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Fiora et le Magnifique

Fiora et le Magnifique

Titel: Fiora et le Magnifique
Autoren: Juliette Benzoni
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nature. La justice doit suivre son
cours... » Les larmes d’une mère désespérée n’ont pu trouver le chemin de
ce cœur cuirassé et tout ce que l’on a pu en obtenir fut que la sentence serait
changée : l’abominable bûcher ferait place à la décapitation par l’épée,
seule mort digne d’un gentilhomme. Vous en savez à présent autant que moi...
    – Il
manque encore quelque chose, padre ! La jeune femme était enceinte,
avez-vous dit. A-t-elle pu mettre au monde son enfant ?
    – Oui.
Dans sa prison, il y a cinq jours, Marie a donné le jour à une petite fille que
l’on a portée dès le lendemain à l’hôpital de la Charité où vont tous les
enfants abandonnés.
    – Abandonnés ?
s’insurgea Francesco, mais cette pauvre petite n’a-t-elle pas des
grands-parents ? Les Brévailles ne peuvent-ils s’en charger ? Il me
semble qu’elle est doublement de leur sang ?
    – Pour
rien au monde messire Pierre ne voudrait de cette preuve sous son toit et dame
Madeleine, qui s’est fait durement tancer à son retour des Flandres, n’a pas
osé braver davantage la colère de son époux. Ce qu’elle cherche à obtenir, pour
le moment, c’est qu’on lui confie l’enfant que Marie a donné à Regnault du
Hamel.
    – Et
l’autre petite, alors ? Que va-t-elle devenir ?
    Le
vieux prêtre écarta deux mains dont le vide traduisait l’impuissance :
    – Je
n’en sais rien. Pourtant, avant de mourir, Marie m’a supplié de prendre soin de
son enfant. Je ne sais quel va être son sort. Les dames de l’hôpital ne l’ont
pas accueillie sans répugnance.
    – Comment
cela ?
    – L’enfant
née de l’inceste est un objet d’horreur, le produit d’une œuvre diabolique.
Aucune nourrice n’a voulu s’en charger. On lui donne du lait de chèvre ; elle
mourra sans doute bientôt si ce n’est déjà fait. Je pensais m’en charger mais
quelle femme acceptera de m’aider ? J’habite à Brévailles et n’ai d’autre
logis que...
    Francesco
laissa éclater son indignation :
    – Les
gens d’ici me font l’effet d’être d’étranges chrétiens. L’enfant est-elle
baptisée ?
    Le
frère Charruet fit signe que non :
    – Je
voulais le faire ; on ne m’a pas permis de l’approcher et...
    – C’est
ce que nous allons voir ! Conduisez-moi à cet hôpital où les enfants
inspirent le dégoût !
    – Que
voulez-vous faire ?
    – Vous
le verrez bien ! Holà, Marino ! Fais atteler deux chevaux ou plutôt
trois et prépare-toi à nous accompagner.
    – C’est
de la folie ! Il va bientôt faire nuit, les portes vont se fermer et l’hôpital
est à l’entrée de la route de Beaune, dit le prêtre.
    – C’est
bien pour cela qu’il faut faire vite !
    Un
instant plus tard, les trois hommes reprenaient le chemin de la porte d’Ouche.
En effet, l’hôpital de la Charité, placé sous le vocable du Saint-Esprit,
élevait ses bâtiments au bord même de la rivière d’Ouche, non loin de l’ancien
hospice des pestiférés. C’était un vieil édifice, fondé en 1204 par le duc
Eudes III pour les pèlerins, les pauvres malades et les enfants abandonnés. Des
religieux du Saint-Esprit s’y partageaient l’ouvrage avec quelques dames
augustines qui s’occupaient plus particulièrement des enfants.
    Le
jour baissait quand Francesco et ses deux compagnons arrivèrent en vue de l’antique
portail. Soudain, Antoine Charruet saisit Francesco par le bras et le retint.
Un homme sortait, accompagné jusqu’au seuil par un religieux.
    – Regardez,
dit le prêtre. C’est Regnault du Hamel ! Je le reconnaîtrais n’importe où
en dépit de ce gros manteau où il s’abrite...
    – ...
et sous lequel il cache quelque chose ! Suivons-le !
    – Pensez-vous
que ce serait... l’enfant ?
    – J’en
jurerais ! Ecoutez !
    Le
vent du soir leur apportait, en effet, un faible vagissement qui ôta les
derniers doutes au prêtre. C’était bien l’enfant que du Hamel cachait sous son
manteau et il était urgent de savoir ce qu’il en voulait faire. Laissant les
bêtes à la garde de Marino, Francesco et son compagnon s’élancèrent sur sa
trace. Elle n’était pas difficile à suivre. L’endroit était désert et l’homme
ne se savait pas épié. Il marchait rapidement en direction du vieil hospice et
de son affreux cimetière. Francesco le vit s’arrêter près de la fosse
fraîchement refermée que la neige déblayée distinguait du reste du terrain. En
un
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