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Fiora et le Magnifique

Fiora et le Magnifique

Titel: Fiora et le Magnifique
Autoren: Juliette Benzoni
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pesait pas lourd.
    Jamais
je n’ai célébré mariage plus dramatique. Il fallut positivement traîner à l’autel
une petite Marie défigurée par les larmes au point que je voulus refuser d’officier.
Mais du Hamel avait avec lui un sien cousin, chanoine de Saint-Benigne de Dijon
qui était tout prêt à me remplacer. Je bénis donc ce mariage et j’en porterai
le poids jusqu’à ma dernière heure.
    Car, à
peine Marie fut-elle entrée dans la maison d’Autun où résidait son époux que la
vie devint pour elle un enfer. Du Hamel se montrait d’une avarice sordide et d’une
jalousie de maniaque. Marie, soumise à l’incessant espionnage de ses gens
vivait enfermée, mal nourrie, privée de tout ce qui peut rendre la vie agréable
à une jeune femme. La naissance d’une petite fille qui vint neuf mois après le
mariage n’arrangea rien. Le mari voulait un fils et rendit sa femme responsable
de ce qu’il considérait comme une offense. En outre, ce qui est plus grave
encore, il prêta l’oreille à certains commérages touchant la nature réelle des
sentiments que Marie nourrissait envers son frère.
    – D’où
tenait-il cela ?
    – Allez
savoir ? Une servante renvoyée, un valet acheté ou encore un témoin de ces
longues promenades que les deux malheureux enfants faisaient trop souvent
seuls. Toujours est-il que, dès lors, Regnault du Hamel ne ménagea plus à sa
femme les injures et les mauvais traitements. Battue, méprisée, honnie, Marie
résista de son mieux mais, quand du Hamel mit le comble à sa méchanceté en lui
enlevant sa fille, le courage l’abandonna. A quelques lieues de sa prison, il y
avait la maison de son enfance et le toit qui avait abrité son trop court
bonheur. Une nuit, profitant d’une brève absence de son bourreau, Marie réussit
à s’enfuir avec l’aide d’une jeune servante qui l’avait prise en pitié. Elle
courut d’une traite jusque chez ses parents, avide d’un refuge dont son corps
meurtri et couvert de vilaines taches bleues ne proclamait que trop le besoin.
Elle ignorait que Jean, inquiet d’être sans nouvelles de sa sœur depuis des
mois, venait lui aussi d’arriver. Et tout de suite on fut en plein drame.
    En se
retrouvant, les deux jeunes gens retrouvèrent aussi intact et même renforcé ce
sentiment monstrueux qui les poussait l’un vers l’autre et les Brévailles
eurent peur. Avec des prières, puis des menaces, ils tentèrent de persuader
Marie de retourner chez son époux. Madeleine de Brévailles avait le cœur navré
devant les souffrances qu’endurait sa fille mais du Hamel était son époux :
il avait sur elle tous les droits et nul n’y pouvait rien.
    Jean,
lui, batailla pour sa sœur. Il fallut le retenir de force et l’empêcher de
courir à Autun pour y tuer l’odieux mari. De toute façon, il s’opposait
formellement à ce que Marie retournât au logis conjugal, et les parents ne
surent plus que faire : Marie menaçait de se tuer si on la renvoyait. C’est
à ce moment qu’arriva une lettre de Regnault. Lettre violente et agressive s’il
en fut. L’affreux personnage y accusait formellement Marie de relations
incestueuses avec son frère et annonçait qu’il allait déposer une plainte
auprès de la justice ducale. Cette fois, Jean et Marie prirent peur et,
souhaitant mettre le plus de distance possible entre eux et leur ennemi,
craignant par ailleurs d’attirer de graves ennuis à leurs parents, ils s’enfuirent.
Alors que la sagesse eût voulu qu’ils tirent chacun de son côté : lui pour
rejoindre le comte de Charolais qu’il avait quitté sans permission, elle pour s’enfermer
dans quelque couvent éloigné, ils n’eurent pas le courage de se séparer ni de
résister à leur passion. Ils gagnèrent Paris où, confiants dans la grandeur de
cette ville, ils s’installèrent dans une auberge voisine du Louvre et y
vécurent sous un faux nom comme mari et femme. J’ai le regret de dire qu’ils
connurent là, dans leur inconscience, six mois de bonheur indicible...
    – Il
ne faut jamais regretter le bonheur, dit Francesco gravement. C’est chose trop
rare !
    – Même
lorsqu’on le paie un tel prix ?
    – Si
c’est à leur mort que vous faites allusion, je crois que vous vous trompez. Je
les ai vus. Ils semblaient aller vers le Paradis. Ils savaient qu’à présent
plus rien ne pourrait les séparer. Ils allaient vers l’éternité...
    – Sans
doute, soupira le père Charruet, mais ce que
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