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Fiora et le Magnifique

Fiora et le Magnifique

Titel: Fiora et le Magnifique
Autoren: Juliette Benzoni
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Démétrios.
    – Nous
aussi ! dit Léonarde.
    Le
médecin avait disposé sur la table ce qu’il fallait pour écrire et Lorenzo
prenait déjà la plume quand Fiora l’arrêta ;
    – Que
veux-tu faire ?
    – Te
recommander au roi Louis afin que...
     
    – ...
La femme de Philippe de Selongey puisse lui servir d’otage ? Tu viens de
dire toi-même que je ne saurais compter pour l’homme auquel j’ai été unie.
    – Non,
fit Lorenzo gravement. Lui dire que je lui envoie la fille... malheureuse de
Francesco Beltrami, l’ami que j’ai perdu. Son nom est connu à la cour de
France.
    Il
allait se mettre à écrire mais elle saisit la page encore vierge et la déchira :
    – Laisse-moi
mener à ma guise ma destinée ! Tant que je n’aurai pas été reconnue
innocente de tout ce que l’on m’a imputé et rétablie aux yeux de tous dans mes
droits... et cela par toi-même, je n’ai que faire de tes recommandations.
    – Fiora,
je t’en supplie : laisse faire le temps !
    – Le
temps ? Dans quel poème Pétrarque a-t-il écrit : « Avant que j’atteigne
à la rive espérée, on trouvera le laurier sans feuilles vertes... » ?
Jamais tu n’oseras aller contre la volonté du peuple, Lorenzo... mais prends
garde au jour où il se laissera attirer par une nouvelle idole ! Et prends
garde au pape !
    Droite
et fière, la tête haute comme si elle marchait à la gloire au lieu de faire ses
premiers pas dans une direction dont elle ignorait encore où elle la
conduirait, Fiora tourna le dos au Magnifique, à cet homme en qui s’incarnait
toute la grâce et toute la splendeur de sa jeunesse... et sortit de la pièce.
    Un
quart d’heure plus tard, cependant, vêtue du pourpoint vert que lui avait donné
Chiara, elle posait le bout de sa botte sur l’étrier que lui tenait Lorenzo. C’était
son propre cheval qu’il lui donnait, comme Démétrios et Léonarde recevaient les
chevaux qui avaient amené
    Poliziano
et Savaglio. Les trois hommes redescendraient à pied à la Badia. Esteban avait
sa monture habituelle et la mule, qui servait indistinctement à lui et à son
maître, portait les quelques bagages.
    Démétrios,
avant de le quitter, regarda le petit castello qui lui avait offert sa première
halte paisible et douce après tant d’années d’errance. Il allait être fermé – à
moins que la foule furieuse n’y mît le feu demain ! – et la belle Samia
regagnerait la Badia ou le palais de la via Larga. Le Grec savait qu’il
laissait tout de même derrière lui des amitiés : Poliziano l’avait
embrassé en pleurant et Lorenzo lui-même l’avait serré dans ses bras... en lui
murmurant qu’il y avait de l’or dans les sacoches de son cheval comme dans
celles de la monture de Fiora... Mais, le médecin n’était pas triste : il
pensait à sa vengeance qui allait enfin devenir possible grâce à cette belle
femme dont le ciel... ou le diable avait fait sa compagne et peut-être sa
complice... Et puis il était trop habitué aux départs fréquents pour que
celui-là lui fût pénible.
    Sans
vouloir l’avouer, Léonarde était heureuse. Elle avait retrouvé son enfant et
elle allait revoir sa terre natale, ce pays de Bourgogne que la beauté de
Florence n’avait jamais réussi à lui faire oublier. C’était au moins un vrai
pays chrétien où l’on ne chantait pas la messe après avoir louange des
divinités païennes !
    Esteban
ne pensait à rien. Il allait où allait le maître auquel il s’était attaché mais
il était tout de même satisfait de partir. Il aimait trop l’aventure et la
bagarre pour se satisfaire vraiment des plaisirs du marché et d’une vie
paisible au sein d’une nature aimable. Certes, les choses étaient devenues plus
passionnantes avec l’entrée dans cette vie de celle qu’il appelait en lui-même « la
madone aux yeux gris » mais il était bien que l’on allât maintenant vers d’autres
horizons... Des horizons où l’on faisait la guerre.
    Fiora
écoutait la nuit. Le vent s’était levé et portait avec lui les rumeurs de la
ville qui ne se calmeraient pas. Elle pouvait apercevoir les lueurs mouvantes
et les fumées légères qui serrées dans la ceinture des remparts évoquaient le
cratère d’un volcan qui s’éveille... C’était sa mort que l’on appelait là-bas
et elle devait laisser toute espérance d’y revenir jamais. Pourtant, en dépit
de ce qu’elle avait souffert, les racines de son cœur demeuraient enfouies
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