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Fiora et le Magnifique

Fiora et le Magnifique

Titel: Fiora et le Magnifique
Autoren: Juliette Benzoni
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vous ignorez c’est que ce bonheur
ne tarda pas à annoncer un fruit. Cette nouvelle leur fit mesurer l’abîme qui
se creusait entre eux et leur univers habituel. Avec la résolution de cette
sorte d’âme, ils ne reculèrent pas devant les conséquences et se sentirent, au
contraire, plus unis dans leur crime qu’ils ne l’avaient jamais été. Ils
songeaient alors à gagner l’Angleterre afin de pouvoir y vivre au grand jour
mais l’argent commençait à leur faire défaut... et puis, sans qu’ils s’en
doutent, le destin apprêtait ses armes. Ils se croyaient bien cachés dans ce
grand Paris et ils ignoraient encore qu’avec de l’or on arrive à tout. Regnault
du Hamel, sa plainte déposée auprès de la justice ducale, en avait dépensé
beaucoup en dépit de son avarice. Payés par lui, des espions relevèrent les
traces des fugitifs puis s’assurèrent des complicités. Il ne pouvait être
question, en effet, de les arrêter au grand jour puisqu’ils ne se trouvaient
plus en Bourgogne. Du Hamel paya tout ce qu’il fallut et, une nuit, une troupe
d’hommes masqués envahit l’auberge, en arracha les deux jeunes gens et les
jetèrent dans une barge qui remonta la Seine jusqu’à un point où l’on trouva
des chevaux. Après un voyage affreux au cours duquel Marie, enceinte, pensa
mourir cent fois, les malheureux enfants furent ramenés ici où les attendaient,
non seulement du Hamel triomphant mais encore la prison... En effet, cet homme
ne voulait pas seulement la mort des coupables, il voulait aussi leur
avilissement public, il voulait les voir enchaînés ensemble à un bûcher au
milieu d’une foule à la joie brutale et insultante... Et, de fait, ils furent
condamnés. Le mari s’était trouvé plus de témoins qu’il n’en fallait, une
poignée de misérables qui contre un peu d’or vinrent jurer qu’ils avaient cent
fois vu Jean et Marie se donner l’un à l’autre... D’ailleurs Marie attendait un
enfant. Courageusement, dans l’espoir de sauver son frère, elle affirma bien s’être
donnée à un amoureux de rencontre mais cela ne servit à rien. La sentence fut
seulement ajournée jusqu’à la délivrance de la pauvre petite.
    J’allai
alors supplier Pierre de Brévailles de se rendre auprès de monseigneur le duc
pour obtenir qu’au moins on leur laissât la vie et qu’on les enfermât seulement
dans des couvents. Il refusa brutalement. Son orgueil était atteint, il se
jugeait avili, déshonoré et je crois bien qu’il s’était mis à les haïr. Dame
Madeleine, sa femme, avait joint ses prières aux miennes sans autre succès.
Alors nous partîmes tous deux pour Bruxelles. Cette démarche que le père refusait,
la mère y courait avec tout son amour intact.
    A
Lille, au sortir de la chapelle, elle alla se jeter aux genoux de monseigneur
le duc qui lui tourna le dos sans vouloir l’entendre. Ce vieux bouc qui n’a
cessé d’offenser Dieu par sa luxure effrénée aurait peut-être eu pitié de Marie
si elle avait été sa maîtresse. Mais il n’eut que mépris pour cette mère
douloureuse, jeta le prêtre dans une soudaine explosion de colère qui fit
sursauter son auditeur.
    – Qu’avez-vous
dit, padre ? ...
    Soudain
rouge jusqu’à sa couronne de cheveux blancs, le père Charruet eut un timide
sourire :
    – Rien !
Pardonnez-moi, mon fils ! Je me suis laissé emporter par un reste de cette
colère que j’ai éprouvée devant les larmes de dame Madeleine, laissée seule, à
genoux au milieu d’une galerie somptueuse sous les regards moqueurs des
courtisans. Je l’ai relevée et nous sommes sortis ensemble mais elle voulait
encore tenter quelque chose : Jean avait longtemps servi le jeune comte de
Charolais qui le traitait amicalement. Peut-être ce jeune prince que l’on
disait de mœurs si pures se laisserait-il toucher par la pitié ? Jean
disait souvent que son maître lui voulait du bien...
    – Alors ?
    – Cette
fois, nous fûmes reçus mais l’espoir ne dura qu’un instant. Le comte Charles a
en horreur la débauche qui règne à la Cour de son père et s’efforce de faire
régner dans son entourage la dignité et la décence. En outre, c’est un prince
plein d’orgueil et Jean a abandonné son service sans lui demander son congé.
Nous l’avons trouvé fort sévère : « Les coupables de pareil crime ne
méritent pardon ni miséricorde car ils ont péché à la fois contre la loi de
Monseigneur Dieu et contre celle de la
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