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Fiora et le Magnifique

Fiora et le Magnifique

Titel: Fiora et le Magnifique
Autoren: Juliette Benzoni
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éclair, le Florentin comprit ce qu’il était venu faire là et, dégainant sa
dague, il partit comme une flèche, rejoignit l’homme en un instant. Il était
temps. Du Hamel avait dégagé des plis de son manteau un bébé qui se mit à crier
quand il l’éleva au-dessus de sa tête pour le fracasser contre une pierre. Mais
la dague de Francesco s’enfonçait déjà dans la chair de ses reins...
    – Doucement,
messire l’assassin ! Tout doucement, si vous ne voulez pas que je vous
tue. Je savais déjà que vous étiez un fier misérable mais à ce point...
    La
douleur devait être vive car Regnault obéit et abaissa son bras.
    – Que...
voulez-vous ?
    – Cet
enfant. Donnez-le-moi... et sans lui faire de mal ! Allons ! Vite !
Je suis peu patient !
    La
dague s’enfonça un peu plus. L’homme poussa un cri, lâcha sa proie que
Francesco saisit de sa main libre pour le remettre aussitôt au vieux chapelain
qui les avait rejoints et qui pleurait d’émotion :
    – Dieu
a permis que vous arriviez à temps, messire ! En vérité je crois que vous
êtes son envoyé.
    – Je
commence à le croire aussi. A présent, que faisons-nous ? Je l’achève ?
    Mais,
pour échapper à la douleur qui lui vrillait les reins, du Hamel s’était lancé
en avant et roulait dans la boue. Il écumait de fureur :
    – Misérable
étranger ! Tu n’auras pas trop de toute ta vie pour regretter ce que tu as
fait aujourd’hui ! Je suis un homme puissant et j’ai les moyens de te
faire châtier comme tu le mérites.
    – Vous
êtes surtout un criminel que nous avons surpris au moment où il allait tuer un
enfant, gronda le père Charruet. J’en témoignerai devant la justice de
monseigneur Philippe et nous verrons bien qui aura raison !
    Francesco
se mit à rire et frappa dans ses mains pour appeler Marino qui accourut avec
les montures. Dans l’une des sacoches que portaient les chevaux, il prit une
corde :
    – Nous
allons faire en sorte, maître coquin, que tu ne puisses nuire à personne avant
un bon moment. Aide-moi, Marino !
    Avant
que du Hamel ait pu faire le moindre geste pour se défendre, il se retrouva
solidement ligoté et réduit à l’impuissance. Comme il poussait des cris d’orfraie,
Francesco le bâillonna avec deux mouchoirs. Puis les deux hommes le
transportèrent dans le vieil hospice à demi-ruiné et l’abandonnèrent adossé
contre un mur dans ce qui avait été le vestibule.
    – Vous
ne craignez pas qu’il meure de froid ? s’inquiéta le prêtre qui berçait
machinalement le bébé abrité sous son manteau et qui d’ailleurs ne criait plus.
    – C’est
affaire entre Dieu et lui ! Ne me demandez pas de pitié pour cet assassin.
Il est chaudement vêtu et nous l’avons mis à l’abri des courants d’air. Je me
méfie de ce genre d’homme et je veux avoir quitté Dijon avant qu’il ne donne à
ses menaces un commencement d’exécution. Après tout, il a raison quand il dit
que je suis un étranger ici... Maintenant, il faut nous occuper de ce pauvre
petit être qu’il allait massacrer si sauvagement. Montrez-le-moi, padre !
    Le
vieil homme entrouvrit son manteau, découvrant une petite figure ronde crêtée d’une
boucle brune, deux poings minuscules qui s’agitaient doucement. Les yeux
étaient clos et la petite bouche s’ouvrait et se refermait, cherchant à téter.
    – Elle
a faim, dit Francesco. Rentrons vite à la Croix d’Or. Dame Huguet saura prendre
soin d’elle. Je dirai que je l’ai trouvée dans la rue pour éviter de choquer
les délicatesses des gens d’ici.
    – Mais
qu’allez-vous en faire ?
    Francesco
se pencha, prit l’une des menottes qui s’agrippa aussitôt à son doigt. Il y
posa un baiser léger mais sa voix était grave quand il répondit :
    – Je
vais en faire ma fille. Je n’ai pas d’épouse et peu de famille. Elle n’en a pas
non plus. Ensemble nous serons peut-être heureux. Pour ma part, je ferai tout
pour cela.
    – Vous
êtes jeune, mon fils. Vous vous marierez un jour.
    – Non...
non, jamais ! Prenez-moi pour un fou si vous le voulez, padre, mais j’ai
vu mourir aujourd’hui la seule femme que j’aurais voulu aimer. Et j’espère
seulement que, là où elle se trouve, Marie... Marie qu’il me semble connaître
depuis toujours, me regarde en souriant.
    Une
cloche sonna au loin. Les portes de la ville se refermèrent sur les trois
cavaliers et leur fragile fardeau. Dijon, confiante dans la solidité de
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