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Fiora et le Magnifique

Fiora et le Magnifique

Titel: Fiora et le Magnifique
Autoren: Juliette Benzoni
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demandes en mariage commençaient à
affluer. Elle les refusait toutes en assurant qu’elle ne souhaitait pas quitter
la demeure de ses parents, où elle se trouvait pleinement heureuse.
    C’est
au retour de Jean que les choses prirent une tournure grave. Pour ma part, j’en
eus le pressentiment devant l’attitude de ces deux enfants. Dès qu’ils se
furent retrouvés, ils ne se quittèrent plus. Ils s’asseyaient toujours l’un
près de l’autre en se tenant la main. Ils multipliaient les occasions de s’isoler
et faisaient ensemble de longues promenades à cheval. Une nuit... ce fut le
drame... et je regrette de dire que j’en fus l’artisan.
    Antoine
Charruet s’éloigna de la table et alla s’asseoir près du feu auquel il tendit
ses mains maigres qui avaient recommencé à trembler.
    – Ce
soir-là, Jean avait appris à Marie une danse de cour fort gracieuse sans doute
mais dont les figures, pleines de langueur, n’étaient pas de mise entre frère
et sœur. En outre, j’avais remarqué certain trouble, certain frémissement quand
leurs yeux se rencontraient ou quand leurs mains se joignaient. Tout cela me
tint éveillé assez tard dans la nuit. Je sentais croître ma nervosité et je
finis par comprendre que je ne pourrais pas trouver le sommeil tant que je n’aurais
pas parlé à Jean. Il fallait que je le décide à rejoindre monseigneur de
Charolais dès le lendemain. Je pris donc ma chandelle et me dirigeai vers sa
chambre qui se situait dans l’une des tours, c’est-à-dire assez à l’écart de
celles de la famille.
    En
arrivant, je vis qu’un peu de lumière filtrait sous la porte et j’en fus
content car cela m’évitait de réveiller le garçon. Très doucement, j’ouvris la
porte, pensant le surprendre en train de lire ou d’écrire. Hélas, ce que je vis
était à la fois terrifiant et de la plus fascinante beauté : dans le grand
lit aux rideaux rouges, sous la lumière douce d’une chandelle Jean et Marie s’aimaient...
    Je ne
sais ce que vous auriez fait à ma place. J’aurais dû, sans doute, m’élancer
dans la chambre, arracher Marie à ce lit, à ces bras où elle semblait goûter un
bonheur indicible. Je ne l’ai pas pu. Un instant, je les ai contemplés perdus
dans leur amour qui les magnifiait... et puis j’ai refermé la porte doucement,
tout doucement et je suis rentré chez moi pour y prier le reste de la nuit. Le
mal était fait d’ailleurs et quelques heures de plus ou de moins n’y
changeraient rien.
    Dès l’aube,
je fus chez Jean qui cette fois était seul. Je lui dis ce que j’avais vu et lui
ordonnai, au nom du Seigneur, de quitter immédiatement cette maison qu’il n’avait
pas craint de souiller. Il ne protesta pas. Il dit seulement : « Nous
nous aimons et rien ni personne ne nous en empêchera ». Néanmoins, il
accepta de partir. S’il avait refusé, j’aurais été obligé de prévenir son père
et il le savait.
    A
Marie plongée dans les larmes par ce départ si brutal je ne dis rien mais j’allai
trouver ses parents et leur fit entendre qu’il était temps de marier leur
fille. A ma surprise, je les y trouvai décidés. Eux non plus n’avaient pas aimé
la danse de cour... Et, cette fois, Marie n’aurait plus le droit de refuser l’époux
qu’on lui offrirait.
    Le
malheur voulut que, sur ces entrefaites, je fusse obligé de m’absenter quelques
semaines, mais je partis tranquille, persuadé qu’à mon retour les choses
auraient retrouvé un cours normal. Dans mon idée, je pensais qu’un époux jeune,
beau et amoureux aurait vite raison du souvenir de Jean. J’avais fini par me
persuader que la scène dont j’avais été le témoin n’était qu’une folie
passagère, un grave enfantillage. Ils étaient si jeunes tous les deux !
    Lorsque
je revins, Marie était fiancée et, contrairement à ce que j’espérais, j’en fus
consterné. Par je ne sais quelle aberration, Pierre de Brévailles, en dépit des
prières de sa femme, avait jeté son dévolu sur Regnault du Hamel. Vous l’avez
vu, je n’ai donc pas à vous le décrire. Je me bornerai à vous dire que, conseiller
et lieutenant de la chancellerie au siège d’Autun, fort riche de surcroît, il
avait de hautes et puissantes relations qui en faisaient un gendre souhaitable.
En outre, il prenait Marie sans dot, ce qui avait compté dans la décision de
Brévailles. Ses finances, je l’appris alors, n’allaient pas au mieux... Auprès
de cela, l’amour ne
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