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Fiora et le Magnifique

Fiora et le Magnifique

Titel: Fiora et le Magnifique
Autoren: Juliette Benzoni
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près de Regnault du Hamel qui semblait
attendre leur départ, il cracha vigoureusement à ses pieds. Jamais encore il n’avait
connu pareille envie de tuer... ni pareille horreur d’un être humain. Pourtant,
une heure plus tôt, il n’avait jamais vu cet homme. Il avait fallu cette
rencontre, au détour d’un chemin, avec un visage d’ange marchant au martyre
pour que son propre univers basculât dans un cauchemar où, de façon
inexplicable, il se retrouvait parfaitement à l’aise. Ces gens avaient envahi
de leur amour et de leurs souffrances son existence aimable d’épicurien et de
dilettante quelque peu égoïste. Et il ne savait même pas leurs noms...
     
     
    – Ils
s’appelaient Jean et Marie de Brévailles et moi je suis Antoine Charruet, curé
du village et chapelain de la famille. Comme je vous le disais tout à l’heure,
je les ai vus naître et ils me sont aussi chers que s’ils étaient mes propres
enfants. Leur enfance s’est déroulée dans le château paternel, un beau et riche
manoir qui domine les eaux dangereuses du Doubs. Leurs parents, Pierre de
Brévailles et Madeleine de la Vigne, y vivent en seigneurs terriens et en
fidèles sujets de notre duc Philippe que Dieu nous veuille garder bien qu’il n’écoute
pas toujours les appels de la miséricorde...
    Le
prêtre se signa puis, prenant son gobelet, il but quelques gouttes de vin. Lui
et Francesco achevaient le repas que le Florentin avait fait servir dans sa
chambre où un bon feu faisait régner une agréable chaleur. Le visage du vieil
homme, si pâle tout à l’heure, y reprenait couleur mais sa main avait tremblé
et il était visible que les larmes n’étaient pas loin.
    – Préférez-vous
prendre un peu de repos, padre ? dit doucement Francesco. J’ai peur que ce
récit ne vous soit encore très pénible.
    – Non.
Non, au contraire, cela me fait du bien de parler d’eux... d’essayer... de les
expliquer à quelqu’un de compatissant... Les Brévailles avaient en tout quatre
enfants, deux garçons et deux filles. Jean, l’aîné, avait trois ans de plus que
Marie mais dès leur petite enfance on put remarquer qu’une profonde affection,
exclusive et tenace les unissait. Les parents, pas plus que moi, ne s’en
souciaient sinon pour en sourire. On les appelait « les jumeaux »
parce qu’ils se ressemblaient d’étonnante façon et parce que, seuls parmi les
autres enfants, ils étaient de cette extraordinaire beauté que vous avez dû
remarquer, messire. C’était un caprice de la nature et nous y voyions la raison
de cette préférence que Jean portait à Marie et que Marie portait à Jean. Les
Brévailles étaient fiers de la beauté de leurs enfants et citaient en exemple
leur tendresse mutuelle sans qu’un instant la pensée ne les eût effleurés que
cet amour dût, avec les années, devenir moins pur. Quels parents d’ailleurs
pourraient avoir jamais une telle idée ?
    – C’est
difficile à imaginer, sans doute, mais il est des exemples. On a parlé d’un
comte d’Armagnac et de sa sœur...
    – Quand
on est de très haute maison, peut-être se croit-on au-dessus des règles de la
morale et de l’opinion publique ? Chez les Brévailles, qui sont de bonne
noblesse simplement, on ne saurait se permettre un tel scandale. Lorsque Jean
eut treize ans, le chancelier de Bourgogne, maître Nicolas Rollin, qui est un
ami de la famille, obtint pour lui d’entrer comme page au service de
monseigneur le comte de Charolais, fils du duc Philippe, afin d’y apprendre à
la fois les armes et le ton de la Cour. Messire de Brévailles, qui avait
renoncé aux armes après le siège de Compiègne où il avait été grièvement
blessé, fut très heureux de cette circonstance qui allait permettre à son fils
d’apprendre la chevalerie sous un prince qui s’en veut le serviteur
enthousiaste. Et Jean partit pour Lille.
    Dire
ce que fut le désespoir de Marie est impossible. Son chagrin de ce départ fut
si violent que sa mère craignit un instant pour sa raison et que l’enfant
languit de longs mois avant de retrouver la santé.
    L’absence
de Jean dura quatre ans. De page il était devenu écuyer de monseigneur Charles
et quant il revint passer avec les siens la Noël de l’an 1455, chacun put voir
qu’il avait la plus fière mine qui se puisse voir. Quant à Marie, qui avait
appris le chant, la danse, la musique et la manière de tenir une maison, sa
beauté fleurissait avec un tel éclat que les
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