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Fiora et le Magnifique

Fiora et le Magnifique

Titel: Fiora et le Magnifique
Autoren: Juliette Benzoni
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pour observer les étoiles et en écouter le langage. Mais en cette
fin de nuit, car l’aube allait bientôt paraître, il se détourna du ciel pour
regarder la ville endormie. Il savait que Florence ne voulait plus de Fiora
Beltrami mais il n’avait pas le courage de le lui dire...
     

 
CHAPITRE XI « AVANT QUE
J’ATTEIGNE À LA RIVE ESPÉRÉE... »
     
     
     
    Le
bruit, parti du fleuve où les mariniers s’affairaient, fila par les rues et les
places, atteignit d’abord la milice que l’on avait tout de suite appelée, le
Bargello et la Seigneurie puis tout le reste de la ville à la façon d’un
brandon lancé dans une botte de paille : un pêcheur avait retiré de l’Arno
le corps de Pietro Pazzi, poignardé entre les deux épaules...
    Esteban,
descendu faire le marché comme il le faisait trois fois la semaine au Mercato
Vecchio, l’entendit alors qu’il achetait des fromages, le retrouva chez la
marchande de volailles et en eut les oreilles emplies quand il atteignit l’étal
du boucher mais avec des variantes car la fête aux « on-dit » était
lancée. Chacun prétendait en savoir plus que son voisin et les versions les
plus fantaisistes commençaient à circuler...
    Esteban
n’aimait pas les bavardages. Là-bas, en Castille, ils avaient causé la mort de
sa mère accusée par un voisin d’avoir empoisonné l’eau de son puits et d’avoir
noué l’aiguillette de son fils. Bien que bonne chrétienne, la vieille femme
avait été conduite au bûcher et son fils, désespéré, avait donné tout ce qu’il
avait d’argent au bourreau pour qu’il l’étranglât avant les flammes. Ensuite il
avait tué le voisin, son fils, et mis le feu à leur ferme. Démétrios Lascaris
qui venait d’arriver dans le pays, l’avait emmené avec lui juste avant qu’on ne
vînt l’arrêter, lui sauvant ainsi la vie et s’attirant à tout jamais son
dévouement et sa reconnaissance...
    Non,
Esteban n’aimait pas les commérages. Il les haïssait presque autant que les
prêtres qui, de compte à demi avec l’alcade du pays, avaient
condamné sa mère parce que l’accusateur était riche et elle pauvre... Le
service du médecin grec, philosophe, astrologue et magicien lui convenait tout
à fait car, en dehors de menues besognes quotidiennes, il y trouvait une
certaine forme de liberté : jamais Démétrios ne lui avait reproché d’aimer
le vin et les filles et il les aimait autant que le combat, les armes et la
guerre qui avaient été sa vie depuis l’âge de douze ans...
    Décidé
à obtenir des informations aussi claires que possible, il confia sa mule déjà
chargée à l’auberge de la Croce di Malta où on le connaissait et se dirigea
vers le palais de la Seigneurie et son complément, la loggia dei Priori, où l’on
était toujours certain de trouver trois ou quatre notables en train de
discuter. Cela lui permit de voir arriver le vieux Jacopo Pazzi qui occupait
alors sa demeure florentine et qui entra en tempête, chargeant comme un taureau
furieux, dans le vieux palais. Il en ressortit un moment plus tard, escorté du
Bargello et d’une escouade de gardes. Un frémissement courut alors sur la place :
le patriarche était-il arrêté ? Mais ce ne fut qu’un instant. La troupe se
dirigea vers le Ponte Vecchio. Esteban suivit avec la petite foule qui s’était
aussitôt formée. Cela lui permit d’assister à l’arrestation de la Virago et de
son frère. Pippa fournit une défense si vigoureuse qu’il fallut cinq hommes
pour en venir à bout. On l’emmena finalement vers les Stinche, la prison de la
ville, vociférant et hurlant des imprécations et des injures auxquelles les
assistants se hâtèrent de répondre car, même lorsqu’ils ignoraient de quoi il
était question, les Florentins ne laissaient jamais passer une occasion de se
faire entendre et de manifester. Quand on emmenait quelqu’un en prison, on
pouvait toujours crier « A mort ! » à tout hasard avec une chance de
ne se tromper qu’une fois sur deux.
    Beaucoup
plus froid, Esteban jugea qu’il en avait assez vu et qu’il était grand temps
pour lui d’aller prévenir son maître de ce qui se passait, d’autant que le
cortège de Pippa, en refranchissant le pont, s’était augmenté d’une unité :
fray Ignacio qui rejoignait le vieux Pazzi et se mit à son pas en lui parlant
avec volubilité. Or, le Castillan avait détesté d’instinct son compatriote qu’il
jugeait faux, cruel et perfide, ce en
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