comptables du Trésor. Tout part
à bord de nos quinquérèmes pour Carthage où le Conseil des Cent Quatre dispose
comme il l’entend de ces énormes richesses. Pendant ce temps, nos troupes en
sont réduites à vivre de rapines et d’expédients.
    — Nos
sénateurs n’ont tiré aucune leçon de la guerre des mercenaires. A vrai dire,
cela ne me surprend guère. Ils sont obtus et ne songent qu’à une seule
chose : accumuler de fabuleuses réserves de métaux précieux dont ils se
gardent bien de faire profiter leurs concitoyens. Je pourrais faire cesser les
envois de numéraire à notre cité mais nous avons déjà pris un risque énorme en
me faisant désigner comme général par les troupes ici présentes et non par le
peuple de Carthage. Celui-ci nous pardonnera la première faute mais pourrait
être indisposé contre nous si nous commettions la seconde. Que nous reste-t-il
comme solution ?
    — Une
seule, Hannibal : faire campagne contre les Olcades [4] les Vaccéens [5] et les Carpétans [6] rebelles à notre
autorité et qui ont multiplié ces derniers temps les attaques contre nos
garnisons et nos mines. Leurs villes, Cartala, Hermanda et Arbocala, regorgent
de richesses. Le butin dont nous nous emparerons suffira largement pour payer
les soldes dues et nous disposerons de réserves suffisantes pour envisager, le
cas échéant, d’autres opérations contre les
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