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Fiora et le Magnifique

Fiora et le Magnifique

Titel: Fiora et le Magnifique
Autoren: Juliette Benzoni
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place !
    – Même
si on le voulait, on ne pourrait pas. Voilà les condamnés qui arrivent. Alors
tiens-toi tranquille, mon joli et laisse-nous regarder !
    Une
sorte d’énorme soupir s’échappa de toutes les poitrines quand apparut le
tombereau autour duquel les lances des soldats formaient comme une grille. Tous
les cous se tendirent mais, au lieu des vociférations qui accompagnaient
habituellement l’apparition des condamnés, un profond silence se fit. On n’entendit
plus que la cloche et le grincement des roues du sinistre attelage. La femme
qui avait injurié Francesco se signa lentement et murmura d’une voix étranglée
d’émotion :
    – Pauvre
Sainte Vierge ! Comme ils sont jeunes ! ... Comme ils sont beaux !
...
    Pétrifié,
les yeux agrandis et la gorge soudain séchée, Francesco regardait les deux
jeunes gens s’avancer vers la mort. Ils étaient bien jeunes, en effet : le
garçon n’avait guère plus de vingt ans et sa compagne devait en avoir dix-sept
ou dix-huit. Ils se ressemblaient d’une façon frappante, aussi frappante que
leur extraordinaire beauté. Mêmes visages aux traits purs, mêmes yeux gris,
même distinction et même courage car tous deux regardaient fermement le grand
échafaud couvert de drap noir où les attendaient le bourreau et ses aides.
Seuls leurs cheveux les différenciaient car lui était aussi brun qu’elle était
blonde. Il n’était jusqu’à leurs vêtements, très élégants qui ne s’appariassent :
tous deux étaient vêtus de velours gris clair brodé d’or. Lui était tête nue
mais un petit hennin court ennuagé de dentelle couronnait la jeune fille et lui
donnait l’air d’une fiancée marchant à l’autel. On ne les avait pas enchaînés et
ils se tenaient par la main. Jamais on n’eût dit deux condamnés tant ils
semblaient marcher à leur triomphe. Derrière eux, un vieux prêtre pleurait sur
ses mains jointes.
    Francesco
se souvint alors de ce qu’avait dit le soldat, à sa manière grossière : ces
deux enfants étaient frère et sœur... et ils s’aimaient. C’était sans doute cet
inceste qu’ils allaient payer de leurs vies... Comme c’était étrange ! Et
plus étrange encore l’attitude de cette foule qui ne criait pas, ne disait rien
mais où plus d’une femme, plus d’un homme pleuraient... Une plainte jaillit,
tout à coup :
    – Grâce !
Grâce pour leur jeunesse ! ...
    D’autres
voix s’élevèrent, nombreuses, et parmi elles il y eut celle du voyageur.
Francesco se retrouvait partie intégrante de cette foule désolée avec, en
outre, l’impression effrayante que sa vie, à lui, était liée à celle de cette
adorable femme et que rien, en cet instant, n’importait plus que l’arracher à
ce qui l’attendait... Une trompette sonna puis le prévôt qui accompagnait les
condamnés cria, du haut de son cheval :
    – Pas
de grâce ! Monseigneur le duc a ordonné la mort !
    La
foule gronda et Francesco eut un espoir. Celui de voir tous ces gens se lancer
à l’assaut de l’échafaud pour lui arracher ses victimes mais déjà le grondement
décroissait, devenait murmure puis silence consterné. Le vieux duc Philippe,
surnommé cependant le Bon, et qui tant aimait les femmes pouvait avoir la main
lourde. Nul, ici, ne l’ignorait...
    Déjà
la jeune fille montait seule, courageusement, vers le bourreau masqué qui l’attendait,
relevant un peu sa longue jupe d’un geste joli et refusant courtoisement l’aide
de l’exécuteur dont la main tremblait un peu. Parvenue en haut, elle prit une
longue respiration, se signa et regarda un instant le ciel où un timide rayon
de soleil s’efforçait de percer. Puis elle sourit à la foule et ôta sa coiffure
qu’elle laissa tomber. Enfin, elle s’agenouilla, écarta elle-même ses boucles
brillantes et posa son cou frêle sur le bloc de bois grossier. En bas, d’un
geste paternel, le prêtre avait saisi le jeune homme dans ses bras et lui
cachait le visage contre son épaule. La foule retint son souffle.
    Mais
on eut à peine le temps de voir luire l’acier de la lourde épée brandie à deux
mains. Tout était fini. Les valets du bourreau s’empressaient déjà de faire
place pour l’autre victime. Maladroit, sans doute, ou trop ému, l’un d’eux, en
écartant le corps de la jeune fille, releva sa jupe jusqu’aux genoux laissant
voir des bas de soie rouge. La foule gronda, indignée. Maître Arny Signart, le
bourreau, bondit. A toute volée, il
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