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Fiora et le Magnifique

Fiora et le Magnifique

Titel: Fiora et le Magnifique
Autoren: Juliette Benzoni
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d’eux :
    – Maître !
Le seigneur Lorenzo est là ! Il veut te voir, toi et donna Fiora ! Vite !
    Ils
descendirent en hâte, croyant à peine le témoignage de leurs oreilles. Mais
Lorenzo était bien là. Dans la robe verte qu’il affectionnait, il se tenait
debout près de la fenêtre dans le cabinet de Démétrios en compagnie de son ami
Poliziano qui jouait avec ses gants, adossé à l’une des armoires. Le souci
marquait son maigre visage mais il parut à Fiora plus grand qu’à leur dernier
revoir, sous les voûtes de la Seigneurie. Les entendant entrer, il abandonna la
fenêtre et leur fit face :
    – Toi
ici, Seigneur ? fit Démétrios en s’inclinant tandis que sa compagne
ployait légèrement le genou pour le plus raide des saluts. C’est un grand
honneur.
    – Il
fallait que je vienne car le temps presse. Tout à l’heure, j’ai quitté la ville
pour la Badia où se tient une réunion de notre Académie platonicienne mais en
donnant l’ordre de fermer les portes derrière moi. Elles ne s’ouvriront qu’à l’heure
habituelle demain matin. Il faut que cette nuit vous mettiez le plus possible
de chemin entre vous et ceux qui veulent votre mort !
    – Nous
diras-tu ce qui se passe, seigneur ? demanda Fiora d’une voix glacée. Nous
savons que le corps de Pietro Pazzi a été repêché dans l’Arno, que la Pippa a
été arrêtée mais je ne vois pas pourquoi l’on voudrait nous tuer, nous ?
    – Parce
que cette femme a parlé. Elle t’accuse d’avoir poignardé le bossu avec l’aide d’un
sorcier habillé comme un mendiant...
    – Moi ?
Et comment suis-je censée être entrée chez elle ?
    – Elle
dit qu’elle te connaissait depuis longtemps, que tu... venais chez elle pour y
rencontrer des hommes et que, tout naturellement, c’est dans sa maison que tu
es venue chercher refuge après ta fuite du couvent... Pietro était... l’un de
ceux que tu venais rencontrer parce qu’il était très amoureux de toi...
    – Et
quoi encore ? s’écria la jeune femme. Peut-on vraiment dans cette ville,
ta ville, raconter n’importe quoi sur n’importe qui ? On l’a crue, bien
entendu ?
    – On
croit toujours ce qui plaît à la populace.
    – Vraiment ?
Alors dis-moi comment la populace a reçu la nouvelle de l’arrestation de
Hieronyma ? Comment il se fait que son beau-père fasse le jour et la nuit
à la Seigneurie ?
    – Le
peuple n’a rien su de cette arrestation.
    Lorenzo
détourna les yeux de ce jeune visage flamboyant de colère et sa voix rauque
parut s’assourdir encore lorsqu’il dit :
    – Hieronyma
s’est enfuie des Stinche avant que la nouvelle ne soit sue. Elle est en fuite à
présent et l’on ne sait où elle est...
    – Quoi ?
crièrent d’une même voix Fiora et Démétrios mais ce fut le Grec qui reprit la
parole :
    – Comment
est-ce possible ?
    – Dans
la milice il y avait deux clients des Pazzi. Ils ont prévenu aussitôt le vieux
Jacopo. Il est venu lui-même, avec ses gens et le moine espagnol chercher sa
belle-fille qui était encore inconsciente d’ailleurs. Cela leur a permis de
dire qu’elle était victime d’une affreuse machination et d’un sortilège... Le
repêchage du corps de Pietro et les aveux de la Virago ont mis le feu aux
poudres. Ce fray Ignacio a prêché, tout le jour, sur les places et dans les
carrefours pour que l’on s’empare de toi, Fiora, et de Démétrios...
    – Et
toi, lança Fiora, que faisais-tu pendant tout ce temps ? Toi le maître de
Florence, le tout-puissant, le Magnifique ? Que faisais-tu pendant que l’on
assassinait ton ami, mon père, que faisais-tu pendant que l’on me mettait en
accusation à Santa Lucia, pendant que l’on m’arrachait du couvent pour me jeter
à la Virago, livrée à n’importe qui et, surtout, à ce misérable Pietro qui
avait commencé à m’étrangler ? Je serais morte sans Démétrios parce que
toi, tu ne faisais rien. Tu me laisses dépouillée de tout, tu laisses...
    – Mettre
le feu au palais Beltrami, fit doucement le Grec. C’est bien lui qui brûle, n’est-ce
pas ?
    Fiora
se retourna et le regarda avec horreur ;
    – C’est...
ma maison ?
    – Oui
Fiora, dit Lorenzo, c’est ta maison. Quand comprendras-tu que nous sommes en
république et que je n’ai de pouvoir qu’autant que je fais cette république
riche, heureuse et puissante ?
    – Je
vois. Tu préfères laisser un moine étranger manier les foules pendant que tu
discutes
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