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Fiora et le Magnifique

Fiora et le Magnifique

Titel: Fiora et le Magnifique
Autoren: Juliette Benzoni
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voisines et l’épaisse voûte de pierre où veillaient des soldats
frigorifiés, il eut soudain l’impression qu’un voile de brume tombait sur lui
et éteignait sa joie. Sans qu’il sût pourquoi son cœur se serra comme à l’approche
d’une menace. Peut-être parce que la ville n’offrait pas son aspect habituel...
    Devant
lui, la placette où s’élargissait la rue Porte-d’Ouche était déserte. Les
boutiques étaient fermées ou en train de fermer et les rares passants filaient
en courbant le dos, les mains au chaud sous leurs vêtements comme s’ils étaient
poursuivis. Ils allaient tous dans la même direction et, à entendre la rumeur
qui semblait venir du cœur de la ville, ils allaient rejoindre quelque
rassemblement. Et puis, tout à coup, il y eut le glas... Les notes funèbres
tombaient lentement du haut clocher de l’église Saint-Jean qui était la plus
proche de la porte.
    Intrigué,
Francesco s’approcha de l’un des archers de garde et toucha légèrement son
bonnet garni de martre :
    – Puis-je
demander ce qui se passe céans, mon ami ? Où vont tous ces gens ? Y
aurait-il une émeute ?
    Relevant,
de son gantelet, son chapeau de fer, l’homme considéra un instant ce voyageur à
l’élégance cossue.
    – Si
c’était une émeute, on entendrait le tocsin, fit-il sans politesse excessive.
Ça, c’est le glas !
    – Je
sais reconnaître un glas et vous ne répondez pas à ma question ? Est-ce
que quelqu’un est mort ?
    – Pas
encore mais ça ne va pas tarder. Il y a exécution au Morimont, près d’ici. C’est
là qu’ils vont tous et vous feriez bien de vous dépêcher si vous ne voulez pas
manquer le spectacle...
    – Je
n’aime pas à voir mourir. Je voudrais seulement gagner l’hôtellerie de la Croix
d’Or le plus vite possible...
    – Le
chemin le plus court c’est par le Morimont. Sinon il faut ressortir et faire le
tour de la moitié des remparts pour entrer par la porte Guillaume. Si j’étais
vous, je choisirais la droite ligne. Ce n’est pas une exécution comme les
autres qui se prépare. Maître Arny Signart, le bourreau, va accommoder des gens
de la noblesse : le frère et la sœur. Paraît qu’ils couchaient ensemble et
que la fille est belle comme tous les anges, ajouta le soldat avec un soupir
qui traduisait bien son regret de manquer ce qu’il appelait le spectacle.
    Bertrami
tira de son escarcelle une piécette que l’homme attrapa au vol avec une grimace
de satisfaction tandis que le Florentin appelait du geste Marino, son chef
muletier, qui le secondait toujours dans ses voyages.
    – Que
faisons-nous ?
    – Il
vaut mieux aller de l’avant, ser Francesco. Avec nos bêtes nous arriverons bien
à passer et, de toute façon, nous irons plus vite qu’en faisant le tour.
    – Tu
as sans doute raison. Allons donc ! Quelques instants plus tard, la petite
troupe atteignait l’angle sud-ouest du vaste espace rectangulaire où s’élevait
le bel hôtel des abbés du Morimont et qui était le lieu rituel des exécutions
dijonnaises.
    A
plusieurs reprises déjà, Francesco avait franchi cette place, habituellement
vide, à l’exception du sinistre appareil qui en tenait le milieu : une
longue plate-forme de bois et de maçonnerie élevée de deux mètres au-dessus du
sol qui supportait à un bout une potence, à l’autre une roue et, au centre,
dominé par une haute croix de pierre, le billot destiné aux décapitations.
Mais, ce jour-là, une marée humaine, difficilement contenue par les pertuisanes
que les soldats de garde maintenaient horizontales, s’efforçait de venir battre
les piliers de l’échafaud. Il y avait du monde à toutes les fenêtres, sur les
toits, cependant glissants, des quelques maisons, sur le moulin des Carmes et,
naturellement, sur les montoirs à chevaux de l’hôtel des abbés de Morimont dont
le titulaire, absent, se trouvait alors dans son abbaye, l’une des plus
puissantes du diocèse de Langres.
    Le
glas battait toujours ses notes funèbres et quand le Florentin, peu intéressé
par le spectacle, tenta de pousser sa mule dans la foule pour continuer son
chemin, il rencontra une résistance hargneuse qu’une commère traduisit par
quelques injures choisies, jointes à l’injonction d’avoir à se tenir tranquille
jusqu’à ce que tout soit terminé...
    – Mais
je n’en ai que faire de votre exécution ! s’écria Beltrami avec
impatience. Je veux seulement passer mon chemin. Faites-moi
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